Que retenir de la visite de la ministre Catherine Vautrin chez UPSA ?

La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles s'est rendue jeudi 19 juin à Agen et a notamment rencontré le personnel de l'usine pharmaceutique lot-et-garonnaise.

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Jacques Chaban-Delmas en 1972 et Jean Castex en 2021… Les visites ministérielles chez UPSA se comptent sur les doigts d’une main. La venue de Catherine Vautrin, en charge du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles au sein du gouvernement, revêtait donc un caractère exceptionnel. Ce jeudi 19 juin, la ministre a été accueillie en grande pompe par Isabelle Van Rycke, PDG de l’entreprise pharmaceutique, ainsi qu’un parterre d’élus locaux et parlementaires. La visite au sein des installations industrielles s’est poursuivie par un temps d’échange avec une partie du personnel. Pour rappel, UPSA est le premier employeur privé du Lot-et-Garonne avec près de 1400 collaborateurs sur les deux sites de l’agglo agenaise, sur un total de 1800 salariés. Il s’agit d’un des moteurs essentiels de l’économie locale.

« Derrière ce trèfle qui nous unit (ndlr, le trèfle à quatre feuilles est le logo d’UPSA), il y a le choix du fabriqué en France. 100% de nos médicaments sont produits à Agen, idem pour nos investissements. Nous avons recruté 300 personnes en 3 ans, nous payons 92% de nos impôts en France et nous exportons dans une soixantaine de pays », rappelle Isabelle Van Rycke en s’adressant à Catherine Vautrin. « Ce choix n’est pas un hasard. Nous voulons être une entreprise souveraine avec le souci d’améliorer l’accès des patients à des traitements essentiels dans leur quotidien, et de renforcer leur confiance. C’est le modèle d’une institution fidèle à ses racines et tournée vers l’avenir, pour faire d’Agen le futur de la santé française », poursuit la dirigeante. 

Une compétitivité conditionnée par l’État

Toutefois, la compétitivité d’UPSA ne dépend pas seulement de ses performances industrielles et de sa gestion financière. L’État joue un rôle, notamment en fixant les modalités de remboursement de certains médicaments par la Sécurité sociale. La question du paracétamol, antalgique le plus consommé en France, est absolument centrale pour la société lot-et-garonnaise puisqu’elle constitue le cœur de ses produits-stars, le Dafalgan et l’Efferalgan. « Il faut veiller à préserver un certain équilibre économique, souligne David Bottaro, délégué syndical Force ouvrière. Tout le monde vante les vertus du made in France. Mais cela a un coût, et pas seulement  pour la rémunération des travailleurs. La règle du pollueur-payeur nous impacte. Nous avons une station d’épuration pour le traitement des eaux, des filtres pour les rejets dans l’atmosphère, nous faisons beaucoup d’efforts sur l’écologie avec des investissements conséquents… À côté de ça, nous faisons face à la concurrence des génériqueurs. C’est facile de taper sur les labos pharmaceutiques, de parler de lobbying. Une entreprise comme la nôtre doit pouvoir dégager des bénéfices et donc s’appuyer sur des marges intéressantes. Il ne faut pas que l’État nous rende la tâche plus difficile en baissant les niveaux de remboursement. » Un chiffre illustre cette inquiétude : le prix d’une boîte de paracétamol qui est passée de 92 centimes en bout de chaîne à 72 centimes. « Nous souhaitons au moins que ces prix se maintiennent. Ce serait une façon de récompenser ceux qui jouent le jeu. »

Faciliter la vie d’UPSA sans oublier les économies

Cette revendication, qui n’est pas uniquement syndicale, a été entendue par Catherine Vautrin. La ministre a salué « une entreprise qui contribue de manière exceptionnelle », par son taux d’emploi, son approche territoriale et son apport en matière de souveraineté sanitaire. « Notre rôle au gouvernement est de faciliter la manière dont elle fonctionne dans le pays », assure Catherine Vautrin. Elle a cependant nuancé en rappelant ses objectif de résorber le déficit de la Sécu en-dessous des 22 Mds€ et, plus généralement, les nécessaires efforts financiers de l’État. « Nous devons trouver le juste prix. » Pas de grande annonce mais une prise de conscience de ce que peut représenter UPSA à l’échelle locale comme nationale. Après son départ, Isabelle Van Rycke a repris la parole devant ses salariés : « Aucune visite ministérielle n’est neutre. Ce sont des petites pierres que l’on sème pour faire un chemin plus fort. Cela permet de faire passer des messages. » Les collaborateurs attendent maintenant « des actes concrets ». 

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