Elections municipales 2026 : sécurité, écologie et finances publiques… A Agen, la bataille s’intensifie

À huit mois des municipales, les lignes de front se précisent à Agen. Sécurité, transition écologique, démocratie locale : majorité et oppositions s'affrontent désormais à ciel ouvert dans un ménage à trois.

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La majorité municipale agenaise n’a pas attendu l’annonce officielle de la candidature de Jean Dionis du Séjour pour entrer un peu plus dans la campagne ces dernières semaines. Dernier coup d’éclat : deux vidéos postées sur les réseaux sociaux par le compte du maire lui même, qui attaquent frontalement la gauche sur le thème de la vidéosurveillance, puis des forces de l’ordre, deux sujets bien dans l’air du temps au vu des multiples incendies de voitures que connaît la ville ces derniers mois.

Montée comme une séquence satirique, la vidéo oppose les prises de parole du chef de file de l’opposition Laurent Bruneau lors du dernier conseil municipal à celles de la députée LFI Mathilde Panot. Cette dernière y déclare ne pas être favorable à l’installation généralisée de caméras dans l’espace public, confirmant qu’un « plan d’enlèvement des caméras », puis qu’un « désarmement de la police municipale » pourraient voir le jour là où LFI serait élue. En contrepoint, Jean Dionis épingle une supposée incohérence de son opposant de gauche, rappelant son « soutien déclaré aux forces de l’ordre » ou encore sa récente demande d’audit pour « savoir si des moyens suffisants sont accordés en matière de sécurité ». Un paradoxe d’opinions politiques que l’édile ponctue de phrases à l’emporte-pièce : « Ah la boulette ! » ou « Vous pensez ? Moi je ne pense pas ».

Si la vidéo amuse une partie des internautes, elle agace à gauche, où l’on a décidé de répondre. Et fermement. Dans un communiqué transmis le 18 juillet, deux groupes d’action de la France insoumise du Lot-et-Garonne dénoncent ce qu’ils appellent des « accusations infondées » et une « caricature des propositions de LFI sur la sécurité ». « Contrairement à ce que laisse entendre M. Dionis du Séjour, La France insoumise n’est pas laxiste en matière de sécurité. Nous refusons simplement d’en faire un instrument de peur et de division », écrivent Chantal Quillot (Groupe Ermitage) et Fernand Gonzalez (Groupe Insoumis ruraux de l’Agenais). Ils assurent que leur programme local ne prévoit ni le désarmement de la police municipale, ni la suppression des caméras de surveillance existantes. Pour la France insoumise agenaise, la sécurité doit être repensée dans une logique de prévention et de justice sociale, avec un investissement accru dans la police de proximité, l’éducation, les associations, et les dispositifs de médiation urbaine. Autrement dit : une autre approche que celle du « tout-répressif ». Une manœuvre perçue comme une tentative de stigmatisation politique, visant à semer la zizanie dans les rangs de la gauche et qui, sans surprise, n’est pas passée inaperçue ni sans provoquer de vives réactions chez les intéressés.

L’écologie de façade ?

Si elle avait déjà mis le feu aux poudres avec son analyse du fameux rapport Agen 2032, la gauche emmené par Laurent Bruneau a préféré riposter aux attaques du maire en jouant sur un terrain qu’elle connaît bien : la transition écologique. La sortie d’un numéro spécial d’Agglo Infos vantant l’action de la municipalité sur le climat et la biodiversité a sonné comme un retour de bâton. Un détournement de la couverture, taguée « Attention Greenwashing », circule sur les réseaux. Derrière l’humour graphique, les critiques fusent. Pour Paul Vo Van, écologiste engagé sur la liste de Laurent Bruneau, le problème n’est pas l’absence de projets, mais leur logique : « On repeint le système en vert, mais on ne le transforme pas. Le réseau de chaleur, par exemple, repose sur l’incinération massive de déchets. Comment prétendre réduire les volumes dans ces conditions ? » L’écologiste s’inquiète aussi de la « verticalité » des décisions : « Le dossier est lancé trop tard. À un an des élections, sortir une feuille de route écologique, c’est un aveu d’échec. » Et d’ajouter : « La mobilité douce contourne les zones les plus denses, là où les besoins sont les plus urgents. »

Le RN et l’UDR dénoncent une gestion clientéliste

Sur un tout autre front, ce sont le Rassemblement National 47 et l’UDR, qui ont déjà assuré vouloir se positionner dans la course à la mairie agenaise en 2026, qui mettent en cause la gestion financière de la ville. Dans une lettre ouverte aux Agenais, Sébastien Delbosq et Michaël Fargue s’en prennent à ce qu’ils qualifient de « favoritisme localisé » dans les contrats de quartier. Leur cible : la rénovation de la rue Lisbonne, présentée par la municipalité comme exemplaire. « Sur les 375 000 € alloués au quartier Dangla, 352 533 € ont été dépensés pour cette seule rue, où résident plusieurs membres du conseil de quartier, dont le président, ancien adjoint au maire », dénoncent-ils. Et d’ajouter : « À eux seuls, trois quartiers ont absorbé 862 000 € pour trois rues, alors que la ville en compte près de 400. » Au-delà de cette affaire, le RN fustige une gestion « électoraliste et opaque » et promet, s’il accède aux responsabilités, de « remettre du bon sens et de la transparence dans l’usage de l’argent public ». Et de tacler aussi l’opposition de gauche, accusée de « silence complice » sur ces dérives supposées. En clair, les joutes publiques se multiplient et la campagne s’accélère.

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