Les raisons de l’amélioration //

En s’appuyant sur les données brutes (voir chiffres ci-avant), force est de constater qu’il y a bien une légère amélioration entre les récoltes 2024 et 2025. Bien qu’il s’agisse d’un rendement global, tous les producteurs n’ayant pas obtenu les mêmes résultats, cette embellie s’explique avec des éléments tangibles. « Au-delà du sujet de l’acétamipride et des néonicotinoïdes, nous avons pu obtenir auprès du gouvernement des dérogations pour utiliser certains produits, autorisés dans d’autres cultures (pomme, kiwi…), comme l’etofenprox par exemple. Chez ceux qui les ont utilisés, il y a eu une incidence positive », observe Jérôme Bissières. Un autre paramètre est à prendre en compte. Il faut savoir que la noisette se récolte au sol, une fois que le fruit arrivé à maturité est spontanément tombé de l’arbre. « On a besoin de conditions météorologiques favorables, ce qui a été le cas cette année. Du coup, on a pu ramasser les noisettes très rapidement. En 2024, à cause de la pluie pendant cette période charnière, les insectes ont pu en profiter beaucoup plus longtemps », explique Jérôme Bissières. Ce coup de pouce du ciel ne se reproduira peut-être pas systématiquement.
Une éclaircie en pleine tempête //
Une nouvelle donnera peut-être un peu de baume au cœur des arboriculteurs : les cours de la noisette sont actuellement au plus haut. « Il y a de la pénurie partout, en Turquie, en Italie… Et comme le marché est très en demande, cela fait gonfler les prix. Grâce à cela, certains vont pouvoir finir l’année sans trop de conséquences financières », souligne Jérôme Bissières. Là encore, rien ne dit que cela durera longtemps. Et cela ne règle en rien le problème de sous-production qui touche la France. « On commence à perdre certains de nos clients historiques, notamment du côté de la grande distribution allemande. Ils n’hésitent pas à se tourner vers les pays du continent américain, encore capables de fournir en abondance », s’inquiète le vice-président d’Unicoque.
Une rentabilité inquiétante //

« Il manque, en moyenne, facilement 500 à 600 kilos de rendement supplémentaire à l’hectare. Ce manque, c’est la marge des exploitations qui s’envole », alerte Jérôme Bissières. Sachant que le « trou dans la caisse » laissé par le précédent exercice n’a pas pu être comblé, les pépins financiers s’accumulent pour les agriculteurs. « Ils sont de plus en plus nombreux à être en grosse difficulté. Certains veulent changer d’activité, se réorienter, voire complètement arrêter. Le phénomène d’arrachage ne touche pas que la vigne… » L’addition de ces problèmes individuels impacte l’ensemble de la filière. « L’outil industriel de la coopérative est dimensionné pour traiter 12 000 tonnes à l’année, pas 6500 ou 7500 », rappelle Jérôme Bissières. La menace reste donc bien réelle.
Vers une nouvelle mouture de la loi Duplomb //
Les derniers mois ont été marqués par une grande bataille politique, cristallisée par la « loi Duplomb ». Censé lever les freins à l’exercice agricole, le texte prévoyait notamment la possibilité de réutiliser à titre dérogatoire une molécule appartenant à la famille des néonicotinoïdes : l’acétamipride. Cette mesure a divisé l’opinion. Tandis que les parlementaires ont voté le texte, une pétition s’y opposant a recueilli plus de deux millions de signatures. Finalement, c’est le Conseil constitutionnel qui a enterré les rêves des producteurs de noisettes, d’abord pour des questions d’ordre juridique même si la dimension politique a pu peser dans la balance. Néanmoins, les choses pourraient ne pas en rester là. « La loi Duplomb va de nouveau être débattue et les choses pourraient bouger d’ici Noël », espère le vice-président d’Unicoque.
Le rapport de l’INRAE qui pourrait tout changer //
Dans la bataille idéologique qui oppose les écologistes et les pro-pesticides (se limitant souvent aux produits les plus indispensables comme l’acétamipride), un nouvel acteur y va de sa contribution. Et celle-ci s’avère plutôt éclairante. L’INRAE (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) vient de soumettre à la ministre de tutelle un rapport complet « sur les alternatives existantes à l’usage d’insecticides néonicotinoïdes pour protéger les cultures ». Plusieurs filières ont été examinées, dont celle de la noisette. Le constat est posé : la filière noisette est actuellement dans une situation extrêmement critique selon les prévisions budgétaires de la coopérative Unicoque. On ne peut ici incriminer un manque de préparation car la filière a développé dès son origine une structure de R&D, l’ANPN, active dans la recherche de solutions de biocontrôle. Elle a choisi de monter sa propre capacité de recherche en lutte biologique par acclimatation pour faire face à un ravageur invasif. Elle développe également des recherches sur le balanin depuis des années, écrit l’institut, soulignant l’engagement « exemplaire » de tous les acteurs. « Le risque est que la filière disparaisse avant que ces solutions (ndlr, alternatives) ne soient opérationnelles. La lutte chimique reste pour le moment le seul levier réellement efficace mais il repose sur un usage déraisonnable des pyréthrinoïdes. C’est ce qui conduit la filière à demander l’usage dérogatoire pendant une période de transition de l’acétamipride. » Ce que clament les producteurs depuis plusieurs années est désormais corroboré par un organisme indépendant. De quoi faire définitivement pencher la balance ? L’avenir le dira…
La situation en chiffres //
7500 tonnes
La récolte 2025 se présente avec 1000 tonnes de mieux que l’an passé mais toujours très loin du potentiel de 13 000 tonnes des vergers du Sud-Ouest.
13%
Le taux de fruits impropres à la consommation (car piqués par la punaise diabolique) a été divisé par deux par rapport à 2024 (30%). Il reste malgré tout très significatif.





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