Politique : « Bon pilote », « grande vitesse », « sortie de route »… Quand le conseil municipal devient une course à l’élection

Lundi 15 décembre, l'assemblée municipale villeneuvoise votait le budget primitif 2026. L'occasion pour la majorité et son opposition de débattre du bilan de manière imagée.

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Après le débat d’orientations budgétaires, le conseil municipal a remis le couvert avec, lundi 15 décembre, le vote du budget primitif 2026. Le dernier du mandat. Alors forcément, les échanges promettaient d’être animés, avec une dimension très politique, sans jamais tomber de part et d’autre dans une forme d’invective trop discourtoise. Comme d’habitude, l’élue aux finances Sylvie Fourès a présenté les chiffres et les a, cette fois, accompagnés d’un commentaire : « Tout le mérite est à celui qui descend dans l’arène, il n’y a pas d’effort sans erreur mais nous progressons avec enthousiasme pour l’intérêt des Villeneuvois. » L’un des récents sujets de discorde portait sur l’évolution de la dette municipale et celui-ci est revenu sur le tapis. « Le remboursement de la dette est d’un niveau plus qu’acceptable avec un auto-financement idéal, une bonne maîtrise de la masse salariale, une imposition dont les taux n’ont pas bougé depuis le début de la mandature et des projets réalisés en concertation avec les citoyens », énumère Sylvie Fourès, complétée par son colistier Jean-Éric Rosier : « Tout investissement structurant, c’est de la bonne dette. Elle permet aux générations actuelles et futures d’en profiter. Heureusement que les ratios ont bougé ! » Le député, ex-maire et désormais candidat Guillaume Lepers n’est pas resté dans l’ombre et se dit « fier d’avoir un budget de mandat qui, à la fin, compte autant d’investissements. Villeneuve est en train de se transformer, est beaucoup plus attractive avec des finances saines ».

La guerre des mots

La métaphore automobile a permis à la majorité de décrire sa démarche lors de sa prise de fonction en 2020. « Le choix de la municipalité, c’était d’aller vite. Effectivement, on a accéléré par rapport à la précédente mandature. Tout était dans un état de décrépitude, plus rien ne tenait la route. Quand on avance à grande vitesse, tout l’enjeu est d’avoir un bon pilote, et on l’a eu, pour maintenir de bons ratios (ndlr, un taux d’épargne brute au-dessus des 10% et une capacité de désendettement inférieure à 10 ans). Comme sur un circuit, il faut savoir rester dans la course », illustre Sylvie Fourès.

Le premier opposant Thomas Bouyssonnie n’a pas manqué de rebondir : « Vous dites rouler à grande vitesse mais on a changé le pilote en pleine course, peut-être qu’on a frôlé la sortie de route », lâche-t-il en référence à l’intérim assuré par Gérard Régnier, à qui il a tout de même rendu hommage pour sa dignité dans la fonction de maire, après l’accession de Guillaume Lepers à l’Assemblée nationale. Inspiré lui aussi, le candidat de la gauche unie s’est fendu d’une anaphore relative à la gestion budgétaire des dernières années. « Est-ce bien raisonnable ? », s’est-il rhétoriquement interrogé au sujet du niveau d’endettement, de l’augmentation des frais de fonctionnement, des dépenses d’animations et de la masse salariale, de la dégradation des indicateurs de gestion. Il fut en revanche vivement critiqué pour son absence dans les commissions.

Le mandat Cassany attaqué

Là encore, l’équipe Lepers-Régnier a réexpliqué qu’en dépit des différentes crises traversées (épidémie de Covid, crise de l’énergie, incertitudes sur les dotations), « les engagements du programme ont été respectés » en plus d’avoir comblé ce qu’elle voit comme des manques sinon des absences de la période Cassany, à l’image de « l’état des routes catastrophiques » . Une attaque qui a fait bondir Frédéric Ladrech, rescapé de ce mandat 2014-2019. « Les piques m’incitent à venir ferrailler. « Vous n’avez rien fait », dites-vous. La maison de santé des Haras, l’accueil de loisirs Nelson Mandela, la voie verte, l’extension de Villeneuve Pet Food (ndlr, Deuerer aujourd’hui), la rénovation des crèches, l’aménagement des berges du Lot, la gratuité des transports urbain, la baisse du prix de l’eau, la station bioGNV, la rénovation de la halle Lakanal… Au lieu de critiquer ce que nous avons fait, vous auriez mieux fait de vous en inspirer un peu plus. Il est vrai qu’à cette époque, le maire avait terminé ses différents mandats, cela aidait pour mener les projets à leur terme. Au-delà d’un boulevard hors de prix et d’une politique d’animation digne d’un empereur romain, il ne restera de ce mandat qu’un appauvrissement de la ville et de ses comptes publics. Vous avez ruiné les efforts des précédentes municipalités. » Une saillie balayée par la majorité pour deux raisons : le mélange indissocié de dossiers municipaux, communautaires et départementaux ou encore le montant de l’épargne témoignant bien que « trop peu de choses avaient été faites ».

L’autre groupe d’opposition, affilié à l’union des droites et représenté par Freddy Gueudin est resté dans une posture d’observation pendant ces joutes verbales. Quoi qu’il en soit, la campagne électorale de ces municipales fait bien rage dans l’hémicycle villeneuvois.

Le budget 2026 en quelques chiffres //

En l’absence de budget de l’État et donc dans le flou vis-à-vis des dotations et de la mise à contribution des collectivités locales dans le redressement des comptes publics, le budget primitif 2026 de la commune de Villeneuve-sur-Lot a été « élaboré avec une grande prudence ». Le volet recettes, établi à 36,8 M€, part sur une base très proche de 2025, en espérant éviter toute mauvaise surprise. Les dépenses de fonctionnement suivent donc la même logique, avec une très faible progression. Certains crédits de gestion des services sont revus à la baisse. Les investissements de l’exercice devraient atteindre 10,6 M€. Les plus grosses enveloppes sont consacrées aux bâtiments communaux, aux terrains de sport, la voirie, les réseaux et l’éclairage public.

La culture, autre sujet de débat //

Outre le budget, majorité et opposition se sont écharpés sur la question de la culture. Les deux leaders de la gauche ont déploré la baisse de fréquentation du théâtre et du musée en l’espace de cinq ans : 17 500 spectateurs au théâtre en 2024 contre 20 000 en 2018, et chute de moitié des scolaires en visite au musée. « On partage le même objectif de rendre la culture accessible à tous mais l’objectif n’est pas rempli », note Thomas Bouyssonnie. L’adjointe au maire Anne-Marie Davelu-Chavin s’est insurgée de ce qu’elle considère comme un « manque d’honnêteté intellectuelle », estimant que la culture n’est pas une affaire de chiffres. « Notre politique culturelle s’est étendue sur les 19 communes de l’Agglo. Oser prétendre qu’il n’y en a pas eu, c’est malhonnête. » Guillaume Lepers avance quant à lui que le nombre de manifestations a été augmenté avec « encore plus d’ouverture ».

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