Economie : ACIS, un fleuron de l’industrie textile made in 47

Implantée sur le bassin fumélois avant son déménagement prochain à Villeneuve-sur-Lot, cette entreprise au savoir-faire unique entre dans une nouvelle ère grâce à son actuel dirigeant.

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Tous les jours, des milliers d’automobilistes sur la route reliant Villeneuve à Fumel passent devant. Et pourtant, ils sont peu nombreux à savoir ce qui se passe chez ACIS. L’entreprise a beau fêter ses 60 ans cette année, la discrétion est l’une de ses marques de fabrique. Mais à l’image du nouveau dirigeant Elidio Esteves, qui a repris les rênes en octobre 2021, l’Atelier de confection industrielle spécialisée commence doucement à ouvrir ses portes, révélant un remarquable savoir-faire ainsi qu’un plan de développement ambitieux.

Déménagement, embauches et industrialisation

D’ici 24 à 36 mois, c’est du côté de Villeneuve-sur-Lot que l’aventure se poursuivra. ACIS a fait l’acquisition auprès de la CAGV d’une parcelle de 9000 m2 dans la ZAC du Villeneuvois sur laquelle sera construite une nouvelle usine de 1000 m2. Cela n’empêche pas le site actuel de Condezaygues d’être lui aussi en pleine transformation.

En moins de deux ans, les effectifs sont passés de 8 à 13 ETP (équivalents temps-plein). Et les embauches ne sont pas encore terminées. « Il fallait non seulement répondre aux nouveaux marchés qui se sont ouverts à nous mais également mieux structurer l’entreprise. Si la qualité du travail effectué n’a jamais été remise en question, il y avait des choses à revoir du côté de l’organisation : gestion des ressources humaines, création d’un bureau d’études et d’un pôle qualité, mise en place d’un nouvel ERP (ndlr, logiciel d’entreprise), amélioration des process. L’objectif est de passer d’un stade artisanal à une dimension plus industrielle, sans perdre en flexibilité », souligne Elidio Esteves, qui a par ailleurs rejoint le programme « Usine du futur » de la Région Nouvelle-Aquitaine.

Des produits techniques pour la Défense

Pour comprendre ce souci d’exigence à tous les échelons, il faut se plonger dans le cœur de métier d’ACIS. Les pièces manufacturées en ce lieu sont ce que l’on peut appeler des produits à très forte valeur ajoutée. « Nous faisons du prototypage, des petites et des moyennes séries en textile technique », résume le gérant. Parmi les nombreuses références, on retrouve des filets, des sangles, des bâches, de la bagagerie, de la sellerie. Mais c’est en regardant le type de clients que l’on saisit véritablement de quoi il s’agit. Le monde de la Défense (Nexter, Arquus…) est très bien représenté, tout comme l’aéronautique civil et militaire (Dassault Aviation), l’aérospatial, les communications… Autant de domaines dans lesquels aucune approximation n’est permise. « Pour des raisons de confidentialité, on ne peut pas entrer dans le détail de tout ce que l’on crée ici, glisse Elidio Esteves. Mais pour donner une petite idée, on fabrique par exemple les bâches qui servent à protéger les réacteurs des avions de chasse Rafale, des porte-missiles, des nacelles qui vont dans la stratosphère. »

L’établissement lot-et-garonnais est le pendant technique des ateliers français de haute-couture qui fournissent les plus grandes maisons de la mode, et dont la transformation inspire aujourd’hui ACIS. « Les compétences et savoir-faire de notre équipe constituent un patrimoine précieux, affirme le patron. Nous sommes fiers de le préserver sur ce territoire mais aussi de le développer grâce à une croissance à deux chiffres. J’ai en tête plusieurs idées de secteurs à conquérir dans un avenir proche. » Cette belle histoire est donc loin d’être finie !

Comment Elidio Esteves a trouvé sa pépite

Âgé de 47 ans, le nouveau patron d’ACIS n’est pas un pur produit de l’industrie textile. Son domaine de prédilection serait plutôt l’agroalimentaire. « J’ai travaillé pour des PME et des grands groupes, principalement à l’international. J’ai beaucoup bougé : Amérique du Sud, sous-continent indien, Sénégal, Turquie… J’ai participé à de beaux projets, à des implantations de filiales. Je m’étais donné une quinzaine d’années pour gagner en compétences avant de revenir en France pour créer ou reprendre une entreprise. Je me suis entouré de spécialistes pour chercher la bonne opportunité. Je visais une entreprise avec un très fort savoir-faire français, un outil de production, un marché de niche qui pouvait se développer et des clients de premier rang. Quand j’ai vu le dossier ACIS, j’ai tout de suite été emballé. L’acquisition s’est faite en moins de six mois », raconte Elidio Esteves. Cet entrepreneur originaire de la région parisienne s’est rapidement acclimaté à son nouvel environnement professionnel et a pu s’appuyer sur des salariés très investis. Viviane, couturière devenue contremaître et véritable pilier d’ACIS, a notamment accepté de repousser son départ à la retraite pour accompagner cette phase de transition en y apportant sa précieuse expérience.

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