Olivier Naboulet, nouveau procureur de la République d’Agen : « Ce qui m’anime, c’est faire en sorte d’aider les gens »

Installé depuis septembre 2022 en lieu et place de Manuelle Garnier, Olivier Naboulet, 56 ans, est le nouveau procureur de la République d’Agen, auprès du tribunal judiciaire. Après avoir passé quatre ans dans l’Aveyron, à Rodez, c’est un retour dans le département pour le nouvel homme fort de la justice en Lot-et-Garonne.

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Quidam Hebdo : Vous faites votre retour par la grande porte au tribunal judiciaire d’Agen, où vous avez exercé pendant 11 ans.

Olivier Naboulet : C’est en effet un retour à Agen pour moi puisque j’y étais arrivé en 2007 comme juge au tribunal de grande instance où j’étais en charge des affaires familiales et du contentieux civil. Je reviens aussi dans ma région étant donné que je suis originaire du Périgord. J’ai connu un cursus assez classique qui m’a amené à côtoyer de manière très concrète la vie des gens. Cela a notamment été le cas lorsque j’étais à la présidence du tribunal des affaires sociales de Lot-et-Garonne. J’ai pu faire en sorte d’aider les gens. C’est ce qui m’anime. J’ai ensuite été vice-procureur placé, toujours à Agen. C’est un poste qui rayonnait sur trois juridictions : Lot-et-Garonne, Lot et Gers. J’intervenais là où il y avait des besoins supplémentaires. Cela a demandé beaucoup de disponibilité, de curiosité et une capacité d’adaptation. Suite à cela, j’ai donc été pendant un peu plus de quatre ans, à partir de janvier 2018, nommé procureur de la République à Rodez.

Q.H. : Quels sont les points communs entre le tribunal judiciaire de Rodez et celui d’Agen ?

O.N. : Ce sont deux tribunaux qui ont des compétences départementales. Je vais être tout aussi bien concerné par un événement ou une situation se produisant place des Jacobins comme à Houeilles, Lauzun ou Monflanquin. Avant de partir de Rodez, j’ai obtenu la création d’un cinquième poste de magistrat. A Agen, nous en avons huit mais tout le monde s’accorde à dire qu’il en faudrait dix. C’est l’un de mes grands chantiers. Ce sont des besoins connus et reconnus par le ministère mais qui ont bien évidemment un coût financier car cela nécessite aussi de créer des postes de greffiers. Le parquet, c’est toute une équipe de magistrats dans le cadre de la justice pénale de proximité. Depuis deux ans, il y a une évolution majeure avec la possibilité de recruter des contractuels. C’est le cas de nos deux juristes assistants qui accompagnent les magistrats dans la préparation des audiences ou encore d’une assistante spécialisée dans les violences intrafamiliales.

Q.H. : Quelles sont vos priorités en matière de politique pénale ?

O.N. : J’ai fixé plusieurs priorités : la lutte contre ces violences et notamment conjugales, celle contre la délinquance routière, contre les trafics ou encore les atteintes à l’environnement. Il ne faut pas oublier que nous avons une riche biodiversité dans le département et nous devons la préserver. Le tribunal judiciaire d’Agen est un pôle de l’environnement et d’instruction ce qui fait qu’une affaire ou une atteinte grave à l’environnement en Lot-et-Garonne, dans le Lot ou dans le Gers, serait traitée ici. Enfin, je serai très attentif aux atteintes contre les dépositaires de l’autorité publique.

Q.H. : L’actualité récente a été marquée par une voiture de police percutée par des mineurs à Villeneuve-sur-Lot. Quelle réponse comptez-vous apporter ?

O.N. : Sur ce point précis, mon pouvoir de coercition est limité car ce sont des mineurs inconnus de la justice. On ne peut donc pas prendre de mesure de détention provisoire. Nous avons choisi de les faire juger rapidement avec une audience programmée début janvier. Il ne faut pas oublier que nous sommes le département marqué par l’accident ayant coûté la vie à la majore Mélanie Lemée. De manière générale, je constate une hausse de l’irrespect sur les règles de vie en commun et cela impacte notamment les personnes chargées d’une mission de service public qu’ils soient pompiers, gendarmes ou policiers, comme inspecteurs du travail ou chargés d’accueil à la CAF. Dans le cas des policiers percutés à Villeneuvesur-Lot, je comprends l’émoi de la population et de la profession. C’est un phénomène qui traduit une évolution de certains comportements. J’ai du mal avec le fait de ne pas faire attention à autrui. Les chiffres de la délinquance sont en baisse mais j’ai l’impression que ce n’est pas le cas des actes graves.

Q.H. : Quels sont vos liens avec les différents services d’enquête ?

O.N. : Du côté de la police nationale, il y a la direction départementale de la sécurité publique mais également une antenne de la police judiciaire de Bordeaux. Pour la gendarmerie, nous avons des brigades de recherche à Agen, Marmande et Villeneuve-sur-Lot, ainsi qu’une délégation de la section de recherche bordelaise. C’est tout à fait précieux car il s’agit de services très spécialisés et qui sont mobilisables rapidement. J’ai aussi la possibilité de travailler avec les douaniers, l’inspection du travail ou encore l’Office français de la biodiversité (OFB). Ils sont particulièrement intéressés sur le sujet de la ressource en eau ou encore sur un fait d’actualité avec la chasse et la nécessité de respecter des règles pour contribuer au mieux vivre ensemble.

Q.H. : Avec un rayonnement départemental, vous avez aussi un rôle important dans la justice pénale de proximité.

O.N. : Sur ce point, je peux bénéficier de l’appui des délégués du procureur. Ils sont cinq dans le département et travaillent pour le ministère de la justice. L’idée est d’avoir un maillage territorial cohérent pour des dossiers qui ne vont pas à l’audience mais qui méritent d’être traités. Je leur confie de notifier les décisions, de mettre en œuvre des stages ou les rappels à la loi. On n’a pas les moyens de tout faire juger au tribunal judiciaire donc on développe ces outils qui sont des alternatives aux poursuites et qui évitent d’avoir un casier. Ce sont des sanctions qui vont être financières et temporelles. Dans le même temps, la personne va recevoir un message. C’est notamment le cas des travaux d’intérêt général (TIG). J’estime que les maires ont un vrai rôle à jouer là-dedans. Nous devons les aider sur cette petite délinquance. Dans l’idéal, il devrait y avoir un poste de TIG dans chaque commune. Il ne faut pas oublier que ce dispositif est une belle alternative à la prison et que c’est ce qui nous attend si on ne le respecte pas. Je veux aller vers les élus pour leur présenter ce système et c’est d’ailleurs ce que j’avais entamé à Rodez.

Q.H. : Vous vous êtes également mis à la communication en rejoignant Twitter.

O.N. : Je reste persuadé que si le monde judiciaire jouit d’une mauvaise réputation, c’est que son fonctionnement est inconnu du grand public qui reste trop timide vis-à-vis de cela. Il ne faut pas oublier que les audiences sont publiques mais personne ne vient. Ceux qui représentent l’autorité judiciaire doivent donc être capables de communiquer de manière moderne. Nous sommes déjà 166 procureurs à le faire sur toute la France. Sur le compte @ProcureurAgen, l’objectif sera donc de pouvoir expliquer ce qui se fait dans la juridiction puis exposer des faits

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