La Chambre d’agriculture 47 sanctionnée financièrement par l’Etat

Déjà fortement remise en cause pour ses agissements lors de la venue de Marine Tondelier, la Chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne n'est pas non plus épargnée par l'Etat qui vient lui réquisitionner 1,5M€, au terme d'une affaire qui aura fait débat.

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Cela fait bientôt un mois que la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne est sur le devant de la scène à tous les niveaux. Récemment, elle s’était illustrée en perturbant le déplacement dans le département de Marine Tondelier, secrétaire nationale du groupe d’Europe Ecologie les Verts (EELV).
Pour rappel, cette dernière devait se rendre pendant la dernière semaine du mois de mars dans plusieurs villes du Lot-et-Garonne. Cependant, ce déplacement intervenait peu après les affrontements de Sainte-Soline (Ndlr : Deux-Sèvres), où les protestations de militants écologistes contre la construction d’une méga-bassine de rétention d’eau ont mené à des débordements avec les forces de l’ordre. Une visite malvenue pour le président de la Chambre Serge Bousquet-Cassagne, qui avait alors fait part de menaces dans un communiqué adressé à la politicienne : « Votre idéologie ne trouvera pas d’écho auprès de ceux que nous représentons. Pire, en les stigmatisant, les réduisant à n’être que des criminels environnementaux et en déconstruisant la ruralité, elle attise une haine que l’on entend gronder au fond de nos campagnes pour qui sait l’écouter. Ne venez pas chez nous, ça va mal se passer ! Notre territoire ne saurait être un lieu de prêche pour vos inepties ».
Ce à quoi la secrétaire d’EELV avait alors répondu : « Mon passeport français m’autorise à aller dans le Lot-et-Garonne où une journée de travail m’attend au service du territoire. Et un président de chambre d’agriculture n’a pas à intimider ni menacer une cheffe de parti. Je suis non-violente, ouverte et républicaine. Et vous ? » S’en est alors suivi une partie de cache-cache de le jour J. Marine Tondelier annoncée du côté de Marmande, puis de Villeneuve-sur-Lot dans son programme, la Chambre d’agriculture et la Coordination rurale 47 avaient pris le parti de se positionner sur deux ronds-points du Villeneuvois, afin d’ « empêcher » sa venue. Bien que pensant avoir bloqué le convoi amenant la politicienne à l’entrée d’un giratoire, les protestants ont rapidement pris conscience d’une déconvenue en apprenant qu’elle était en réalité à Marmande. Son changement de programme de dernière minute était-il un leurre ? Cette affaire n’a pas manqué de faire réagir, divisant une fois de plus les élus locaux.

Un nouveau coup sur la tête

A côté de cela, la Chambre d’agriculture n’était pas à son premier accrochage annuel avec les instances politiques nationales, son budget pour l’année 2023 n’ayant pas été validé par le Préfet du Lot-et-Garonne. En cause, l’exonération de créances auprès de plusieurs institutions, une histoire qui remonte à 2015 maintenant. Pour comprendre, La Chambre est débitrice de 1,7 million d’€ auprès de la Chambre d’agriculture de France, de 1,4 millions d’€ pour la Chambre régionale de Nouvelle-Aquitaine et le centre d’études des palmipèdes du Sud-Ouest. En refusant un prélèvement forfaitaire et des contributions de 300 000€, la CR47 s’est mis l’Etat à dos pour que « l’argent des Lot-et-Garonnais reste entre les mains des Lot-et-Garonnais ».

La date butoir passée

En conseil le 15 mars dernier, le ton était déjà monté entre Serge Bousquet-Cassagne et Jean-Noël Chavanne, au sujet des comptes de la Chambre. La fin du mois avait été objectivée pour parvenir à une entente, en vain. Sur ses réseaux sociaux, dans une tribune nommée « Même pas mal », Serge Bousquet-Cassagne a fait part de la décision préfectorale. « en catimini, comme un brigand, l’Etat a volé aux lot-et-garonnais 1 million 550 000€ pour le jeter dans le puits sans fond des instances chambres d’agriculture Parisiennes et Bordelaises. Nous payons là, le si nécessaire lac de Caussade. Nous payons là, notre solidarité si dissonante dans ce monde d’égoïstes […] Si ce vol qualifié était pour solde de tout compte, nous nous en accommoderions, sauf notre honneur ! Ce n’est pas le cas. » Au passage, le président de la Chambre place une nouvelle pique à Marine Tondelier. Affaire à suivre pour la Chambre d’agriculture qui compte bien contester cette sanction.

La réponse de la préfecture

Les débats ne pouvaient pas s’arrêter ici. La préfecture a tenu a recadrer certains propos du président de la chambre consulaire. « La dette dont il parle est une dette du Lot-et-Garonne vis-à-vis de tous les autres agriculteurs de France. Or, c’est bien de refuser de payer ses dettes en bon père de famille qui s’apparente à un vol, sûrement pas le contraire. Le texte parle d’une action « en catimini », il n’en est rien. La chambre aurait trouvé là maintes occasions de payer sa dette sans attendre que la contrainte légale et un jugement l’y obligent. Comparer une facture aux exactions d’une milice envers des civils, ou comparer l’action syndicale, toute légitime qu’elle soit, à l’engagement de soldats mourant au combat n’est pas acceptable. Depuis deux ans, deux épisodes de gel et bien d’autres occasions ont montré que la solidarité nationale n’avait pas été comptée aux agriculteurs lot-et-garonnais. Elle continuera dans le respect du dialogue, des missions et des responsabilités de chacun. »

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