Agriculture : après la journée de l’élevage, le point sur un métier aux réalités contrastées

Le « salon de l’agriculture lot-et-garonnais » s’est tenu samedi 14 juin au lycée agricole de Sainte-Livrade, projetant la lumière sur la profession d’éleveur si particulière.

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Une grande fête populaire //

Si le calendrier évènementiel de la Chambre d’agriculture de Lot-etGaronne a connu quelques ajustements, il est bien un rendez-vous qui demeure : la journée de l’élevage. Les premières éditions remontent au début des années 80 et leur succès ne se dément pas, avec même un regain populaire palpable ces dernières années. Le cru 2025 s’est tenu ce samedi 14 juin du côté de Sainte-Livrade. Quelques milliers de visiteurs, des dizaines d’exploitants, 180 bêtes, des animations insolites comme la course de tracteurs miniatures, les incontournables concours… Tous les ingrédients étaient réunis pour un beau moment de liesse, parfaitement complété par les deux marchés de Producteurs de pays, midi et soir, et les spectacles. Le cocktail idéal pour que les professionnels puissent partager leur quotidien et leurs valeurs avec le grand public. « C’est en quelque sorte notre salon de l’agriculture à nous, la rencontre entre les citadins et les ruraux. On montre la face merveilleuse de l’élevage. C’est aussi un témoignage d’amour profond pour les bêtes. Ce ne sont certes pas des animaux d’ornement mais ce n’est pas non plus une rente sur pattes, comme certains aiment le faire croire », note Patrick Franken, le président consulaire.

L’Agrocampus, un lieu symbolique //

Pour cette édition 2025, le lycée Étienne-Restat de Sainte-Livrade a été choisi, après un premier passage il y a douze ans. Pilier de l’Agrocampus 47, l’organisme de formation de référence en matière d’agriculture, cet établissement n’est pas tout à fait un lieu d’accueil comme les autres. Il revêt une dimension symbolique forte. D’une part, il ravive quelques souvenirs à certains puisqu’un nombre conséquent d’exploitants, ou certains de leurs proches, sont en effet passés par ces bancs. « L’Agrocampus et le monde agricole ont un lien très étroit, encore plus aujourd’hui avec l’enjeu du renouvellement des générations. Les fermes n’ont pas toujours une vision claire de l’avenir et c’est une chance d’avoir des jeunes susceptibles de prendre la suite », assure Philippe Netto, le directeur du centre de formation des apprentis. « Comme ce moment de découverte s’adresse également aux plus jeunes, allez savoir si ça peut faire naître des vocations », complète Patrick Franken.

Une pénurie qui améliore la rentabilité //

Les contraintes sanitaires qui pèsent sur les élevages depuis plusieurs années, avec des maladies qui n’ont épargné aucune filière, doublées d’une situation financière dégradée pour de nombreuses exploitations ont eu des conséquences sur le cheptel. Le nombre de têtes a considérablement diminué. Comme dans tout marché économique, si l’offre baisse, la demande augmente. « Le phénomène de pénurie a provoqué une montée des prix qui n’ont jamais été aussi hauts pour les agriculteurs », avance Cindy Marchesan, technicienne spécialisée à la Chambre d’agriculture. Le Lot-et-Garonne, qui parvient malgré tout à produire plus que la demande locale en viande bovine, peut même se permettre le luxe d’exporter, profitant de cet effet d’aubaine. Même la filière lait rémunère bien mieux que par le passé. La situation n’est pas du tout la même pour la volaille. « Le marché qualitatif, avec le Label Rouge par exemple, s’effondre complètement. On revient à des produits plus standards, ce qui ne favorise pas nos éleveurs », déplore Patrick Franken.

Un métier contraignant qui peine à séduire //

« Si on veut que des jeunes trouvent le milieu attractif, il faut que le modèle soit acceptable, en termes de conditions de vie et de finances », résume Philippe Netto, directeur du CFAA de l’Agrocampus 47. Malheureusement, être éleveur, c’est un boulot à temps plein, 365 jours par an. Une gageure synonyme de découragement. « Les jeunes ne veulent plus de ces contraintes et l’absence de vie sociale, confirme Patrick Franken. C’est là que l’on voit la limite de l’élevage familial. Ce modèle peut causer la mort de l’agriculture. Les exploitations plus industrielles, le mot n’est pas tabou même si on est bien loin de la ferme des 1000 vaches, permettent d’embaucher du personnel, d’organiser des astreintes, d’avoir plus de personnel. » À une époque où l’entraide paysanne devient plus rare, selon les responsables de la chambre, la solution est peut-être là. « L’ambiance générale dans le débat public est à la déproduction, soi-disant pour plus de qualité. Mais un agriculteur doit produire suffisamment pour vivre. C’est aussi de la souveraineté alimentaire. Tout ce qu’on ne produira pas ici viendra d’ailleurs… », philosophe Patrick Franken.

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