
©Visuel Adelfo Scaranello
Lundi soir, on sentait une certaine émotion lorsque le maire d’Agen, Jean Dionis du Séjour, a évoqué le futur du musée des Beaux-Arts. « Je suis assez passionné et ému quand je vois ce projet se dérouler », confie-t-il, avant de rappeler l’ambition portée par la Ville : « Adapter ce musée au XXIᵉ siècle. On en est loin aujourd’hui. » Car les difficultés sont connues sur cet ensemble de quatre hôtels particuliers aux niveaux hétérogènes. « On rentre par une petite porte, c’est tordu, c’est compliqué… Il n’y a pas vraiment d’accueil, pas de salle de conférence, pas de véritable espace pour le public », résume le maire.

Pour lui, le musée doit redevenir un pilier du rayonnement de la ville : « Quand on regarde les statistiques, les touristes viennent à Agen pour deux choses : la cathédrale Saint-Caprais et le musée. » D’où la nécessité d’une transformation profonde, à la fois tournée vers les visiteurs, les scolaires, les touristes… et vers la ville elle-même.
Fin annoncée pour l’aile Aunac
Le cœur du projet repose sur un geste fort : la déconstruction de l’aile Aunac, construite au XIXᵉ siècle pour augmenter les surfaces d’exposition mais considérée aujourd’hui comme une erreur urbaine. L’aile sera donc démolie, avec l’accord des Architectes des bâtiments de France. Et pour une raison simple : le décroutage réalisé ces derniers mois a mis au jour une façade Renaissance exceptionnelle, celle de l’hôtel Vergès. « Ce n’est pas un décroutage, c’est une révélation », insiste l’architecte du projet, Adelfo Scaranello. « On a découvert des ouvertures anciennes, une composition de façade très lisible… Des traces de l’histoire d’Agen qu’on va pouvoir montrer. » Cette découverte a convaincu les services de l’État.
Un grand hall ouvert, social et lumineux

Une fois l’aile Aunac retirée, un hall d’accueil ouvert sur la rue Chaudordy sera créé. Un espace entièrement dédié au public. « Vous voulez accueillir les visiteurs ? Donnez-leur de la place, traitez-les bien », résume Adelfo Scaranello. Ce rez-de-chaussée transformé en vaste open space servira à accueillir les scolaires, proposer des activités gratuites, offrir un bar, une salle de conférence, des vitrines donnant sur la rue. « C’est aussi une idée sociale : amener un public qui n’est pas celui des “sachants” habitués des musées », se rejoignent les porteurs du projet. Dès le trottoir, les passants verront désormais des œuvres et la façade redécouverte de l’hôtel Vergès.
Une visite qui commence… sur les toits d’Agen
Pour organiser le parcours dans un musée composé d’édifices hétérogènes, Adelfo Scaranello propose une idée qui a séduit les élus : commencer la visite par le haut. « Faites monter les gens sur les toits, faites-les commencer par une terrasse panoramique où ils verront la ville ». Une tour contemporaine, entièrement vitrée et très légère, desservira les niveaux. Elle doit permettre à chacun, y compris les personnes à mobilité réduite, de monter jusqu’au belvédère, avant de redescendre progressivement dans les collections. Cet ascenseur, dont l’intégration est encore discutée, se veut « transparent, pour lire ce qu’il y a derrière ». Un soin particulier sera apporté à la matière, une maille inspirée des toitures agenaises, pour un dialogue harmonieux avec les façades Renaissance. Le projet vise ainsi à réconcilier les hôtels particuliers historiques : Estrade, Vaud, Vergès, Montluc, et une architecture contemporaine assumée. Le planning, désormais stabilisé, annonce une vaste opération de plus de 15M€. Début du chantier à la mi-2026, pour une fin de travaux annoncée pour la fin d’année 2028.
Ce que les diagnostics ont révélé //
Cette opération qui a consisté à retirer plusieurs centimètres d’enduits accumulés au fil des siècles, a révélé une série de découvertes déterminantes. En tombant les couches successives, les équipes ont vu réapparaître d’anciennes fenêtres Renaissance, mais aussi des traces suggérant l’existence passée d’une petite tour médiévale. La façade a retrouvé sa symétrie d’origine, tandis que des fragments de voûtes et de maçonneries anciennes ont refait surface, témoignant de la richesse historique du lieu. Certaines pierres récupérées pourraient même être réemployées dans les futurs aménagements extérieurs. Autant d’éléments qui ont convaincu les services de l’État de la pertinence de déconstruire l’aile Aunac pour redonner à cette façade longtemps dissimulée toute sa place et sa valeur patrimoniale.





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