Economie : en danger, la filière photovoltaïque sonne la révolte

Le gouvernement s’apprête à lancer un moratoire sur le développement des installations d’énergie solaire en France. Les acteurs locaux dénoncent un projet qui met en péril leur activité.

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Le ciel s’est brusquement assombri pour les acteurs du solaire… Ce gros nuage noir, qui a pris de court toute la profession, a été formé par Marc Ferracci, le ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie. Ce- lui-ci souhaite restructurer l’ensemble de la filière photovoltaïque avec une série de mesures qui risquent d’impacter négativement de nombreuses entreprises ainsi que leurs clients. Au niveau national, les principaux syndicats de professionnels dénoncent ce projet jugé mortifère. En Lot-et-Garonne aussi, la grogne monte. Petites et moyennes centrales ciblées Un collectif s’est créé autour de plusieurs établissements privés, de la SEM Avergies, d’organisations du BTP pour défendre les nombreux emplois qui se retrouvent aujourd’hui menacés par ce possible nouveau cadre réglementaire. Dans une lettre ouverte, les signataires s’insurgent contre la « mise en péril d’un pan essentiel de notre transition énergétique ». L’arrêté transmis par le ministre au Conseil supérieur de l’énergie (CSE) prévoit notamment de baisser drastique- ment le tarif d’achat de l’électricité et de réduire l’ensemble des aides aux installations inférieures à 500 kWc. Ces petites et moyennes centrales sont « les mieux acceptées et les plus faciles à développer sur les toitures, les parkings, les hangars, au bénéfice des agriculteurs, des entreprises et des particuliers », avance le collectif lot-et-garonnais. « Prenons le cas des agriculteurs qui feront assurément partie des grands perdants dans cette histoire. Le photovoltaïque est un bon moyen pour eux de financer des bâtiments utiles à leur activité. Certains ont déjà financé les hangars métalliques mais ne pourront jamais les rentabiliser si ce projet va au bout. Tous les autres qui envisageaient ce type d’investissement risquent d’y renoncer si la rentabilité financière n’est plus garantie. Ce qui était jusque-là pour le monde paysan un moyen bienvenu de diversifier ses revenus pourrait disparaître », explique un entrepreneur local. Même les collectivités territoriales, qui « solarisent » de plus en plus leurs infrastructures, souvent via la SEM Avergies, ne seront pas épargnées.

Une « incohérence alarmante »

Les ouvrages ciblés représenteraient environ 100 M€ de commandes annuelles dans le département. « Le gouvernement met en péril ces initiatives, bloque les investissements et menace directement des emplois qualifiés et non délocalisables ». Ce qui inquiète d’autant plus les acteurs, c’est que cette situation n’est pas une première. « Nous avons déjà connu cette catastrophe en 2010 avec un moratoire qui a détruit près de 20 000 emplois dans la filière photovoltaïque. Allons-nous répéter les mêmes erreurs ? », questionne le collectif. À l’époque, après avoir subventionné le photovoltaïque avec des prix de rachat exceptionnellement élevés de l’électricité, l’État avait soudainement coupé le robinet, suscitant de fait une véritable purge sur le marché. La filière a mis beaucoup de temps à se reconstituer sur des bases saines et ne veut donc pas subir un nouveau séisme jugé évitable. La profession doit à nouveau rencontrer les décideurs publics dans les prochains jours pour faire entendre ses revendications et annonce déjà être prête à engager un bras de fer pour mettre fin à cette « incohérence alarmante ». En effet, en même temps qu’elle annonce ces mesures freinant le solaire, la France continue de prôner un mix énergétique décarboné pour attirer des industries énergivores comme les data-centers et répondre à la demande croissante en électricité.

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