Quelques semaines après avoir « nettoyé les neurones des visiteurs », il était l’heure de tabler sur l’avenir de l’événement, fort de ses cinq éditions désormais. Ce qui est certain toutefois, c’est qu’en 2025, les Rencontres Michel-Serres ont vécu leur édition la plus dense depuis leur création. Du côté de la Ville, on s’en félicite : « Nous sommes heureux de voir ce festival grandir chez nous. Record de fréquentation en 2025 durant cinq jours : 10 347 entrées réservées, 118 bracelets distribués aux partenaires et socios, 30 conférences, deux concerts, un concours d’éloquence, sept animateurs, une projection de film aux Montreurs d’Images, 47 intervenants, huit musiciens et artistes, 1 175 élèves du Lot-et-Garonne accueillis pendant 5 jours, des élèves qui vont de la maternelle aux lycées », énumère notamment Marie-Claude Iachemet, adjointe à la culture. Une montée en puissance impressionnante : 5 000 visiteurs s’étaient déplacés seulement lors de la première édition. Cette année, plusieurs rendez-vous affichaient complet avant même leur ouverture.
Le redressement après la tempête
L’association organisatrice, « Les Amis agenais de Michel Serres », a profité de cette édition pour rappeler son passage difficile en 2024 : « En 2024, l’asso enregistre un déficit de 27 000 euros et se retrouve dans une situation financière très tendue, avec une trésorerie négative de 60 000 euros. » Un virage stratégique a été opéré : nouveau prestataire logistique, réorganisation complète et baisse des coûts. Résultat : « En 2025, l’asso compte cette fois-ci un bénéfice de 46 000 euros, destinés à renflouer les 60 000 euros évoqués précédemment, bien sûr. Des efforts devront se poursuivre l’année prochaine afin de retrouver une situation financière équilibrée. » Un souffle bienvenu, mais insuffisant pour envisager une montée en puissance sans nouveaux partenaires, estime l’équipe organisatrice.
Comment “pousser les murs” ?
L’affluence record pose désormais un défi central : où accueillir un public croissant ? Jean Dionis, maire d’Agen, le résume : « Comment pousser les murs et répondre à l’avenir à une fréquentation croissante ? » Plusieurs pistes sont à l’étude : « On a pensé au Stadium, au Florida, aux Montreurs d’Images, tous peuvent accueillir des conférences. Ce qui est clair, c’est qu’on veut le garder en centre-ville. On a quand même eu beaucoup de personnes qu’on n’a pas accueillies, car certains événements étaient pleins. Il faut qu’on progresse encore sur les jeunes. » Selon l’organisation, certaines conférences auraient pu doubler leur jauge. Un dilemme déjà évoqué dès la fin du festival : regarder du côté du Stadium, 1 500 places mais un confort limité, ou imaginer des soirées exceptionnelles dans de très grands lieux comme Armandie, tout en préservant « l’âme » du festival, intimement liée au cœur d’Agen. Si les Rencontres Michel-Serres séduisent un public fidèle, les responsables souhaitent désormais élargir leur horizon, notamment vers les plus jeunes, encore drastiquement minoritaires au sein du public du festival.
Au fil des éditions, les Rencontres Michel-Serres ont vu naître un véritable écosystème : socios fidèles, entreprises partenaires, mécènes locaux, moments conviviaux, dégustations… Un cadre apprécié des intervenants, qui décrivent régulièrement Agen comme l’un des festivals « les plus sympathiques » auxquels ils participent. Mais la croissance a un prix. L’événement repose déjà sur un mix financier solide : Agglo, Département, Région, partenaires privés toujours plus nombreux, billetterie. Difficile toutefois « d’imaginer que cette base suffira pour soutenir un changement d’échelle », surtout au vu des difficultés financières qu’a connues l’asso. La question est désormais entre les mains des élus et de l’association : poursuivre sur le même format ou ouvrir un nouveau cycle plus ambitieux pour les cinq années à venir.
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