Agriculture : “Des échanges équilibrés, pas une tutelle”, vers une réconciliation entre la Chambre et la préfecture ?

Élue présidente de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne, Karine Duc s’est immédiatement attelée à désamorcer les tensions avec l’État sur les finances de l’institution. Un dialogue nouveau s’engage, mais la méfiance reste palpable.

0 Shares

La dernière séance élective de la Chambre d’agriculture a marqué plus qu’un simple changement de gouvernance. Si Karine Duc a été élue présidente, c’est le budget 2024 de l’institution et ses irrégularités comptables qui se sont invités au cœur des discussions. Depuis la fin juin, la situation est claire : le préfet de Lot-et-Garonne, Daniel Barnier, a signifié par courrier qu’il ne validait pas le compte financier 2024 de la Chambre. Un signal d’alarme inhabituel au sein de l’instance locale. En cause : des erreurs persistantes de saisie comptable, un décalage entre les chiffres présentés aux élus et ceux transmis à la Direction générale des finances publiques, et des irrégularités dénoncées par la Cour des comptes dès le début de l’année. Le message était limpide : l’État ne tolérera plus les approximations.

« Je veux des échanges équilibrés »

Face à cette pression, la nouvelle présidente a choisi d’adopter une posture d’ouverture que sa fonction n’avait plus vue depuis des années. Sans nier les dysfonctionnements du passé, elle a souhaité acter un changement de méthode : « Le compte financier 2024 nous permet de fonctionner normalement, mais les prochains budgets intégreront les recommandations de Monsieur le Préfet », a-t-elle assuré. Et d’ajouter que « ces points font d’ores et déjà l’objet d’échanges entre nos différents services ». Loin d’un bras de fer, Karine Duc pose les bases d’un dialogue. Mais avec des exigences : « Je veux des échanges équilibrés entre l’administration et la Chambre. Il ne s’agit pas d’une tutelle, mais d’un partenariat dans l’intérêt général des agriculteurs. »

Un préfet vigilant

Daniel Barnier, présent à cette session un peu particulière, a surpris par son ton conciliant. Tout en rappelant que six rappels au droit subsistent à l’encontre de la chambre consulaire, il a salué une inflexion dans les pratiques : « Pour la première fois, la session a été préparée de manière partenariale. Nous avons reçu les documents dans les temps. C’est un signal positif. » Le représentant de l’État, qui ne mâche pas toujours ses mots lorsqu’il évoque les violences verbales ou les dégradations visant les services publics agricoles, a cette fois misé sur l’apaisement : « Ce que l’on a vécu ici est inacceptable. Mais je sais que cela va changer. »

Dans un discours offensif mais structuré, Karine Duc a redéfini la ligne de sa présidence : celle d’un retour à la rigueur, mais aussi d’une volonté d’alléger les relations avec les institutions. « L’administration devra être souple, compréhensive, tolérante, simplificatrice et facilitatrice », a-t-elle martelé. Elle n’a pas manqué d’élargir cette exigence aux partenaires bancaires, aux assurances et à la MSA.

À l’aube d’un mandat qui s’annonce dense, les regards sont désormais tournés vers le prochain budget et la manière dont l’exécutif agricole tiendra ses engagements. Au-delà du bilan financier, c’est aussi la méthode qui sera scrutée avec attention. « Je préfère les échanges courtois. Mais je suis inflexible sur l’intérêt des agriculteurs. Et s’il faut sévir, je le ferai », concluait la présidente, en guise de rappel.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

+ 8 = 17