Budget primitif : le Département fait-il trop preuve de prudence ?

Après avoir débattu il y a un mois autour des orientations budgétaires de l'année 2023, le Conseil départemental est passé au vote dudit budget. L'opposition a quant à elle souligné un plan en manque d'ambitions.

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Avec la session de vote pour son budget annuel, le Conseil départemental de Lot-et-Garonne a validé un nouveau temps fort de son année 2023. Caractérisé par « une double exigence, celles de protéger les Lot-et-Garonnais et de faire grandir ce territoire », le budget annoncé le 24 février dernier promettait un montant de plus de 500M€, soit un record pour le Département. Un mois plus tard, le 24 mars, les attentes ont été confirmées par Christian Dézalos, vice-président en charge des finances. « Nous comptons 524M€ de budget cette année. On parle là d’une augmentation de 9,6%. Nous pouvons assumer dès aujourd’hui une politique ambitieuse », confirme-t-il. Convaincue qu’il serait irresponsable de se priver de marges de manœuvre face aux incertitudes du temps, la majorité départementale se veut précautionneuse. « Les résultats budgétaires 2022 sont favorables mais il serait naïf de penser qu’il en sera du même état chaque année. Notre bon budget n’assure pas forcément un avenir optimiste », a rappelé la présidente Sophie Borderie. Comme exemple, le vice-président Dézalos précise la nature de l’épargne brute établie pour 2023. « Elle est de 16M€, en nette diminution par rapport à des années précédentes. C’est en tout cas insuffisant pour rembourser le capital d’emprunts », argue-t-il, pointant l’existence d’une épargne de précaution à hauteur de 10M€. Parmi les futurs 114M€ de dépenses d’investissement, on retrouve notamment 89M€ pour les nouveaux équipements. Aussi, 40M€ sont prévus pour le budget accordé aux routes ou encore 25M€ pour le remboursement de capital de la dette. A noter qu’un plan gymnase a aussi été évoqué pour l’avenir.

« Ne restez pas des angoissés »

A l’heure des débats, l’opposition a une nouvelle fois remis sur la table les arguments déjà avancés en débat d’orientations budgétaires. Pierre Chollet est le premier à avoir sonné l’alarme : « L’heure est à la transparence et non à l’opacité de vos schémas. On peine à voir les actions réalisées par votre majorité. Qu’en est-il de votre épargne de précaution ? Notre Lot-et-Garonne peut-il se la permettre quand nos habitants souffrent ? Vous continuez votre gestion en sous-estimant volontairement les recettes. Vous manquez l’opportunité de tirer le 47 vers le haut ». Le 1er vice-président Nicolas Lacombe lui a alors répondu, argumentant que « l’on garde de la prudence pour servir les Lot-et-Garonnais. Ce n’est pas un choix mais une obligation, on y tient. C’est de l’argent qui sera dans tous les cas dépensé pour le département. » Quelque peu éreinté, Pierre Chollet s’est alors plaint d’un trop-plein de prudence de la part de la majorité. « Vous avez été dans la prudence pour vous protéger, mais l’Etat va venir chercher nos excédents. Ne restez pas des angoissés de l’effet ciseau. En 2017, Pierre Camani (Ndlr, président du Conseil départemental à l’époque) voulait se sortir de difficultés lourdes pour le département et il n’a pas été aidé. Nous ne sommes plus dans le même contexte. » L’ancien sénateur lui a alors répondu de manière véhémente : « L’effet ciseau est bien là, qu’est-ce qui te dit que tu peux te permettre de dire ça ? On est à deux doigts d’une crise bancaire mondiale. On ne peut pas savoir si cette situation va durer dix ans ». Même si elle a salué certains points du budget, l’opposition a voté contre ce dernier. Un excès de tradition presque « faux-cul » selon le vice-président Daniel Borie. En tout cas, le budget a été adopté par le Conseil, permettant de ligne les lignes directrices du Département en 2023.

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