Elections municipales 2026 : les dilemmes de la majorité villeneuvoise

Avec Guillaume Lepers au Palais Bourbon et le départ annoncé de son lieutenant-successeur Gérard Régnier, les choix de campagne s’annoncent plus difficiles que prévu.

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Vu de l’extérieur, on serait tenté de penser que tout roule pour l’équipe de Guillaume Lepers. Ce cadre de la droite lot-et-garonnaise enchaîne les succès électoraux depuis plusieurs années : par deux fois sur son canton lors des départementales (2015 et 2021), aux dernières municipales mettant fin à deux décennies de domination de la gauche socialiste et enfin plus récemment aux législatives en renversant le puissant Rassemblement national. Cette dynamique devrait logiquement le mettre en très bonne posture pour le scrutin de 2026. Un petit grain de sable dans les rouages pourrait néanmoins enrayer la machine. Et celui-ci s’appelle le non-cumul des mandats. On ne peut être à la fois parlementaire et premier édile de sa commune. Il faut trancher. En 2024, après la dissolution, Guillaume Lepers avait laissé son fauteuil de maire (et celui de président de l’Agglo) au profit d’un siège sur les bancs de l’Assemblée nationale. Le choix n’était pas si difficile puisqu’il pouvait compter sur un lieutenant expérimenté et respecté pour lui succéder en la personne de Gérard Régnier. Ce dernier, estimant ne plus avoir l’âge de briguer un autre mandat, a déjà annoncé sa retraite politique. À un peu plus d’un an de l’échéance, lançons-nous dans un exercice de politique fiction pour identifier plusieurs scénarios de campagne envisageables, chaque piste ayant ses avantages et ses inconvénients.

Scénario 1 //  Guillaume Lepers souhaite revenir à l’Hôtel de ville

Cette première hypothèse verrait l’actuel député de la troisième circonscription de Lot-et-Garonne repartir en campagne en tant que tête de liste. Celui qui a été élu assez nettement en 2020 défendrait son bilan municipal tout à fait normalement. Il serait alors le favori de l’élection. En cas de victoire, il abandonnerait alors de son propre chef son siège au Palais Bourbon au bout de deux ans à peine. Cela signifierait probablement qu’il ne se représenterait pas aux législatives de 2027 afin de maintenir une certaine cohérence politique. Si le camp des Républicains n’est pas majoritaire en France aujourd’hui, rien ne dit qu’il ne le sera pas demain avec la fin de règne d’Emmanuel Macron. Proche de certaines figures montantes de son mouvement, il ne serait pas surprenant de voir Guillaume Lepers grimper quelques échelons. Difficile donc de l’imaginer renoncer à son mandat de député.

Scénario 2 // Guillaume Lepers désigne un nouveau successeur

Si Gérard Régnier est un maire officiel, ce n’est un secret pour personne que Guillaume Lepers est un maire officieux. Les projets menés en cette fin de mandat sont les siens et il suit de près tous les dossiers. Il en sera de même en 2026. Avec la retraite politique de Gérard Régnier, il faudra trouver un nouveau représentant pour cette équipe. Le nom de Xavier Clerc, actuel premier adjoint, circule beaucoup. Ce professionnel de santé est apprécié mais manque de notoriété. Être élu par son conseil municipal est une chose, obtenir une majorité de suffrages auprès des électeurs en est une autre. Il faut pour cela mener campagne et c’est loin d’être un exercice facile car il faut incarner la fonction aux yeux des citoyens. Chez les proches de l’équipe Lepers, certains s’interrogent sur la pertinence d’une liste menée par Xavier Clerc qu’ils jugent un peu trop effacé. Patricia Suppi pourrait également prétendre à ce poste. Mais quoi qu’il arrive, aucun profil ne se détache comme une évidence à ce jour. Cela pourrait rendre le vote beaucoup plus indécis.

Xavier Clerc pourrait être désigné comme l’homme providentiel
Scénario 3 // Guillaume Lepers mène la liste mais laisse un de ses colistiers devenir maire

La loi est claire : le maire est élu par le conseil municipal en son sein. Rien ne l’oblige à figurer en première place de sa liste. Il est donc tout à fait possible pour Guillaume Lepers de se mettre en avant pendant la campagne et de figurer sur les affiches sans pour autant renoncer à son mandat de député. Si sa liste est élue, il lui suffira alors de laisser un de ses colistiers se présenter à sa place et l’affaire sera entendue. Ce scénario paraît être un bon compromis. Il permettrait à la majorité sortante de s’appuyer sur une figure de proue incontournable dans le paysage politique local sans renoncer à une représentation nationale. Seulement voilà, une partie de l’électorat pourrait se sentir flouée de voter pour un candidat et se retrouver avec un maire différent, qui ne correspondrait pas forcément à ses attentes. Dans le cas où Guillaume Lepers partagerait l’affiche avec un de ses lieutenants, il y aurait à coup sûr plus de transparence dans la stratégie. Mais les électeurs ne risqueraient-ils pas de voir en leur nouveau maire un simple pion du député ?

Scénario 4 // Une nouvelle dissolution intervient avant les municipales 

Cette piste paraît hautement improbable mais sait-on jamais… Si l’instabilité à l’Assemblée venait à s’accentuer, empêchant tout gouvernement de fonctionner, le Président de la République pourrait à nouveau dissoudre. Dans ce cas, rien ne garantit que les résultats dans la circonscription seraient les mêmes qu’en 2022. Une défaite, aussi dure à encaisser soit-elle, aurait au moins le mérite de clarifier la situation pour Guillaume Lepers en vue des municipales.

BONUS // Un retour en 2027 ?

Imaginons un instant que le scénario 2 ou 3 se réalise et aboutisse sur une victoire de la droite républicaine villeneuvoise en 2026. Guillaume Lepers a bien l’un de ses lieutenants à l’Hôtel de ville, la continuité de l’action municipale se poursuit, tout comme le travail à l’Assemblée. Seulement voilà, une chose semble certaine : en 2027, le futur Président (ou Présidente) de la République procèdera à dissolution sans délai, profitant de sa dynamique pour tenter d’obtenir une majorité parlementaire. En fonction de la couleur politique du nouveau pensionnaire de l’Élysée, Guillaume Lepers pourrait ne pas avoir toutes les cartes en main pour être réélu. S’il est défait lors de ces nouvelles législatives, il y a fort à parier que le nouveau maire de Villeneuve démissionne pour laisser place à son prédécesseur qui aura pris le soin de rester conseiller municipal. À moins que l’unité explose dans ce groupe…

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