Politique à Villeneuve : débat d’orientations budgétaires : bon père de famille ou pas ?

Pour la toute dernière fois avant les élections municipales qui permettront à une nouvelle équipe, issue ou non de la majorité actuelle, de prendre les commandes des finances, l'hémicycle villeneuvois a débattu des prochaines orientations budgétaires 2026.

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Le marronnier annuel du DOB (débat d’orientations budgétaires) prend une tournure toute particulière à la veille d’une échéance électorale, et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit cette fois des municipales. En mars prochain, les Villeneuvois seront appelés aux urnes pour choisir celles et ceux qui les représenteront pour les six années à venir. La majorité sortante veut ainsi défendre un bilan à son avantage tandis que les oppositions préparent leurs estocades sur ce sujet si sensible des gros sous. Le DOB reste un exercice technique avec une avalanche d’indicateurs financiers pas toujours simples à appréhender. Si on ne peut pas faire dire ce que l’on veut aux chiffres, plusieurs interprétations sont possibles vis-à-vis des arbitrages politiques.

La gauche volubile, l’union des droites silencieuse

Si l’union des droites, incarnée au conseil municipal par Freddy Gueudin, est restée relativement silencieuse, la gauche villeneuvoise emmenée par l’avocat Thomas Bouyssonnie s’est fait entendre lors de cette session du lundi 20 octobre. L’objet des échanges, toujours courtois, se résume à cette simple question : l’équipe Lepers-Régnier peut-elle se targuer d’avoir assuré « une gestion en bon père de famille » ? L’expression a été utilisée à maintes reprises avec, sans grande surprise, des réponses divergentes.

« On remarque une forme de relâchement dans la gestion des affaires de la ville. On sent une attitude assez détendue. Pourquoi ? Vous avez bénéficié d’une manne fiscale assez exceptionnelle avec l’inflation des bases foncières, à laquelle vous ne pouviez certes rien. Mais vous n’avez pas profité de cette augmentation exponentielle des recettes pour mener une gestion plus rigoureuse des dépenses et se doter de marges de manœuvre plus importantes », commente Thomas Bouyssonnie, après la présentation détaillée de Sylvie Fourès, adjointe aux finances. Il illustre son point de vue avec un exemple : l’augmentation significative des effectifs, passés de « 427 ETP (ndlr équivalents temps plein) à 447 ». Thomas Bouyssonnie s’étonne également de l’explosion des investissements en fin de mandat, suivant une courbe bien plus verticale que d’ordinaire.

Il s’inquiète par ailleurs des hypothèses optimistes de la majorité pour les années à venir, sans tenir compte des potentielles ponctions de l’État dans les caisses des collectivités. « On retrouve des finances sous tension avec des capacités de désendettement diminuées. Je ne suis pas sûr que l’objectif d’une épargne à 4% soit tenable. »

La majorité assume

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas le maire qui a répondu le plus longuement mais le député. Et pour cause, ce DOB ne se concentrait pas uniquement sur l’exercice à venir mais sur la dynamique de l’ensemble du mandat. Ex-maire et possible candidat, Guillaume Lepers était donc particulièrement en jambes pour répondre aux différents arguments. Il explique avoir tout fait pour ne pas empirer ce que son adversaire dépeint comme un « ras-le-bol fiscal » en ne touchant pas aux taux communaux. Si Thomas Bouyssonnie dit « encore heureux », Guillaume Lepers n’a pas manqué de rappeler les précédentes augmentations du Département et de l’ère Cahuzac. Et le parlementaire d’enchaîner : « Sur les investissements, on a heureusement pris de bonnes décisions pour freiner les conséquences de la crise énergétique et de la flambée des matériaux. On a parfois fait exprès de décaler des chantiers pour ne pas les payer 20 à 30% plus cher. Pour d’autres, on a aussi attendu parce qu’on estimait qu’ils n’étaient pas assez subventionnés. C’est justement ça agir en bon père de famille. Quant à la masse salariale, Guillaume Lepers assume. « Quand on double les effectifs de police municipale, quand on renforce les ASVP, quand on met des jeunes pour faire de la prévention, du monde dans les écoles pour accueillir les familles, on ne peut pas dire que le service public ne s’améliore pas. » Sylvie Fourès enfonce le clou. « On n’a pas à rougir de notre fin de mandat. Je pense qu’il y en aura encore dans les caisses et que la prochaine municipalité pourra engager des projets. Peut-être pas à la hauteur de ce que nous avons fait car, en effet, nous ne savons pas de quoi sera fait demain. Mais avec l’enveloppe de 7,5 M€ dans le plan annuel et le plan pluriannuel d’investissement, il y a encore de quoi faire », conclut l’adjointe.

Le DOB en chiffres //


2023202420252026
Epargne brute4,7 M€ (14,4%)4,5 M€ (12,5%)4,2 M€ (11,6%)4 M€ (11,1%)
Investissements7,1 M€12,9 M€20,6 M€7,5 M€
Encours de dette19,6 M€22,3 M€31,6 M€32 M€
Capacité de désendettement4,2 ans5 ans7,6 ans7,9 ans






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