
Un dialogue de sourds. C’est ainsi que l’on peut résumer les échanges entre les agriculteurs en colère de la Coordination rurale 47 et l’association des Ami.e.s de la Confédération paysanne, autre syndicat agricole très sensible à l’écologie. L’objet de cet affrontement verbal : une soirée-débat organisée par ces derniers sur le thème des pesticides avec interventions de chercheurs et médecins. L’intitulé « Secrets toxiques » donnait déjà un aperçu des opinions défendues. En apprenant cela, les responsables de la CR 47 ont donc lancé un appel à la mobilisation auprès de leurs adhérents afin de venir perturber sinon bloquer l’évènement programmé mercredi soir 24 septembre à la salle du Palay à Pujols, commune administrée par un maire écologiste. Habituées des opérations coup de poing de la CR, les forces de l’ordre ont anticipé et déployé un dispositif policier impressionnant. Les entrées du village ont été sécurisées de manière à ne laisser passer aucun tracteur sur le site et à prévenir tout débordement.
Un début de barrage avant le retour au calme
Plus d’une heure avant le début de la soirée, quelques « bonnets jaunes » sont arrivés pour déplier une banderole « Foutez-nous la paix » devant les portes de la salle. Les premiers échanges ont eu lieu, menés par le coprésident de la CR 47 José Pérez face à des confrères agriculteurs, souvent en bio, ainsi que des citoyens transformés ici en adversaires politiques. José Pérez dénonce un « bourrage de crâne par des idéologues » qui provoque « des agressions quotidiennes » : « Des gens viennent nous sortir de nos tracteurs pour nous dire qu’on est des assassins, qu’on refile le cancer du nourrisson… » Des propos empreints d’une certaine colère avec le volume sonore qui va avec, ce qui lui a d’ailleurs été reproché par certains de ses interlocuteurs. Ceux-ci n’ont pas été avares en contre-arguments, n’hésitant pas à parler d’« empoisonnement » alimentaire ou des sols en plus d’une tentative d’obstruction à la liberté de réunion. La loi Duplomb, la réautorisation avortée de l’acétamipride, la concurrence étrangère déloyale ou encore la propreté de l’agriculture française ont logiquement été au cœur des discussions, avec des avis plutôt tranchés de part et d’autre, hormis sur le traité de libre-échange Mercosur qui fait l’unanimité contre lui.

Au fil des minutes, la foule s’est épaissie dans les deux camps. Des petits groupes se sont formés pour débattre à bâtons rompus. Des chants ont répondu à des slogans revendicatifs. La CR 47 a dressé un cordon pour barrer l’entrée de la salle, avant que les agents de la Police nationale ne prennent le relais. À l’exception d’une très brève bousculade, aucun incident n’a été constaté. Une mise au point a réuni les syndicalistes agricoles José Pérez et Karine Duc (présidente de la Chambre d’agriculture), le maire Yvon Ventadoux, la conseillère départementale Annie Messina et la commissaire Dominique Lasserre-Cussigh pour que la soirée puisse avoir lieu normalement, en présence des agriculteurs de la CR 47, « dans le calme ». Pas sûr que le débat ait permis à quiconque de faire évoluer sa position sur ces questions sensibles mais une chose est sûre, contrairement à ce que certains craignaient, la cocotte-minute n’a jamais explosé.
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