Économie : ces entreprises lot-et-garonnaises qui se préparent à la cyber-menace

Une simulation de crise inédite organisée par la CCI de Lot-et-Garonne révèle les failles des entreprises face aux cyberattaques. À Agen, les acteurs locaux se confrontent à la réalité d’un risque qui paralyse les structures.

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Dans un monde où les cyberattaques frappent une entreprise française sur deux, le Lot-et-Garonne n’échappe pas à la menace. À Agen, un exercice de simulation de crise orchestré par la chambre de commerce et d’industrie, L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, la Gendarmerie Nationale et la société Owlcub a mis en lumière l’urgence de préparer les structures locales sous la responsabilité de Pascal Llopis, responsable sécurité des systèmes d’information des CCI et conseiller en cyberdéfense à la CCI de Lot-et-Garonne. Le 6 juin 2025, au Campus Numérique d’Agen, une trentaine de collaborateurs d’entreprises et d’institutions lot-et-garonnaises ont affronté une cyberattaque fictive. Plongés dans un scénario où une entreprise agroalimentaire subit un ransomware (attaque informatique visant l’obtention d’une rançon), ils ont dû gérer des ordinateurs bloqués, des données exfiltrées et une pression médiatique simulée. « Cet exercice, c’est une prise de conscience. On leur dit : ‘T’as plus d’informatique, comment tu fais ?’ », résume Pascal Llopis. L’objectif : confronter les participants à un chaos numérique réaliste pour tester leur résilience.

Des entreprises vulnérables

Dans le Lot-et-Garonne, les TPE et PME, souvent dépourvues de DSI, sont particulièrement exposées. « Les plus vulnérables, ce sont celles qui n’ont pas de structure informatique dédiée », souligne Pascal Llopis. Les chiffres de l’ANSSI sont éloquents : 37 % des attaques visent les petites entreprises, 28 % les collectivités. Une société comme Coaxis, à Marmande, a déjà payé le prix d’une cyberattaque, révélant les effets en cascade sur tout un écosystème. « Si vous mettez tous vos œufs dans le même panier et que ce panier est piraté, c’est la panade », insiste l’expert.

Les cybercriminels, souvent basés à l’étranger, exploitent les failles avec une efficacité redoutable. « Ils pénètrent un système le vendredi soir, chiffrent les données et demandent une rançon. Le lundi, l’entreprise découvre le désastre », détaille Pascal Llopis. Payer la rançon ? « Surtout pas. Vous financez une industrie mafieuse, et vos données ne sont pas récupérées. »

Une communication de crise à construire

L’exercice a aussi révélé un manque criant de préparation à la gestion de crise. Un faux réseau social a simulé des posts de « trolls » et de journalistes, mettant les chargés de communication en difficulté. « C’était prévisible, mais pas prévu », regrette Pascal Llopis. Les entreprises n’ont souvent ni plan de communication face à la presse ni stratégie pour dialoguer avec les autorités ou les salariés. La simulation a montré l’ampleur du travail à accomplir. Une entreprise agroalimentaire fictive s’est retrouvée avec « 200 vaches devant la porte » faute de système logistique opérationnel. « Les participants ont vu l’effet déstabilisant d’une attaque. Sans informatique, plus rien ne fonctionne », observe-t-il.

Le Lot-et-Garonne, avec ses entreprises agroalimentaires et ses collectivités, doit s’emparer de cette urgence. « La lutte contre la cybercriminalité, ce n’est pas un centre de coût, c’est un investissement », conclut le responsable. Un prochain exercice est déjà prévu pour 2026, signe que le territoire veut muscler sa résilience numérique.

La cybersécurité, investissement vital

Face à ce constat, la cybersécurité ne doit plus être vue comme une dépense, mais comme un levier de valeur. « Une entreprise qui investit dans la formation, la lutte contre l’incendie ou la cybersécurité gagne en valeur. Sinon, elle en perd », affirme Lloris. Il compare la préparation cyber à l’entraînement militaire : « On s’exerce, on identifie les failles, on s’améliore. » Un plan d’action pluriannuel, des audits réguliers et des tests d’intrusion éthiques sont indispensables pour renforcer les défenses.

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