La nouvelle présidente d’UPSA, Isabelle Van Rycke, s’est exprimée pour la première fois publiquement sur la stratégie du groupe pharmaceutique à l’occasion d’un « petit-déjeuner de l’éco » organisé par Jean Dionis du Séjour.
Entre laconiques communiqués de presse, discussions internes avec les syndicats ou visites d’élus non ouvertes à la presse, il faut être une petite souris ou un médium pour savoir ce qu’il se passe vraiment dans les hautes sphères d’UPSA. Alors quand la toute nouvelle présidente du groupe pharmaceutique prend pour la première fois la parole en public, c’est forcément un événement. Ce vendredi 1er octobre, à l’occasion d’un « petit déjeuner de l’éco » organisé par l’Agglomération d’Agen, Isabelle Van Rycke, nommée en mai dernier, a accepté de présenter à des confrères chefs d’entreprise les contours de la stratégie de ce géant qui n’est rien de moins que « l’un des moteurs économiques d’Agen », selon les mots de Jean Dionis du Séjour. En effet, avec 1500 collaborateurs dont 1300 en Lot-et-Garonne et 3500 emplois indirects consolidés, la bonne santé d’UPSA est essentielle pour tout le territoire. En 2019, ce fleuron passait sous pavillon japonais avec Taisho après un quart de siècle (et non quart d’heure) américain avec BMS, suscitant autant d’espoirs que de craintes. Le long silence de Taisho n’a pas aidé à rassurer. Pour Isabelle Van Rycke, c’était la conséquence d’une « période de transition » qui touche à sa fin. Place maintenant à l’action. Et le discours semble rompre avec les pratiques du passé : « Nous avons connu entre 1994 et 2019 une période très longue avec un géant américain qui a investi dans l’outil industriel (ndlr, 350 M€ au total) mais ce géant a fait des choix : faire d’UPSA une vache à lait afin de générer des profits pour d’autres parties du groupe. Certaines mesures ont fait beaucoup de mal à cette formidable entreprise. Par ailleurs, on n’a plus investi dans l’outil commercial et oublié le potentiel d’UPSA. Je veux donc souligner l’importance de revenir dans une famille (ndlr, Taisho appartient à la famille Uehara) et non plus à un fonds d’investissement. Le mandat que j’ai de l’actionnaire est un mandat de croissance, pour développer leur plateforme à l’international. La vision à long terme doit ramener de la sérénité. Et nous comptons faire preuve d’irréprochabilité dans la politique sociale », explique la présidente.
1 – Le volet industriel
Créée en 1935 par la famille Bru, UPSA a longtemps été synonyme d’excellence et d’innovation « en comprenant les attentes des patients ». L’objectif est de la rendre « pionnière » à nouveau en l’emmenant « dans la nouvelle génération ». Avec toutefois quelques nuances. Il n’est pas question ici de recherche et développement de pointe pour des maladies rares. « On reste dans la santé grand public », confirme Isabelle Van Rycke. Les marques iconiques comme le Dafalgan, l’Efferalgan et leurs dérivés, le Citrate de bétaïne ou encore le Fervex sont des « produits matures » qui dessinent toujours la ligne directrice de l’établissement, à savoir « prévention, bien-être et mieux-vivre au quotidien ». La présidente souhaite voir le paracétamol reconquérir les hôpitaux, les pharmacies et les consommateurs. Ce qui n’empêchera pas UPSA de diversifier ses gammes pour aller vers de nouveaux « marchés dynamiques, prospères et à forte valeur ajoutée ». En attendant, l’enjeu est de « relancer les volumes dans nos usines, améliorer les coûts de fabrication, fiabiliser les équipements, optimiser les formules ». En perspective de la relance de la production, pas moins de 7 CDD ont d’ores et déjà été transformés en CDI. Côté export, UPSA veut renforcer sa présence notamment en Europe centrale et au Moyen-Orient. L’ambition est de retour !
2 – La dimension sociale
Ces dernières années, UPSA a été marquée par des drames humains et la nouvelle présidente n’a pas éludé le sujet. « Il y a eu une déconnexion entre la direction et les collaborateurs à laquelle il faut ajouter un contexte plein d’incertitudes », reconnaît-elle. En arrivant, elle a constaté un fonctionnement en silo, avec des séparations nettes entre les sites de Rueil-Malmaison et Agen. Isabelle Van Rycke affirme ainsi vouloir, avec son comité de direction, « rétablir un climat de travail serein ». Selon elle, « valoriser le capital humain est un pilier fondamental de la réussite ». Cela passera par « plus d’agilité » pour permettre à chacun de s’épanouir et en mettant fin à certaines règles et procédures édictées par BMS. La dirigeante prône plus d’écoute, de reconnaissance et de revalorisation. Isabelle Van Rycke se dit optimiste pour la suite grâce à « l’engagement formidable » des salariés. « On a tous le trèfle tatoué au cœur et on a envie qu’il rayonne. » Reste maintenant à savoir si ce beau discours sera suivi des actes.
3 – Développement durable
« Nous sommes dans l’idée de bien agir, le développement durable sera donc au centre de notre stratégie », souligne Isabelle Van Rycke. Outre les aspects sociaux et sociétaux évoqués ci-dessus, l’entreprise veut aussi s’améliorer d’un point de vue environnemental. Le mot « environnement » regroupant aussi bien la planète que le tissu local…
Au niveau de l’empreinte carbone, la ligne de conduite est claire : la neutralité le plus vite possible. Sur les approvisionnements en paracétamol, UPSA se fournit à l’heure actuelle aux Etats-Unis (et non en Asie). Mais le projet de relocalisation porté par Seqens, avec Sanofi, dans la boucle s’annonce comme une belle opportunité. « Nous avons pour objectif de sourcer une partie en France puis de monter en puissance. Nous n’avons aucun problème à acheter français un peu plus cher – mais pas le double non plus – étant donné qu’on éviterait les hausses de prix. Pour que ça puisse se faire avec Seqens, il faut fixer une certaine marge. Qu’acceptons-nous de payer en plus tout en restant compétitifs ? »
A plus petite échelle encore, le groupe pharmaceutique affiche sa volonté de mieux travailler avec ses voisins. « Aujourd’hui, 20% des fournisseurs sont lot-et-garonnais, ça pourrait être plus que ça. Il y a énormément d’entreprises dans le bassin qui sont innovantes et complémentaires, il faut qu’on se rapproche et qu’on trouve des opportunités de travailler ensemble pour rendre ce territoire encore plus attractif », appuie la présidente.
Enfin, le partenariat avec le SUA a été évoqué. S’il n’a pas été question de montant, ni de compétition, Isabelle Van Rycke a néanmoins indiqué son souhait d’œuvrer aux côtés du club pour promouvoir le sport, la santé et l’intégration des jeunes dans la société. « On va développer ce partenariat ! » Une bonne nouvelle pour un Sporting qui en a bien besoin…
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