Du débat au conseil municipal

La séance du jeudi 23 septembre s’est montrée particulièrement animée, non pas du fait des rapports présentés mais plutôt sur des questions annexes.

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«Il m’apparaît que nos conseils municipaux ne sont que des instances où nous votons, pour l’essentiel, des mesures de fonctionnement. » Difficile de donner tort à Agnès Chabrot-Dupuy à la lecture de l’ordre du jour de la séance du jeudi 23 septembre dernier. Sur une vingtaine de délibérations, la plupart relevaient de la gestion des affaires courantes de la collectivité. Pourtant, ce conseil n’a pas manqué de piquant. Explications.

L’impuissance d’Agnès Chabrot-Dupuy

L’élue d’opposition, numéro 2 sur la liste Villeneuve en commun emmenée par Thomas Bouyssonnie a annoncé en préambule son intention de quitter l’hémicycle municipal. « Je me suis engagée avec un but sincère et une ambition sans doute un peu désespérée », dit-elle. Connue pour ses engagements et ses convictions profondes, cette infirmière confie observer un « changement de monde », entre enjeux sociaux majeurs et catastrophe climatique sur fond de crise sanitaire. « Aujourd’hui, après 14 mois dans ma fonction, […] je ne vois pas encore l’aube d’un projet, pas l’once d’un changement dans votre politique que je qualifie d’attentiste », a-t-elle lancé à l’endroit du maire Guillaume Lepers. « Je me sens dans une impuissance totale. J’aurais voulu être utile, il m’apparaît ici que je ne le suis pas. » Agnès Chabrot-Dupuy annonce ainsi retourner dans le milieu associatif, ainsi que sur les manifestations contre le pass sanitaire qu’elle dénonce ardemment. Son départ a suscité des hommages de toutes parts, bien entendu de son colistier Thomas Bouyssonnie mais également du maire ou encore de Frédéric Ladrech, membre de l’ancienne majorité socialiste.

La mise de côté du site archéologique d’Eysses

Le rapport numéro 6, à priori anodin, évoquait une partie du patrimoine du site archéologique d’Eysses, notamment le classement aux Monuments historiques de certaines pièce de mobilier en métal doré à la feuille d’or, sur recommandation de la DRAC. Le chef de file de l’opposition et tout nouveau président d’Habitalys, Thomas Bouyssonnie, en a profité pour interpeller Guillaume Lepers sur le devenir de l’espace muséal, fermé depuis bientôt deux ans au public : « Nous avons l’une des plus belles collections d’Europe et elle n’est pas visible. Je pense qu’il y a quelque chose à faire de très intéressant même si cela demande beaucoup de moyens. C’est un élément absolument essentiel pour notre ville. » Le premier édile ne l’a pas contredit, soulignant lui aussi le potentiel d’attractivité de ce site. Malgré cela, aucun projet d’ampleur n’est à ce jour en route. Et ce pour une raison très simple : les sous. « Il faut se parler clairement, il y a des difficultés sur le bâtiment. La somme de travaux est immense : église Sainte-Catherine, pont des Cieutats, théâtre, stade de la Myre-Mory, toitures des écoles… Beaucoup de choses qui ne sont pas visibles mais indispensables », explique Guillaume Lepers. Selon ce dernier, les coupables sont tout désignés et il s’agit de ses prédécesseurs : « La dette, on ne l’a pas dans les comptes mais dans les bâtiments. » D’autres projets d’investissement sont en cours ou à l’étude : venelle de Paris, végétalisation du parvis Sainte-Catherine, transformation des boulevards, restructuration des haras, îlots de centre-ville… D’où l’incapacité de la majorité de dégager quelques millions pour Eysses dans le plan pluriannuel d’investissements. Etant donné que les conditions de sécurité ne sont pas réunies pour accueillir de nouveau du public, le musée archéologique restera en stand-by, probablement pour la durée du mandat. Des pistes sont néanmoins explorées pour permettre une mise en valeur temporaire ou pérenne des collections de mobilier sur un autre site.

