LGV : oui, mais qui va payer ?

La LGV reliant Bordeaux à Toulouse est de nouveau au coeur des discussions. Si les avis divergent quant à son utilité, les élus locaux se rejoignent unanimement sur un point : la participation trop importante demandée aux collectivités.

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Le débat est relancé sur le grand chantier de la LGV Bordeaux-Toulouse. Le 27 septembre dernier, le Conseil d’Etat a rejeté une nouvelle demande d’annulation de déclaration d’utilité publique (DUP), formulée par plusieurs associations et élus issus des territoires concernés, dont le Lot-et-Garonne fait partie. Pour rappel, le dossier a été déclarée d’utilité publique en 2016. Mais depuis, le projet patauge. Et pour cause, la question du financement fait grincer des dents… 10 milliards d’euros sont nécessaires pour la construction de cette ligne. L’Etat sollicite une participation des collectivités égale à la sienne, soit 40% du budget global (les 20 % restant seraient à la charge de l’UE). En Lot-et-Garonne, on ne l’entend pas de cette oreille. Lors du dernier conseil communautaire, le président Jean Dionis a estimé que l’Agglo avait déjà rempli sa part du marché, notamment en investissant 10 millions d’euros sur la section Bordeaux-Tours, dont elle n’a pas profité directement, selon lui. « Le Premier ministre, lors de sa visite à Agen en juillet, a commencé à désensabler le GPSO (Grand projet du Sud-Ouest, qui comprend les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax). Je suis pour ma part favorable au projet mais contre la participation financière que l’on nous réclame. C’est une affaire collective et donc une décision que l’on arrêtera ensemble », a-t-il assuré. Du côté de l’Albret, le conseil municipal de Montesquieu a voté à l’unanimité contre ce chantier, qui va provoquer la suppression 75 hectares de terres agricoles en tout genre. Des exploitations entières sont en péril. « Nous ne voulons pas de la LGV », a affirmé le maire de la commune, Alain Polo, rejoint par l’ensemble des élus qui craignent un « Albret saccagé ». Mais tous ont conscience de s’engager dans un combat déjà perdu d’avance.

Uneparticipation«inconcevable»

pourleDépartement

Pour le Département, même problème. La demande de participation financière a du mal à passer pour Sophie Borderie, tout comme pour les présidents des groupes constitutifs de cette assemblée. Ils n’ont pas manqué de rappeler que 35 millions d’euros ont déjà été investis sur Bordeaux-Tours de leur côté. « La participation demandée de 120 millions d’euros paraît à ce jour inconcevable. Le Conseil départemental ne peut accompagner financièrement ce projet dont le montant représente, pour exemple, la construction de huit nouveaux collèges. La levée d’un nouvel emprunt, quelles que soient les conditions, fragiliserait la situation financière du Département et dégraderait de manière inquiétante les ratios de gestion et notamment d’endettement », a déclaré la présidente lors de la session du 8 octobre dernier. Cette dernière a par ailleurs ajouté que la participation de l’État et de l’Europe restait largement insuffisante pour la réalisation de cette infrastructure d’envergure nationale et internationale. Une répartition de l’enveloppe également remise en cause par les élus régionaux. En effet, le sujet a été abordé lors de la très attendue session plénière du Conseil régional, ce lundi 10 octobre. Alain Rousset a présenté une communication sur le GPSO. Pour lui, il s’agit-là d’un « moment historique ». En face, certains n’ont pas hésité à faire part de leur mécontentement. Sans surprise, le groupe EELV est fermement opposé au projet, tandis que plusieurs départements restent réservés, à l’instar des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. Le compte à rebours est lancé, avec un timing très serré pour boucler le financement des collectivités. Il devra être présenté le 13 décembre aux élus régionaux.

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