Agen : visite dans les entrailles du Pont de pierre

Les travaux à venir sur le Pont de pierre suscitent déjà de vives discussions. Avec une estimation de 4 millions d'euros et une durée de deux ans, ce projet d'envergure orchestré par le Département vise à renforcer la structure et à moderniser cette icône urbaine, essentielle pour le flux quotidien de 30 000 véhicules

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Ils font grandement parler alors qu’ils n’ont même pas commencé. Les travaux du Pont de pierre. Ce vieux monsieur au chevet duquel se tient le département va subir un lifting dans les règles de l’art sur deux ans. Mais quel est le véritable diagnostic qui motive ce coup de bistouri ? Pour mieux comprendre, il faut explorer le pont sur lequel 30 000 automobilistes passent chaque jour sans avoir idée de ces fragilités. Pour ce faire, il faut suivre le guide, Jean-Luc Prost, chef de service ouvrages d’art du Département. Comme tous les ouvrages d’art du Département, celui-ci fait l’objet d’une surveillance particulière : des visites annuelles et des inspections détaillées tous les 5 ans (dont visites subaquatiques). Il fait donc régulièrement l’objet de travaux d’entretien. La dernière opération sur cet ouvrage remonte à l’été 2017 et a notamment permis de renforcer la poutre d’about de l’ouvrage en rive gauche pour un montant de 200 000 €. « Nous allons tabler sur deux ans de travaux », explique Jean-Luc Prost. « Nous avons de nombreuses contraintes avec lesquelles il faut composer : la météo, la circulation, les conditions hygrométriques…. »

« Les fissures, ce n’est pas normal »

Dans ces travaux, la partie la plus impressionnante et la plus technique consistera au remplacement de galettes en caoutchouc sur lesquelles reposent le pont. Pour ce faire, il faudra… soulever ce géant de béton. Soit plusieurs milliers de tonnes pour lesquelles il faudra compter 3 à 4 heures pour remplacer ces galettes. Des travaux qui demanderont une météo clémente mais aussi un total arrêt de la circulation sur le pont. « Il y a de grandes chances que ces travaux aient lieu la nuit et au matin, personne ne se rendra compte que le pont aura été soulevé », explique Jean-Luc Prost. Sur la partie supérieure, il sera question de remplacer les corniches et gardes-corps, changer les appareils d’appui et renouveler la couche de roulement, renforcer le tablier par collage de fibre en carbone mais aussi les joints à chaque extrémité du pont. Ces derniers servent à absorber les mouvements de dilatation du pont. Il sera aussi l’occasion pour le département de revoir la distribution des voies de circulation : si aujourd’hui l’ouvrage compte 6 voies de circulation dont deux voies de bus, il n’en comptera par la suite plus que 4 tandis que deux voies réservées aux mobilités douces seront installées de chaque côté. À l’intérieur de ce géant de béton, les affres du temps se font sentir. Dans l’espace exigu où on manque de se cogner la tête malgré la taille imposante de l’ouvrage, ces petits bobos du pont se font voir sans mal. Fissures et infiltration d’eau sont au centre des attentions. « Si elles ne sont pas inquiétantes, cela n’est tout de même pas normal », explique le chef de service. « Concernant les infiltrations, nous allons récupérer l’eau de pluie dans des bassins installés en contrebas, sur les rives de la Garonne. »

4M€ de travaux

Au total, ce grand chantier avoisinera les 4M€. Un chantier mené par le Département de qui dépend le pont. La durée des travaux devrait s’étaler de 2025 à fin 2026, un choix privilégié pour ne pas pénaliser le trafic sur l’ouvrage. « Chaque jour, ce sont 30 000 véhicules qui empruntent le pont et c’est un gros enjeu économique. On veut en sorte de pénaliser le moins possible la circulation », explique Jean-Luc Prost. « Nous sommes encore en phase de discussion avec les collectivités pour affiner la phase d’alternance et nous serons contraints de composer également avec la météo. »

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