
La nuit du 15 au 16 décembre restera gravée dans la mémoire des habitants de la résidence Donnefort, à Agen. Lundi soir, l’immeuble à proximité de l’avenue Léon-Blum a été le théâtre d’un événement exceptionnel. Un homme s’est retranché dans son appartement, retenant une connaissance en otage et menaçant de faire exploser le logement. Alertés par des voisins inquiets, les policiers du commissariat d’Agen se rendent sur place. Mais très vite, la situation a dépassé le cadre d’une simple intervention. Le suspect proférait des menaces de mort, annonçait posséder le matériel pour faire sauter l’immeuble et refuse tout contact. Face à l’impasse, l’antenne toulousaine du RAID a été mobilisée pour mener l’assaut.
L’opération, qui a duré plusieurs minutes (après une attente de cinq heures), a permis de sortir la victime saine et sauve mais profondément choquée, tandis que le forcené a été interpellé sans blessure. Dans l’appartement, les enquêteurs ont découvert deux bouteilles de gaz et de l’ammoniaque répandue au sol.
Le récit du forcené et ses motivations

L’homme de 38 ans, né en région parisienne, suivi pour des troubles psychiatriques et régulièrement hospitalisé, a livré ses explications lors de ses auditions. Selon ses déclarations, il aurait eu un différend avec la victime, un ancien codétenu, et a voulu « être pris au sérieux » en le séquestrant et en proférant des menaces. « Il a reconnu lui avoir donné plusieurs gifles et expliqué qu’il voulait montrer de quoi il était capable », précise le procureur de la République d’Agen, Olivier Naboulet. « Les habitants du quartier connaissent bien cet homme, arrivé dans l’immeuble via le dispositif « Dalo » et souvent à l’origine de troubles de voisinage. » Musique à plein volume, insultes, incendie sur le balcon… Les plaintes s’accumulent depuis plusieurs mois. Malgré ses séjours à l’hôpital, son comportement ne s’est jamais réellement apaisé. « On ne pouvait pas l’expulser facilement, il y a la trêve hivernale, et ce type de dossier nécessite des rapports de police et des garanties pour la sécurité de tous », confirmait à son tour Jean Bizet, directeur général d’Agen Habitat, face aux riverains. La prise d’otage a constitué le motif de force majeure justifiant l’ouverture d’une procédure d’expulsion, déjà engagée.
Détention provisoire et risques encourus
Déféré devant le parquet le 17 décembre, l’homme a été mis en examen pour séquestration, menaces de mort à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique, violences et outrages, ainsi que menaces de destruction dangereuse. « L’homme est déjà défavorablement connu pour des infractions liées aux stupéfiants, des atteintes à des biens et des violences. » Le juge des libertés et de la détention a donc suivi les réquisitions du parquet en décidant de son placement en détention provisoire. En état de récidive légale, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Une expertise psychiatrique devrait être ordonnée au cours de l’instruction afin d’évaluer son état de santé mentale et sa responsabilité.





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