Le « mauvais » climat social au sein des services municipaux

En toute fin de séance, à l’occasion des questions diverses, Frédéric Ladrech a posé sur la table le sujet du mouvement social des agents municipaux programmé le 12 octobre prochain. « Le second en moins d’un an alors qu’il n’y avait eu aucun mouvement social durant les vingt années de gestion de la Ville par la gauche. Les termes évoqués sont graves : conditions de travail dégradées, management toxique, injustices et favoritisme. Selon nos sources, une cinquantaine d’employés municipaux seraient absents de leur poste, dont des cadres et chefs de service. C’est une situation à mon sens inédite et assez difficile à accepter. » Il n’en fallait pas moins à Guillaume Lepers pour vivement réagir et déplorer le « culot » de son opposant. « Le climat est mauvais, vraiment mauvais. On a récupéré une situation déplorable voire explosive et dangereuse, un management digne des années 80. C’est une somme de choses qui ont créé un climat anxiogène. C’est pourquoi on a revu les lignes directrices de gestion, les critères d’avancement avec les syndicats, changé certaines organisations, lancé un grand plan de formation managériale. J’aurais aimé que ça change plus vite mais l’administration est parfois lourde. Si les agents vont dans la rue, c’est qu’on n’a pas tout bien fait mais on essaie d’accélérer. »

Un nouveau directeur du spectacle vivant

La direction des affaires culturelles est actuellement en pleine restructuration autour de plusieurs pôles dont un nouvellement créé : spectacle vivant. Il regrouperait ainsi à la fois le théâtre et le centre culturel, sous la coupe d’une seule et même personne avec une programmation partagée « Il ne faut pas diviser mais au contraire réunir », affirme la première adjointe Anne-Marie Davelu-Chavin, insistant sur l’importance de la transversalité. Selon elle, la création d’un poste de directeur du spectacle vivant (exit donc le poste de directeur du théâtre) pourrait provoquer, dans le futur, une petite « révolution ». Suite à cette délibération, le recrutement d’un fonctionnaire va pouvoir être lancé. « On revient à un fonctionnement normal », glisse le maire, soucieux que les équipements culturels « communiquent et fonctionnent ensemble ». Cette création de poste fait suite au licenciement polémique d’Emmanuelle Delbosq il y a quelques mois.

Thomas Bouyssonnie s’est demandé si le futur titulaire du job aura les compétences et l’autonomie nécessaires pour monter une programmation sans avoir à solliciter les services de tourneurs professionnels comme cela a été le cas pour le salon du livre 2021. Il a également interrogé la stratégie de dévoiler la saison culturelle en deux temps (septembre-décembre puis janvier-juin). Ce à quoi l’adjointe Sylvie Rongier a répondu par des chiffres de réservations témoignant d’un certain engouement : 2425 billets déjà vendus pour les 13 premiers spectacles au théâtre contre 1840 à la même époque auparavant pour une quarantaine de représentations.

Brève //

Polémique autour d’un permis de construire

«Ecole confessionnelle musulmane », « prosélytisme », « communautarisme »… Dès les premières lignes du communiqué envoyé le 15 septembre dernier, la plume caractéristique du Rassemblement national saute aux yeux. Le document, signé par la conseillère régionale Annick Cousin et la conseillère municipale Sylvie Gueudin, s’attaque à la majorité emmenée par Guillaume Lepers. « Le maire Les Républicains de Villeneuve-sur-Lot, a signé un permis de construire en pleine période estivale au bénéfice de l’association Islam et Partage pour la construction d’une école confessionnelle musulmane de 225 m2 sur un terrain de 4776 m2 », est-il précisé. « Les Républicains soutiennent le développement du communautarisme et du prosélytisme. Un projet que même la gauche avait refusé de soutenir en 2015 ! Une démonstration supplémentaire, s’il en fallait, que l’islamo-droitisme est une réalité dans notre pays. » Les deux signataires demandent par ailleurs des éclaircissements sur le financement du projet, estimant qu’Islam et Partage ne peut assumer seule un tel coût.

Du côté de la mairie, on s’étonne de cette polémique, vue comme un « non évènement ». Un permis de construire a bien été accordé à l’association, mais pas pour l’usage que le RN dénonce. « Depuis le départ, il est uniquement question d’une salle associative, pas d’une école ni d’une mosquée. Il y a quelques années, Islam et Partage avait acheté un terrain mais n’avait pas obtenu les autorisations à cause de potentiels problèmes de nuisance vis-à-vis du voisinage, le stationnement notamment. Ils ont vendu pour retrouver quelque chose de plus approprié. Toutes les démarches ont été menées dans les règles d’urbanisme et rien n’autorise légalement le maire à refuser un permis dans ces conditions », explique Léa Tembremande directrice de cabinet. Au-delà des aspects règlementaires, l’exécutif municipal confie par ailleurs suivre le dossier avec « une grande vigilance, comme avec toutes les associations cultuelles » pour éviter toute dérive. « Les responsables d’Islam et Partage sont des locaux, tout comme l’architecte. On est en contact avec les riverains », précise en outre Léa Tembremande. Aucune inquiétude donc du côté des élus de la majorité. « On voit bien les procédés de ce parti qui tente de politiser et monter en épingle un non sujet… » Ambiance…

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