Si elle est assurément l’un des plus beaux spots du Lot-et-Garonne, la halle Lakanal n’en reste pas moins frappée par le mauvais sort. Sans superstition aucune, le lieu a connu moult soubresauts depuis sa transfor- mation en 2019. Damien Christ, alors désigné comme exploitant unique, était annoncé comme le messie. La réalité fut toute autre. En quelques années, l’entrepreneur a perdu de l’argent. Beaucoup d’argent. On parle de dettes avoisinant le million d’euros, sinon plus. Les différentes tentatives pour trouver la bonne formule ont été vaines. Damien Christ a logiquement plié les gaules, laissant derrière lui les vestiges d’un commerce qui n’aura jamais été florissant. Dans cette morosité subsiste néanmoins une lueur d’espoir, portée par la Table du Marché. Depuis la saison 2023, c’est le restaurant attitré de la halle, tenu par Louisa Ambert avec l’aide de son mari Francis Temmerman. Leur colocataire, aussi absent qu’encombrant, n’a pas eu raison de leur dynamisme. « Notre affaire tourne bien », assure Louisa sans ambages. Avec l’aide de son équipe de sept personnes, celle qui a géré de multiples affaires dans l’hôtellerie-restauration a su se réapproprier l’endroit pour le modeler à son image. Une belle réussite qui en appelle une autre puisqu’elle a ouvert il y a un peu moins de deux mois un autre établissement sur les bords du Lot à Casseneuil, baptisé le Quai.
Un plan et des contacts avancés
Mais son plus gros chantier du moment, c’est redynamiser cette fameuse halle à laquelle elle est désormais très attachée. « On a tout de suite eu le coup de cœur pour ce lieu. C’est une belle endormie qui ne demande qu’à être réveillée. De nombreuses villes reposent sur leur halle. C’est le cas à Anglet ou même à Agen. Le marché-couvert est pour- tant loin d’avoir le charme de cette bâtisse villeneuvoise. On doit pou- voir lui redonner un nouveau souffle et en faire à nouveau un commerce de proximité. Le besoin existe, on le voit avec nos clients du restaurant, qui viennent parfois juste pour une baguette de pain… », soutient Louisa. Pas du genre à lancer des paroles en l’air, elle a bel et bien un plan. « Je ne suis pas primeur, boucher-traiteur ou fromager. Je n’ai pas l’intention de gérer quoi que ce soit en dehors de mon établissement. Ce que je veux, c’est faire venir des commerçants maîtres de leur affaire. J’ai déjà quelques contacts très intéressés, des gens locaux. Plusieurs primeurs, d’Eysses et de Sainte-Livrade, des artisans du marché qui ont bien envie de revenir après avoir été expulsés de la halle, quelques autres personnes. J’aimerais aussi pouvoir convaincre des acteurs de la grande distribution pour y monter une supérette. Là en- core, j’ai deux ou trois contacts pro- metteurs », révèle Louisa.
Quelques freins à lever
Pour concrétiser, il reste à lever plu- sieurs freins. Damien Christ est encore officiellement locataire de la moitié de la halle. Sans son aval ou son retrait définitif, difficile d’imaginer la venue de ces prospects. En suivant, la mairie de Villeneuve-sur-Lot, propriétaire des lieux, devra lancer un appel d’offres en bonne et due forme. Enfin, un dernier point qui ne devrait pas faire plaisir aux responsables politiques dont les budgets sont restreints. « J’attends des élus de la collectivité qu’ils entre- tiennent leur bâtiment, qu’ils prennent leurs responsabilités, prévient Louisa. Il faut reprendre les vitres, la toiture qui fuit, l’isolation… Même le chauffage ne fonctionne pas. Cela nous coûte 70 000 € par an en facture d’énergie. Sans ces efforts nécessaires, le manque d’attractivité demeurera. On est prêts à s’investir dans ce projet, à y mettre beaucoup d’énergie et à partager notre expérience. On espère que ça va suivre. »
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