
Président de l’Abeille Gasconne et secrétaire général de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), Patrick Granziera est un défenseur infatigable des apiculteurs. Son engagement pour la préservation des abeilles et la qualité du miel en Lot-et-Garonne est une lutte de chaque instant contre des enjeux environnementaux, économiques et politiques. Rencontre avec un homme qui met sa vie au service de la ruche.
Quidam Hebdo. : Patrick, vous êtes président de l’Abeille Gasconne, une association qui représente les apiculteurs en Lot-et-Garonne. Pourquoi ce combat pour les abeilles ?
Patrick Granziera. : Les abeilles sont essentielles à notre environnement et à notre agriculture. Leur rôle de pollinisateurs est fondamental : sans elles, pas de fruits, pas de légumes. Pourtant, elles sont menacées par les pesticides, le changement climatique, l’importation de miels de mauvaise qualité.. En tant que président de l’Abeille Gasconne, je me bats pour que les apiculteurs aient la reconnaissance et le soutien qu’ils méritent, car notre rôle est tout sauf secondaire.
Q.H. : Quels sont, selon vous, les plus grands défis auxquels font face les apiculteurs aujourd’hui ?
P.G. : Les défis sont nombreux et ils se cumulent. Le premier, c’est l’usage excessif de pesticides. Lorsque les élus autorisent leur utilisation, c’est un coup dur pour nous. Ces produits tuent nos abeilles et perturbent leur travail de pollinisation. Mais ce n’est pas tout : le changement climatique a un impact direct sur nos récoltes. Enfin, un autre problème majeur est l’importation de miels étrangers de piètre qualité. Ces miels bon marché envahissent les rayons des grandes surfaces et trompent les consommateurs. Pour nous, c’est une véritable lutte à mener.
Q.H. : Vous évoquez l’importance de la sensibilisation du public. Comment cela se traduit-il concrètement pour vous ?
P.G. : Mon rôle est aussi de faire comprendre au public l’importance des abeilles et de l’apiculture. C’est pour cela que nous avons organisé des événements comme la Semaine du Miel, qui permet aux gens de découvrir la réalité du métier d’apiculteur. C’est aussi un moyen de les sensibiliser à la qualité du miel. L’an dernier, par exemple, nous avons organisé des rencontres pour apprendre à lire les étiquettes des produits avec Bertrand Auzeral, apiculteur, car beaucoup de consommateurs ne savent pas distinguer un vrai miel d’un produit de mauvaise qualité. Ce type d’initiative est essentiel : il s’agit de défendre une filière qui a des valeurs et qui œuvre pour la biodiversité.
Q.H. : Il y a eu récemment quelques tensions avec le Conseil Départemental. Pouvez-vous nous en parler ?
P.G. : Oui, c’est vrai. Cette année, nous avons connu un certain retard dans la communication et dans le soutien logistique du Conseil Départemental pour la Semaine du Miel. Cependant, après avoir pris le temps de discuter avec les élus, les choses ont évolué. Annie Messina a compris notre besoin et a mobilisé les services techniques nécessaires. Nous avons trouvé un terrain d’entente, et je crois que notre collaboration se poursuivra. Cela dit, ce genre de situation montre l’importance de continuer à faire entendre la voix des apiculteurs et de ne pas baisser les bras. Nous avons eu de la résilience, et au final, la Semaine du Miel aura lieu dans les meilleures conditions possibles.
Q.H. : Parlons de la Semaine du Miel, un événement que vous portez chaque année. Quels sont les objectifs de cette édition ?
P.G. : La Semaine du Miel, c’est avant tout une occasion de rencontrer les apiculteurs et de découvrir leur travail. C’est aussi un moment important pour le grand public de comprendre les défis auxquels nous faisons face. À travers des animations, des ateliers, des dégustations et des conférences, nous mettons l’accent sur la biodiversité et la pollinisation. Chaque apiculteur a sa propre spécificité, ses propres miels, et c’est l’occasion de partager nos savoir-faire. Cette année, nous avons voulu donner une place encore plus importante aux enfants avec des ateliers de création de fresques hexagonales, une manière ludique et artistique de leur faire comprendre la beauté et la complexité du travail des abeilles.
Q.H. : Vous parlez souvent de la relève. Quel avenir voyez-vous pour l’apiculture en Lot-et-Garonne ?
P.G. : C’est un avenir qu’il faut préparer dès aujourd’hui. Nous avons déjà commencé à sensibiliser les jeunes à travers des projets éducatifs, comme les ruches décorées ou la fresque hexagonale qui sera présentée lors du marché cette année. Ces enfants, ce sont les apiculteurs de demain. Le miel en Lot-et-Garonne a un bel avenir, mais cela dépend de notre capacité à défendre notre métier et à sensibiliser les générations futures à la préservation des abeilles. Je suis optimiste, car l’intérêt pour le miel local et de qualité ne cesse de croître.
Q.H. : Pour conclure, Patrick, avez-vous un message à faire passer avant la Semaine du Miel ?
P.G. : Venez nombreux, vraiment. Le Marché du miel à Agen est un moment fort pour découvrir tout le savoir-faire des apiculteurs locaux, goûter des miels de qualité et poser toutes les questions sur le métier d’apiculteur. C’est aussi un moyen de soutenir l’apiculture durable et de qualité. Ne vous laissez pas tromper par les miels industriels. Prenez le temps de vous rendre sur les marchés, d’échanger avec les producteurs, et vous verrez, il y a une vraie différence.
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