C’est désormais l’évènement incontournable du calendrier culturel agenais Les Rencontres Philosophiques Michel Serres d’Agen reviennent cette année, du 7 au 11 novembre, avec un thème plus que jamais d’actualité : « Maintenant, on fait la paix». Après avoir abordé des sujets comme la planète ou l’intelligence artificielle lors des éditions précédentes, cette nouvelle édition se concentrera sur un enjeu fondamental : la paix. Et, face aux tensions croissantes dans nos sociétés, tant au niveau personnel qu’international, la question se pose plus que jamais : comment faire la paix, ici et maintenant ? Et ici, on parle d’une paix bien plus vaste que celle qu’on cantonnerait seulement au conflit armés : on parle ici d’une paix avec soi même dans un contexte général de plus en plus anxiogène, d’une paix familiale mais aussi sociale. « Nous ne pouvions rendre un meilleur hommage à Michel Serres que celui-là tant l’urgence de la Paix tient une place centrale dans sa doctrine », décrit le maire Jean Dionis à propos de cette édition. « Le cœur de la pensée à la fois géopolitique et écologique de Michel Serres, c’est l’urgence absolue à arrêter l’anthropocentrisme violent qui nous pousse inlassablement vers les guerres fratricides pour enfin se mobiliser sur le contrat à passer entre les hommes et la Nature. Il appelait de ses vœux un élan titanesque pour que l’Humanité se dote des institutions, des traités pour mettre en œuvre ce contrat de paix. Cette année, nous participons modestement à cet élan. »
Un thème central : la paix, un bien fragile
David Djaïz, président de l’association Les Amis de Michel Serres, a souligné que la paix n’est pas un acquis.
« Aujourd’hui, autant au niveau national qu’international, on se rend bien compte que la paix n’est pas un état de fait donné », a-t-il déclaré lors de la première présentation du thème des Rencontres en juillet dernier. Cette édition des Rencontres veut explorer cette idée en se concentrant sur trois axes principaux : les conflits sociaux ou familiaux, les rapports entre les générations, et enfin, bien sûr, les tensions à l’échelle mondiale. L’objectif est de comprendre comment la guerre, qu’elle soit ouverte ou plus subtile (comme dans les rapports sociaux ou familiaux), peut être stoppée, ou du moins transformée en dialogue.
Des invités variés pour nourrir la réflexion
Le programme de cette année s’annonce diversifié, avec une série d’interventions croisées entre philosophes, scientifiques, artistes et hommes politiques. C’est là la particularité des Rencontres, celle de briser les murs entre les disciplines pour toutes les joindres autour de la pensée de Michel-Serres. Parmi les invités, plusieurs figures bien connues :
- Jacques Attali interviendra sur « Michel Serres, l’éducation et la paix», pour discuter de l’importance de l’éducation dans la construction de sociétés pacifiques.
- Étienne Klein, physicien et philosophe, proposera une réflexion sur les conflits à l’échelle cosmique avec sa conférence « Guerre et paix dans les étoiles».
- Flavie Flament interviendra sur le sujet « La parole publique contre les violences privées», en abordant les violences domestiques et la nécessité d’en parler pour les combattre.
- Claude Onesta, ancien entraîneur de l’équipe de France de handball, parlera de « Le sport ou la violence apprivoisée», un moyen de gérer la violence au travers de la discipline et de l’esprit d’équipe.
- Édouard Durand, ancien juge pour enfants et président de la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants, proposera une réflexion sur la manière dont la parole peut se libérer face à des violences longtemps silencieuses.
- Charlotte Casiraghi, licenciée de philosophie à l’université Paris-Sorbonne, Charlotte Casiraghi est co-fondatrice des Rencontres Philosophiques de Monaco. Elle est l’auteur, avec le philosophe et critique Robert Maggiori de l’Archipel des passions et animera la conférence La paix, les femmes et la philosophie
- Raphaël Gluksman, député européen, fondateur du mouvement Place Publique et essayiste. Il préside la Commission spéciale du Parlement européen sur l’ingérence étrangère et animera La paix, idéal moral, fabrique politique
En plus de ces conférences, des tables rondes et des ateliers permettront de creuser ces questions sous différents angles. La paix n’est pas un sujet abstrait : elle est aussi une question de pratiques quotidiennes, de responsabilité collective et d’engagement personnel.
Un public grandissant et plus jeune
L’événement gagne en popularité chaque année. En 2023, près de 10 000 spectateurs avaient assisté aux Rencontres, et cette année, les organisateurs espèrent attirer encore plus de monde. L’accent est aussi mis sur la jeunesse. L’an dernier, 1 500 élèves de la primaire au lycée avaient participé à des ateliers autour des thématiques des Rencontres, et cette initiative sera reconduite. L’idée est de rendre la philosophie accessible dès le plus jeune âge, pour éveiller la réflexion sur des sujets comme la paix et la violence dès l’école.
Les Rencontres Philosophiques ont également établi un partenariat avec Le Crayon, une chaîne YouTube de débats et d’actualités, afin de toucher un public plus large, notamment les jeunes adultes. C’est un moyen de rendre l’événement plus vivant et interactif, et de stimuler la réflexion collective à travers de nouveaux formats.
Enfin, un concours d’éloquence organisé par une association locale offrira aux lycéens l’opportunité de s’exprimer autour des citations de Michel Serres, apportant une touche dynamique à l’événement. Les Rencontres Philosophiques Michel Serres d’Agen sont devenues un moment attendu pour ceux qui s’intéressent aux grandes questions qui traversent nos sociétés. Cette année, en abordant la paix sous ses multiples formes, l’événement propose de réfléchir à ce qui nous divise et à ce qui peut nous rassembler.
« Maintenant, on fait la paix » n’est pas qu’une simple question, c’est un appel à l’action, à l’écoute et à la réconciliation.
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