
©Photo Fêtes d’Agen
Il y a un mois, les Fêtes d’Agen battaient leur plein sur la place de la mairie, le boulevard de la République ou encore l’esplanade du Gravier. Si la fête est retombée depuis bien des semaines, l’heure était au lancement du désormais classique « après » Fêtes d’Agen : celui du bilan… et des débats. Hier soir, en conseil municipal, Clémence Brandolin-Robert, première adjointe, ne cachait pas sa satisfaction. « Les Fêtes d’Agen ont enfin trouvé leur point de maturité », a-t-elle salué, évoquant un « équilibre entre les concerts “in” place de la mairie et le off avec des animations en centre-ville ».

Après une édition réduite à une journée en 2024 pour cause « d’équilibrage forcé » par la venue, le même été, du Tour de France, l’événement a retrouvé sa formule complète. En deux soirées, 7 443 places ont été vendues, avec à l’affiche des artistes qui font l’actualité musicale : Pierre Garnier, Joseph Kamel, Eddy de Pretto ou encore Santa. « On a eu du flair : quand on les a programmés, ils n’avaient pas encore explosé, y compris leurs tarifs », souligne l’élue. Outre les concerts payants, la dimension festive et populaire a été renforcée, avec notamment le retour du pruneau d’Agen sur le festival, et un plateau sportif réunissant 64 associations qui a attiré entre 4 000 et 5 000 personnes sur le Gravier.
Le détail en chiffre
Côté finances, les chiffres semblent conforter la majorité municipale dans ses choix. Les recettes 2025 s’élèvent à 186 562 €, contre 118 545 € en 2023, une progression saluée comme « la confirmation de la réussite » par Clémence Brandolin-Robert. « Cet élan est le résultat de la confiance de nos 52 partenaires, qui ont apporté un soutien de 207 940 €. Grâce à une gestion rigoureuse, le reste à charge pour la Ville est de 538 420 €, soit 31 478 € de moins que prévu », détaille-t-elle. En comparaison, lors de la première édition en 2022, ce reste à charge s’élevait à près de 789 531 €. Une dynamique « positive », donc, mais qui repose aussi sur des arbitrages clairs. « On a baissé l’autofinancement de la Ville grâce à nos recettes », justifie l’élue, avant d’insister sur la transformation du modèle économique des festivals : « Les artistes ne vivent plus de leurs disques, mais de leurs concerts. Depuis 2019, les cachets et les frais techniques ont explosé. Ils ne veulent plus jouer devant un public gratuit. »
La gratuité, point de fracture
Mais cette satisfaction n’est pas partagée sur tous les bancs du conseil municipal. Jon Garay, conseiller municipal d’opposition, a vivement critiqué l’évolution des Fêtes : « Vous savez combien on est attachés à ce qui existait auparavant, au Pruneau Show. Votre système des Fêtes d’Agen ne fonctionne pas. Il crée deux catégories : ceux qui peuvent payer et les autres. » Appelant à un retour à un format gratuit, il dénonce un « déficit d’argent public de 2,3 millions d’euros en quatre ans », pointant un modèle selon lui injuste pour les Agenais.
La majorité défend une ligne de conduite rigoureuse. « La gratuité a un coût pour le contribuable. Il faut un partage équitable entre l’utilisateur et la collectivité. 35 € pour deux concerts, ce sont des prix attractifs. » Même tonalité du côté de Mohamed Fellah, adjoint aux finances, qui invite à la prudence budgétaire : « Si on devait faire de la gratuité à tous les étages, la hausse d’impôts de 2003 paraîtrait ridicule. On parle ici d’une hausse à deux chiffres. »
Malgré les critiques, la majorité annonce déjà les dates de l’édition 2026 : les 28 et 29 août. La formule restera la même, avec « les concerts place de la mairie et un off encore renforcé en collaboration avec les commerçants », selon Clémence Brandolin-Robert. Seront également maintenus les rendez-vous désormais installés : le Boulevard du Pruneau, les Talents d’Agen ou encore la Course des Cafetiers. Avec une billetterie qui s’ouvre dès la fin d’année, souvent pour des cadeaux de Noël, les préparatifs sont déjà en cours.
Sur fond de campagne
Le débat s’est rapidement tendu entre le maire Jean Dionis du Séjour et son opposition, dans un échange où la perspective des municipales 2026 n’est plus vraiment voilée. Interpellé sur la politique fiscale, le maire n’a pas manqué de moquer les propositions de ses adversaires : « Bruneau les impôts, voilà votre projet. Vous parlez de gratuité dans tous les domaines, mais comment financez-vous cela ? En augmentant les impôts ? » Et de conclure, visiblement agacé : « Vous êtes candidat et je suis candidat. Assumez-vous en tant que tel. » Une passe d’armes qui en dit long sur le climat de plus en plus pré-électoral du conseil municipal. Pierre Dupont, conseiller d’opposition en profitera pour ponctuer que Jean Dionis et sa famille politique n’ont aucune leçon à donner sur la dette.
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