Lot-et-Garonne : opération séduction pour faire revenir les médecins dans le 47

A l'heure où a été retoquée la proposition de loi sur l'accès aux soins, le Lot-et-Garonne essaie de ramener à lui plus de praticiens, spécialistes ou non. Deuxième zone la moins bien doté après la Creuse, le Département compte bien inverser la vapeur.

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« Nous avons prêté serment de soigner l’indigent et aujourd’hui l’indigent, c’est l’habitant de zone rurale », rappelle Annie Messina-Ventadoux, médecin, vice-présidente en charge des personnes âgées, personnes handicapées et de la démographie médicale, devant une quarantaine d’internes dont le département espère les pousser à revenir s’installer ici plus tard. Car là, se trouve un des enjeux primordiaux de l’attractivité et du bon vivre en Lot-et-Garonne : enrayer l’hémorragie de la désertification médicale. Car si les prévisions pour 2022 qui annonçaient 190 médecins ont été déjouées avec 221 actuellement en activité, c’est encore loin d’être suffisant. « Aujourd’hui, nous sommes deuxièmes derrière la Creuse en ce qui concerne la désertification », regrette Anne Messina. « On est en dessous de la moyenne nationale avec 0,6 médecin pour 1000 habitants contre 0,9 à l’échelle du pays. » La faute notamment à une situation où 1/3 des habitants ont plus de 60 ans, avec de la pauvreté et du chômage qui en fait un territoire souvent boudé.

« Une renonciation aux soins inacceptable » 

Si l’on a vu pendant un temps fleurir les Maisons de professionnels de santé (MSP) et les pôles de Santé qui ont réussi à faire office de pansement sur une plaie ouverte, ces structures ne suffisent plus. « Ce qui a pu marcher pendant un moment ne fonctionne plus aujourd’hui », constate Annie Messina Ventadoux. « Aujourd’hui, il nous faudrait 100 médecins de plus ». Pourtant, ce n’est pas faute d’investir puisque de le Département à déjà déboursé plus de 2,8M€ pour la démographie médicale. 
Et cette hémorragie ne s’arrête pas aux médecins généralistes. Les spécialistes, où le ratio tombe à 0,4 pour 1000 habitants, ont leurs carnets pleins et rares sont ceux qui prennent encore de nouveaux patients ou qui n’ont pas des rendez-vous disponibles avant plusieurs mois. Alix, Lot-et-Garonnaise de 25 ans, ne parvient pas à obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue. « Cela fait plusieurs mois que je sens que ma vue baisse et ces derniers temps, je me rends compte que je vois flou de loin », raconte-t-elle. Problème ? Impossible de décrocher un rendez-vous sans aller chercher au diable Vauvert. « Quand on regarde sur Doctolib, aucun créneau n’est disponible ou bien, c’est trop loin et cela ne correspond avec mes horaires ». De même du côté des pédiatres où certains parents ont bien de la peine pour trouver un praticien pour leurs enfants. Sur Agen, en cette mi-juin, prochaine disponibilité au…18 juillet. L’UFC-Que choisir classe d’ailleurs la quasi-totalité en désert médical concernant ses spécialistes, sur la base d’accès aux soins à maximum 45 minutes de chez soi. Le Lot-et-Garonne est ainsi compté comme un département en zone ZAC (zones d’action complémentaire) et en ZIP (zones d’action complémentaire), un « signe que cela ne va pas bien », comme le dit Annie Messina. « Nous sommes devant une renonciation aux soins qui n’est pas acceptable », regrette Annie Messina devant les 60 internes ayant répondu présent à l’invitation du 13 juin. Mais même si la dégringolade des médecins actifs en Lot-et-Garonne entre 2010 et 2021 semble s’être considérablement ralentie, il reste encore du chemin à faire pour convaincre les jeunes étudiants en médecine (générale ou spécialiste) de venir poser leurs bagages en Lot-et-Garonne, pourtant une nécessité pour le département dont l’âge moyen des praticiens est de 54 ans en 2023.

Lever les freins à l’installation 

Pour attirer plus de praticiens, le Département compte mettre les bouchées doubles avec la création d’un guichet départemental. Un dispositif qui a porté ses fruits dans les Pyrénées-Atlantiques. « Avec ce guichet unique, on se tiendra à disposition des nouveaux médecins pour les accompagner », développe Annie Messina. « Souvent, ils ont besoin d’un travail pour leurs conjoints par exemple et nous serons là pour les aider comme nous allons développer un service pour aiguiller les internes qui manquent d’accompagnement. » Malheureusement, du côté des jeunes médecins, le département ne séduit pas encore à l’unanimité. Inès et Axel sont tous deux en première année d’internat en médecine générale et sont originaires de Lyon. Actuellement en internat chez des praticiens, aucun n’a vraiment envie de venir s’installer en zone rurale. L’une des principales raisons étant les avantages de mobilité qu’offrent les grandes métropoles selon eux. Léa, elle aussi originaire de Lyon, compte aussi retourner en milieu urbain. « Je pense que j’aurais plus une pratique citadine », avoue-t-elle. « La campagne me plaît, mais pour la pratique que je souhaite faire, du psychosocial avec une population plus minoritaire, je serais plus à mon aise en ville. » Thomas, lui, coupe la poire en deux en pensant exercer en milieu semi-rural. Originaire du Limousin et interne aux urgences de Marmande, il reconnaît un avantage d’organisation comparé à d’autres départements. « J’aimerais exercer dans ce genre de milieux semi-ruraux pour avoir des populations plus jeunes et faire plus de social ».

One Comment

  1. Yam Reply

    Il manque 6000 généralistes
    En faire venir un,
    Ce sera déshabiller Pierre pour habiller Paul.
    Il n’existe aucune solution.
    Quand on n’a pas formé des professionnels, il vient un moment où cela ne fonctionne plus
    Et cela se vérifie dans tous les secteurs économiques.

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