Agen : « Le vin qui marque, c’est celui qui propose une émotion », rencontre avec Laura Zinesi, sommelière à l’hôtel Serra

Laura Zinesi est une jeune sommelière qui vit sa passion pour le vin comme une quête d’émotions et de partage. Installée depuis septembre à l'hôtel Serra à Agen, un prestigieux établissement quatre étoiles, elle nous raconte son parcours, sa vision du métier et son amour pour les vins qui savent raconter une histoire.

0 Shares

Dans l’univers feutré de la sommellerie, Laura Zinesi se distingue par sa quête constante de poésie et d’émotion à travers les vins. Au travers de la cave de l’hôtel Serra et d’une sélection personnelle de vins, elle partage son amour du métier et son talent pour créer des expériences mémorables autour de la table.

Quidam Hebdo : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et expliquer ce qui vous a attirée vers le métier de sommelière ?
Laura Zinesi : Alors, mon parcours, ça a été un parcours assez classique. J’ai été au lycée, mais pas du tout dans l’optique de la restauration au départ. J’ai obtenu un bac littéraire, option histoire des arts, donc rien à voir avec la sommellerie. Mais après, j’ai eu envie de partir sur cette voie. J’ai trouvé un centre de formation pour adultes, le CAFA à Bordeaux, où j’ai commencé par un diplôme en service. Cela m’a permis de comprendre l’intégralité du fonctionnement d’un restaurant : la brigade en salle, la brigade en cuisine. Ensuite, j’ai suivi un diplôme en sommellerie en deux ans, où j’ai appris tout sur les vins et alcools de France, puis du monde. C’était une formation enrichissante, mais intense, avec énormément de choses à apprendre.

Q.H. : Depuis combien de temps êtes-vous officiellement sommelière ?
L.Z. : J’ai terminé mes études en juin 2018 et depuis juillet 2018, je suis sommelière diplômée. J’ai commencé ma formation en alternance, ce qui m’a permis de travailler en entreprise dès le début. J’ai fait mes armes à Marmande, puis à Sainte-Livrade dans un restaurant gastronomique, où deux femmes passionnantes m’ont aidée à perfectionner mon palais. Enfin, je suis arrivée au Serra Hotel en septembre 2024.

Q.H. : Travailler dans un hôtel quatre étoiles comme celui-ci, qu’est-ce que cela implique ?
L.Z. : Il faut proposer des grands vins, des références connues mondialement, mais aussi des vins plus confidentiels, des petites niches que je découvre. Il y a vraiment ces deux aspects à concilier. C’est important d’avoir une carte qui répond aux attentes des connaisseurs tout en offrant des surprises aux amateurs qui veulent s’initier à la dégustation.

Q.H. : Quels sont, selon vous, les critères les plus importants pour évaluer un vin ?
L.Z. : Je dis souvent que le plus important quand on goûte du vin, c’est celui qui va nous faire vivre une émotion. Bien sûr, on peut préférer des vins fruités ou structurés, mais au final, le vin qui marque, c’est celui qui provoque une émotion. C’est ce critère que je mets en avant pour sélectionner les vins.

Q.H. : Avez-vous un vin coup de cœur à partager ?
L.Z. : Ah, c’est dur ! Mais celui qui m’a fait vivre le plus d’émotions, c’est un vin d’un tout petit domaine en IGP Périgord, qui s’appelle le Domaine de l’Écrivain. Dès que je l’ai senti, j’ai ressenti une émotion identifiable, et la dégustation complète a confirmé cela. Ce vin est vraiment construit avec une émotion que le vigneron transmet parfaitement. J’aime le partager avec ma famille pour leur faire découvrir cette merveille.

Q.H. : Comment composez-vous votre carte des vins ?
L.Z.: Ici, c’est un peu particulier parce que nous avons une cave immersive, donc pas de carte papier. Je sélectionne des vins qui m’ont plu et je les place en cave, en les changeant régulièrement. Cela me permet de m’amuser et de renouveler l’offre tout le temps. Pour les clients, c’est une raison de revenir, car ils découvrent toujours de nouvelles bouteilles et de nouvelles émotions.

Q.H. : Y a-t-il un moment dans votre carrière où vous avez ressenti une grande fierté ?
L.Z.: Tout le temps, en fait. Quand un client me dit qu’il a passé un moment super grâce au vin que j’ai choisi, c’est une vraie satisfaction. Et quand un client me dit : « Je vous fais confiance », et que je trouve le vin parfait pour lui, c’est un moment magique. Cela me donne envie de recommencer chaque jour.

Q.H. : On sent dans vos propos que vous voyez la sommellerie comme un art.
L.Z. : Oui, la sommellerie, ce n’est pas juste servir du vin. Il y a une vraie poésie derrière. C’est parler du domaine, du vigneron, et transmettre ce que lui-même a voulu faire passer à travers son vin. C’est aussi une relation humaine, un lien entre le vigneron, le sommelier et le client.

Q.H. : Vous parlez beaucoup d’émotions et de souvenirs. Cela semble important pour vous...
L.Z. : Oui, c’est comme un effet Madeleine de Proust. Un vin peut vous rappeler un Noël en famille ou une occasion spéciale. C’est cela qui rend une dégustation chaleureuse et inoubliable. Le vin, c’est un voyage, et il n’y a plus qu’à se laisser porter.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

+ 33 = 34