Innovation : les communes de l’Agenais se protègent contre les crues de demain

Face aux risques d’inondations accrus, plusieurs communes de l’Agglomération d’Agen misent sur des infrastructures discrètes mais efficaces. Aubiac, Moirax et Roquefort entament une nouvelle ère de prévention.

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Dans les vallées de la rive gauche agenaise, le paysage rural cache désormais des installations qui pourraient faire toute la différence lors du prochain orage violent. À Aubiac, le premier d’une série de trois bassins écrêteurs vient d’être inauguré. Ces structures, bien que peu visibles du grand public, jouent un rôle crucial : elles freinent la montée brutale des eaux en cas d’intempéries exceptionnelles. « C’est un bassin fermé, mais pas complètement, explique Henri Tandonnet, maire de Moirax. Il se remplit quand les précipitations deviennent trop fortes, puis évacue l’eau doucement. » Ce principe simple permet de limiter les débordements en aval, protégeant ainsi plusieurs communes, comme Estillac, située à proximité.

La mémoire locale reste marquée par les inondations de juin 2008 à Roquefort, qui avaient touché près de 340 personnes. « Sans l’intervention rapide de l’ancien maire, la situation aurait pu virer au drame », a rappelé Jean-Marc Causse, maire d’Aubiac, lors de l’inauguration. Non loin de là, à Estillac, la commune ne compte plus le nombre d’inondation survenues depuis plus de dix ans. Depuis, les élus ont travaillé à un plan d’ensemble de prévention, intégré au dispositif national PAPI (Programme d’Actions de Prévention des Inondations). Le chantier d’Aubiac est le premier aboutissement visible de ce projet. Deux autres bassins, à Roquefort et Estillac, suivront. Ensemble, ils seront capables de contenir jusqu’à 220 000 m³ d’eau. Le coût global, évalué à 2,5 millions d’euros, est porté à moitié par l’État et piloté par l’Agglomération d’Agen.

Une adaptation au climat qui change

Les responsables locaux ne se font plus d’illusions sur l’évolution climatique. « Les précipitations sont désormais rares mais très intenses. Il faut des outils pour amortir le choc », a martelé Jean Dionis, président de l’Agglomération. Loin d’être des réponses ponctuelles, ces bassins s’inscrivent dans une stratégie plus large : ralentir l’eau, limiter l’érosion et revoir l’urbanisme dans les zones à risque. Cela passe aussi par des aménagements plus discrets, comme la plantation de haies pour stabiliser les sols ou l’interdiction de nouvelles constructions dans les zones inondables. « Pendant des décennies, on a accéléré les écoulements, rectifié les ruisseaux, bétonné les sols. Aujourd’hui, il faut faire l’inverse ».

« Il s’est rempli, puis vidé en deux jours »

Le projet n’aurait pas vu le jour sans une volonté politique soutenue et une mobilisation financière concrète. En 2026, ce sont 7,3 millions d’euros qui seront investis par la collectivité pour la prévention des inondations, contre 5,4 millions cette année. Le bassin d’Aubiac, déjà mis à l’épreuve lors de récentes averses, a démontré son efficacité : « Il s’est rempli en quelques heures, puis vidé calmement en deux jours. Une vraie réussite », s’est félicité le maire. À l’heure où chaque épisode orageux peut se transformer en catastrophe, à une fréquence plus importante, ces installations sont la bienvenue.

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