Il y a quelques jours encore, Sébastien Cauwel pouvait apercevoir l’eau turquoise de la fenêtre de son bureau… Il a quitté la préfecture de Guadeloupe, où il exerçait le poste de secrétaire général et sous-préfet de Basse-Terre, pour revenir à Agen, ville qui tient une importance particulière dans son parcours. Nommé nouveau directeur de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire, assurant la suite de Christophe Millescamps désormais au ministère de la Justice, il a pris ses fonctions la semaine dernière, dans cet endroit qu’il connaît plutôt bien. « Après avoir suivi des études de droit, j’ai passé les concours administratifs et intégré l’Enap en mars 2003. J’ai réalisé ma formation dans cette école qui n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui, bien plus petite puisqu’elle en était à sa troisième année d’existence », se souvient-il. S’ensuit un parcours riche d’expériences variées sur le territoire. Sorti major de sa promotion, il a exercé pendant six ans en tant que directeur adjoint dans le milieu, d’abord à la maison d’arrêt du Val d’Oise, puis à celle de Bordeaux-Gradignan. Des établissements très différents qui lui ont permis de s’aguerrir, avant de partir sur l’île de beauté au sein du centre pénitentiaire de Borgo, en Haute-Corse. « A cette époque, le ministère de l’Intérieur recherchait des profils atypiques pour alimenter le corps préfectoral. Je ne cherchais pas à tout prix à quitter l’administration pénitentiaire, mais c’était une opportunité intéressante à saisir. »
L’avenir de la profession passe par l’ENAP et les enjeux sont colossaux. L’établissement doit être en capacité d’accueillir des promotions encore plus grandes.
Sébastien Cauwel, nouveau directeur de l’ENAP
Ce dernier a finalement été recruté en tant que sous-préfet à la direction interrégionale des services pénitentiaires de Bordeaux, avant un passage à la préfecture du Finistère, « où j’ai eu à gérer pas mal de crises, entre des tempêtes meurtrières, ou encore l’essor du mouvement breton des Bonnets Rouges, l’ancêtre des Gilets Jaunes », explique-t-il. Il a ensuite intégré le Conseil départemental de Vendée pendant quatre ans, en tant que directeur général des services, « une expérience enrichissante qui m’a permis de comprendre le fonctionnement d’une telle collectivité et d’avoir un autre regard. » Finalement, il retrouve le corps préfectoral en 2018 dans l’Essonne, en tant que sous-préfet et directeur de cabinet, avant son départ en Outre-mer. Un changement radical, tant sur le climat que sur l’ambiance. Si Sébastien Cauwel n’en oublie pas les aspects positifs, il a aussi vécu de près les dernières crises sanitaires et sociales qui ont surgi en Guadeloupe fin 2021, d’une extrême violence.
Projets majeurs sur les trois prochaines années
Avec un curriculum vitae, vous l’aurez compris, bien rempli, il a donc pris un virage important dans sa carrière, désormais à la tête de l’école qui l’a formé… « Pour la petite histoire, c’est mon épouse qui un matin m’a informé que le poste de directeur de l’Enap était vacant, persuadée que cela pourrait m’intéresser. Je me suis interrogé, car je n’avais pas du tout envisagé endosser une telle fonction, mais il faut dire que mon attachement à cette école a joué. Je reste un pénitentiaire de cœur et de formation ! De plus, j’ai toute ma belle-famille ici, cela sonne véritablement comme un retour aux sources. » Ce dernier ne cache pas son plaisir de revenir en terre lot-et-garonnaise, avec sa femme et ses trois enfants, conscient de l’honneur qui lui est fait mais aussi des enjeux majeurs à venir. « Nous formons ici l’ensemble des personnes de l’administration pénitentiaire et les accompagnons jusqu’à leur titularisation, l’avenir de la profession passe par l’Enap et les enjeux sont colossaux. L’établissement doit être en capacité d’accueillir des promotions encore plus grandes. » C’est dans cet objectif que d’importants travaux ont été engagés sur le site agenais, avec 60 millions d’euros investis, pour augmenter, entre autres, la capacité hôtelière. Le quatrième village d’hébergement a d’ailleurs été inauguré en janvier dernier permettant de proposer 900 lits supplémentaires. « A terme, nous pourrons loger 2 000 élèves en simultané, quand nous étions à environ 1 500 avant la crise sanitaire. Cela nous permettra d’être totalement autonomes, puisque nous devions auparavant utiliser des hôtels à proximité », détaille Jean-Philippe Mayol, directeur adjoint. Cela s’accompagnera, l’an prochain, par la restructuration de la zone de restauration pour un meilleur confort. Le projet majeur qui guidera le mandat de Sébastien Cauwel sera le futur pôle aquitain en criminologie appliquée prévu pour 2025, sur un terrain cédé pour un euro symbolique par l’Agglomération. « Il a plusieurs objectifs, déjà d’améliorer les connaissances en criminologie, entre études des questions de violences et des comportements de la population pénale. Le but est aussi d’ouvrir notre établissement au public, c’est pourquoi ce pôle sera accompagné d’un espace muséal pour inviter à découvrir plus en détail notre administration. Nous avons la volonté d’y tenir des évènements réguliers, comme des conférences. C’est aussi l’opportunité de continuer à faire rayonner l’Enap au-delà du territoire national, en faisant venir des chercheurs internationaux. » Dans les prochains jours, le nouveau directeur rencontrera les élus, impatient de commencer son intégration dans le tissu local.
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