Éducation : l’école ETRE à Monbalen : une autre façon d’envisager son avenir

Le tiers-lieu la Maison forte a intégré il y a un peu plus d'un an le réseau des Écoles de la transition écologique et développe sa propre approche pédagogique.

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À l’heure où la plupart des pôles éducatifs insistent sur l’acquisition de savoir-faire et de savoir-être, la Maison forte se concentre sur une notion encore plus élémentaire : être. Ou plutôt ETRE. Les majuscules sont de rigueur car elles renvoient à l’acronyme d’un réseau national, celui des Écoles de la transition écologique. Au-delà de la notion environnementale, la structure lot-et-garonnaise y voit un moyen de développer une approche pédagogique singulière, à l’image finalement de tous ses évènements, ateliers et résidences. « Dès le lancement de la Maison forte en 2019, nous avons non seulement organisé des activités culturelles mais aussi mené un important travail d’exploration du territoire. On a décelé une préoccupation autour de la jeunesse et constaté nous-mêmes que la tranche d’âge des ados et des jeunes adultes ne franchissait pas assez nos portes. On a entendu parler du réseau des écoles ETRE et cela correspondait bien à ce que l’on cherchait à faire. On a donc engagé les démarches pour en faire partie », résume la présidente Victoire Dubruel. Marion Blanchet, professeure de philosophie, et Lucas Deleau, spécialiste de l’économie sociale et solidaire et de la structuration d’écosystèmes territoriaux, ont pris ce projet à bras le corps avec un objectif : s’adresser à un jeune public, parfois déscolarisé, souffrant d’épuisement ou d’isolement, éprouvant des difficultés devant une précarité grandissante, ou tout simplement incertain face à son avenir… Quasiment tous issus du département, ceux-ci viennent d’horizons très divers. Certains sont adressés par des établissements voisins partenaires, d’autres par des partenaires sociaux. « Il y a même des familles qui se présentent spontanément, grâce au bouche-à-oreille », se réjouit Marion. Une preuve que « l’alternative » proposée ici répond à un vrai besoin.

Matière à réflexion

« Nous ne sommes pas des profs, des éducateurs ou des psychothérapeutes, prévient Lucas. Nous sommes surtout là pour valoriser ce que ces jeunes, ou plutôt ces personnes, savent déjà, leur laisser de la place et la parole. » L’école ETRE de Monbalen n’offre pas une scolarité à proprement parler, avec des enseignements académiques, mais des sessions de deux semaines à un mois sur le site inspirant de la Maison forte. Ils sont déjà une soixantaine à y avoir pris part. Les élèves, si tant est qu’on puisse les définir comme tels, ont ainsi l’opportunité de croiser toutes les personnalités qui font la richesse du tiers-lieu. Des artistes, des inventeurs, des scientifiques. Tous ont en commun de voir le monde un peu différemment. En partageant avec eux des moments de discussion et des activités manuelles, ils se donnent matière à réflexion avec une prise de recul qui leur a peut-être manqué jusqu’ici. Construction d’un séchoir solaire ou d’une barque pour naviguer sur le Lot, médiation équine… Le but ne réside peut-être pas dans le résultat mais dans le chemin parcouru. « Dans son intitulé, l’école ETRE parle de transition. Transition vers quoi ? Il n’y a pas de pensée arrêtée, pas d’horizon défini. On essaie surtout de faire passer d’un état à un autre, d’accompagner une éclosion vers quelque chose de nouveau », lâche Lucas. Dans un avenir proche, des stages de « préqualification » s’étalant sur deux mois et demi devraient voir le jour, avec à la clé des compétences plus opérationnelles dans des métiers manuels, de façon à favoriser l’insertion professionnelle. L’école ETRE de Monbalen est notamment soutenue par la Fondation de France, la Région, le Département et la commune, en plus des nombreux partenariats scolaires au niveau local.

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