
Ce mardi 22 juillet, la chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne a élu une nouvelle présidente : Karine Duc. Seule candidate, elle succède officiellement à Patrick Franken, démissionnaire depuis le 30 juin, après avoir assuré l’intérim durant trois semaines. Dans un contexte de crise interne et de turbulences syndicales, la coprésidente de la Coordination rurale 47 (qui quittera naturellement son poste au syndicat) a été élue avec 22 voix, face à cinq bulletins nuls et quatre enveloppes vides. Une légitimité claire, mais un mandat qui s’ouvre dans une atmosphère pesante. L’élection s’est tenue en présence du préfet Daniel Barnier, du sénateur Michel Masset et de plusieurs élus agricoles. Le vote était aussi symbolique : celui d’un cap à maintenir malgré les vents contraires.
Une chambre fragilisée
Cette session de juillet n’était pas ordinaire. L’hémicycle de la rue de Péchabout à Agen porte encore les stigmates d’une crise inédite. En quelques semaines, trois figures centrales de l’équipe dirigeante ont quitté le navire : Agnès Chabrillanges, directrice générale, Jean-Michel Ruchaud, pilier de l’institut, et enfin Patrick Franken lui-même. Pour beaucoup, un véritable « uppercut en pleine figure ». Un élu de la CR 47, visiblement marqué par ces événements, confiait : « C’est dramatique d’en arriver là, alors que le monde agricole a besoin de nous. » Et de déplorer, en filigrane, des querelles de personnes à l’heure où l’agriculture lot-et-garonnaise traverse une crise profonde. Dans cette période de tourmente, Karine Duc a opté pour une posture de continuité et de rassemblement. « Abandonner ne fait pas partie de mon langage », a-t-elle lancé dans son discours d’investiture. « Je respecte les décisions de chacun, mais je n’oublie pas que notre mission ici, c’est de faire tenir cette maison debout. »
Une présidente offensive

Le ton du discours, s’il se veut rassembleur, ne masque pas une détermination ferme face aux enjeux. Dès ses premières paroles, Karine Duc a souhaité distinguer les « événements graves » des « soucis passagers », en évoquant notamment les abattages d’animaux sains, comme ceux liés à la tuberculose bovine ou à la dermatose nodulaire contagieuse. « Ils ne seront jamais cautionnés ici. Ces décisions sont d’une violence évidente. Elles frappent un élevage déjà mis à genoux par la crise. » Elle dénonce également les procédures et les procès à répétition visant les agriculteurs. « C’est la double peine. Ils veulent simplement travailler. Et la réponse est la sanction. » “À la chambre, les tempéraments sont forts. Il le faut pour tenir face à la somme des sujets complexes,” a-t-elle ajouté. Une phrase qui en dit long sur l’ambiance actuelle.
Face à la complexité croissante des réglementations agricoles, la présidente affiche une ligne claire : celle de la réforme. « L’agriculteur n’est pas un avocat. L’empilement de lois est insupportable. Je redemande une rencontre urgente avec les agents de l’OFB. Certains événements auraient pu être évités, j’en suis convaincue. » Elle se dit prête à dialoguer, mais sans naïveté : « Je préfère les échanges courtois, mais s’il faut sévir, je le ferai. »
La ligne claire malgré les fractures
Le nouveau bureau a également été désigné. Arnaud Laforgue, Laure Delamarlière, Cyrille Todesco et Cédric Soulié, tous membres de la CR 47, rejoignent la direction. Jérémy Pérez devient premier vice-président, suivi de Cédric Paladin, Vincent Rigo et Marielle Cadiot. Reste à savoir si cette équipe, renouvelée dans la tourmente, réussira à restaurer la cohésion de l’institution et à faire face à la violence silencieuse de la crise agricole. Karine Duc, elle, en est convaincue : « Les agriculteurs ne passeront pas cette crise seuls. Vous la passerez avec nous. »
Irrigation, eau et loi Duplomb : les dossiers chauds
La présidente a profité de l’assemblée pour saluer le récent vote de la loi Duplomb, qui selon elle envoie un signal positif à la profession. Elle a également remercié les parlementaires lot-et-garonnais pour leur soutien. Mais elle reste vigilante. « Nous devons inverser cette courbe descendante des agriculteurs actifs. Et pour cela, l’administration devra changer de posture : devenir facilitatrice, simplificatrice. » L’irrigation, comme toujours en Lot-et-Garonne, reste un sujet sensible. Alors que les nappes sont exceptionnellement remplies, des restrictions demeurent. « C’est inaudible », tranche Karine Duc. « L’irrigation ne doit pas être sanctionnée. Elle est au cœur de notre souveraineté agricole et alimentaire. » Et de marteler : « Le Lot-et-Garonne est le parfait exemple d’une agriculture combative, diverse, et solidaire. »
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