
Il était près de minuit quand la question de la LGV a surgi dans un conseil municipal déjà éprouvé par les discussions sur la fiscalité. Alors que l’opposition pointait la hausse continue des impôts pendant les trois mandats de Jean Dionis, le maire a brutalement déplacé le débat en interpellant son adversaire sur la ligne à grande vitesse. Face à Maryse Combres qui soulevait le coût et les impacts environnementaux de la future gare de Brax, il a relancé : pour ou contre, tout simplement ?
Cette manière de réduire un sujet complexe à une réponse binaire a immédiatement crispé la gauche. Laurent Bruneau, sans se laisser enfermer dans ce duel verbal, a rappelé que « la réalité n’était plus de décider si la LGV passerait ou non sur le territoire, mais de déterminer comment Agen pouvait en tirer bénéfice sans en subir les effets secondaires. » Pendant plusieurs minutes, majorité et opposition se sont affrontées sur l’ampleur de l’opportunité, certains élus allant jusqu’à évoquer un risque de déséquilibre urbain si le cœur des mobilités se déplaçait vers l’ouest.
La majorité veut défendre un “projet historique”

Jean Dionis, lui, a défendu avec force le caractère stratégique de la LGV pour Agen. Convaincu que « la réduction des temps de trajet et la pression immobilière à Toulouse et Bordeaux attireront de nouveaux habitants ». Il a présenté la gare de Brax comme un levier indispensable. L’élu s’est appuyé sur la perspective d’un arbitrage imminent de l’État pour presser l’opposition de clarifier sa ligne, tout en accusant celle-ci de manquer de lisibilité sur un projet qu’il considère comme « la priorité de la décennie ». En filigrane, la majorité veut montrer qu’elle avance, alors que le financement local et la nouvelle desserte restent des sujets sensibles. Les inquiétudes sur la capacité d’Agen à obtenir des arrêts réguliers des TGV à Brax ont aussi traversé les débats, certains élus citant l’exemple d’autres villes où les promesses initiales avaient fondu avec le temps.
Laurent Bruneau recadre sa position
Le lendemain, Laurent Bruneau a tenu à préciser sa position par écrit, estimant que le maire avait cherché à détourner l’attention du débat fiscal. Il y rappelle que « j’ai défendu un projet alternatif portant sur la modernisation des lignes existantes, la fréquence et la régularité des trains du quotidien et pour une gare en centre-ville », soulignant que ce combat n’est pas nouveau mais remonte à plus de quinze ans. Dans ce texte, il reproche à Jean Dionis d’avoir « cédé au miroir aux alouettes » et assure que l’enjeu désormais est d’éviter que les habitants ne « regardent les trains passer », notamment si les arrêts promis à Brax ne se concrétisent pas. Il évoque aussi sa volonté de défendre les intérêts économiques du centre-ville, affirmant être « résolument pour se battre de toutes ses forces pour limiter l’impact économique d’une gare à l’extérieur d’Agen ».
Mais c’était sans compter sur les Insoumis locaux de LFI qui ont relancé le débat en réaffirmant leur opposition à la LGV « en cohérence avec leur position nationale » et en demandant à la gauche d’Agen de défendre un « projet alternatif de rénovation ». Une prise de position qui contraste avec les déclarations de Laurent Bruneau en séance et entretient le flou sur la ligne de l’a gauche-L’union de la gauche.
Dans la foulée, Jean Dionis a dénoncé dans un communiqué « l’insoutenable légèreté de la gauche-LFI », estimant que ces positions montrent « une méconnaissance stupéfiante du projet » et révèlent « les fissures internes » du groupe. Il rappelle que la LGV est désormais « un chantier », que son tracé et la gare de Brax sont « définitivement purgés de tout recours », et s’appuie sur un sondage Odoxa indiquant que « 86 % des Agenais » y sont favorables. Il interroge enfin directement Laurent Bruneau : « préférera-t-il défendre l’intérêt général des Agenais ou cédera-t-il devant les injonctions de LFI ? »





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