Christian Delbel : « Je ne suis pas un rebelle permanent et si on s’oppose, il faut emmener des solutions»

Christian Delbrel est le maire de Pont-du-Casse depuis 10 ans et cette année, sa commune célèbre l'implantation d'une nouvelle brigade de gendarmerie qui desservira tout le nord agenais. Retour sur ce projet réalisé en un temps record et sur l'avenir de la commune cassipontine que l'élu voit déjà "rayonnant".

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Quidam Hebdo : Christian Delbrel, vous êtes maire de la commune de Pont-du-Casse depuis 10 ans mais on peut dire que cette année 2024 est à marquer d’une pierre blanche pour les cassipontain ?

Christian Delbrel : De façon très claire, oui c’est une grande année pour Pont-du-Casse, une très grande nouvelle pour le nord agenais et même pour le département. Fin 2023, il a fallu tout faire en un temps record, les dossiers ont été déposés auprès de la gendarmerie pour l’attribution de la gendarmerie en dur. Il y a eu des arbitrages avec des parlementaires pour départager cinq candidats du nord agenais qui avaient été ciblés car il s’agissait là d’un territoire faisant « trou dans la raquette » pour la gendarmerie nationale. Je suis monté moi-même à Paris, place Beauvau, le 23 janvier, une date clé qui résonne comme un moment inoubliable dans mon esprit, pour défendre le dossier appuyé par la sénatrice Christine Bonfanti-Dossat.
L’attente a par la suite été longue avant que, lors de la visite du président et du ministre de l’Intérieur à Tonneins, on annonce que la brigade fixe serait déployée à Pont-du-Casse. Une fierté immense dans la mesure où nous avions bien travaillé, là j’englobe bien sûr tous les élus et les agents qui m’ont accompagné dans ce projet. Il a fallu se battre, cela n’a pas toujours été facile, nous avons dû faire face à des vents contraires donc c’est une très belle victoire pour la commune et c’est surtout un service public qui revient dans les territoires, un service de proximité et de sécurité qui rassure dans le contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui. Nous étions ciblés pour 2024 donc il s’agissait d’une véritable course contre la montre. Il y a eu des rencontres avec le colonel Houzé et avec ses services pour voir ce que nous étions en place. Je l’avais dit à l’époque, et ce n’était pas pour faire la une des journaux, et je le redis aujourd’hui, c’était le plus beau jour de ma vie d’élu car nous nous battons aussi pour ça. Nous prenons des coups à longueur de journée, nous réglons des problèmes de voisinages, nous allons chercher des subventions et là, quand on porte un projet comme cela qui se finalise et qui va marquer l’histoire de la commune, on est aussi élu pour vivre des moments comme ça. C’est quelque chose qui résonne dans l’esprit des gens, puisqu’on me parle encore aujourd’hui de la venue de cette brigade et c’est une victoire qui rejaillit.

Q.H : Quelle est l’importance de cette brigade pour votre territoire ?

C.D : Dans un temps record, nous avons transformé notre maison pour tous, qui était une salle dédiée à notre tissu associatif, en brigade territoriale autonome. Nous avons investi 150 000 € et nous en sommes fiers quand on voit le résultat aujourd’hui. Elle a ouvert le 1er mai dernier dans des conditions optimales, nous avons fait du provisoire qui pouvait durer. Elle dessert aujourd’hui les communes : Foulayronnes, Colayrac, Bajamont, Castella, Monbalen, La Croix-Blanche et Saint-Antoine-de-Ficalba. Auparavant, ces communes devaient se rabattre soit sur Laplume puis Puymirol soit sur Aiguillon. Cette brigade a d’ailleurs d’autant plus de sens pour le nord agenais que nous siphonnions 45 % des interventions de ces autres brigades sur notre territoire qui est un bassin de vie d’à peu près 16 000 habitants. Aujourd’hui, c’est d’autant plus important que nous le voyons, il y a de plus en plus d’incivilités, de dégradations publiques… Il est clair que la présence aujourd’hui de la gendarmerie est d’autant plus importante.

Q.H : C’était donc un grand projet pour la commune. Mais quelles sont les autres grands projets que vous entendez mener ?

C.D : Aujourd’hui, si la gendarmerie est la cerise sur le gâteau, nous sommes aussi sur une volonté d’une ville plus verte et autonome. Donc comment va-t-on le traduire ? En 2024, nous aurons plus de 5000 m² de panneaux photovoltaïques. Nous aurons un barnum entièrement couvert de panneaux solaires, la couverture d’un court de tennis, la création cet été d’un préau et des ombrières au stade portées par la SEM Avergies. Rien qu’avec ces deux derniers, nous allons pouvoir couvrir 90 % des dépenses énergétiques de nos 10 plus gros bâtiments : mairie, école, stades. Nous allons économiser 50 000 € par an pendant 30 ans avec ce projet grâce à un prix figé, le tout pour un investissement de 30 000 € sur le préau et les ombrières. En plus de renvoyer une image de ville plus verte et dans l’air du temps, nous faisons des économies. Ensuite, et nous avons déjà démarré, rénovation de nos écoles : isolation par l’extérieur, changement de menuiserie, réfection de la toiture… Pour 1,6 M€ sur deux tranches de travaux. Nous aurons aussi la voie verte, dont les travaux ont démarré, et qui nous emmènera jusqu’au canal et à l’éco-quartier sera livré à l’été. En 2025, nous aurons la portion qui nous emmènera vers Bajamont. Au total, nous avons des investissements de 4,6 M€ même si une partie de la voie verte est financée par la ville d’Agen pour une portion. L’idée est vraiment de se donner les moyens et d’investir vers de beaux projets structurants qui nous emmènent sur une ville plus verte et plus autonome.

Q.H : Certains parlent de vous comme un rebelle des conseils d’Agglomération, qu’en pensez vous ?

C.D : L’Agglo, le président le dit toujours, c’est une grande coopérative. Aujourd’hui, la commune de Pont-du-Casse contribue, à travers ses recettes fiscales, à l’Agglo en allant dans son pot commun. Souvent, on a tendance à dire à tort que les communes de la première couronne ne sont pas solidaires du territoire alors que c’est une erreur puisque ces communes, avec leurs zones artisanales et industrielles, participent justement au financement direct de l’Agglomération. Alors, après, nous avons aussi une double casquette, celle de notre commune et celle de l’Agglo. Ce qu’il faut comprendre c’est que si on est à l’Agglo, c’est que nous avons d’abord été élus dans nos communes. Il faut alors trouver un juste équilibre quand on défend les intérêts de nos propres concitoyens. Et c’est un petit peu le reproche que l’on me fait souvent, c’est de mettre en avant de défendre mes propres intérêts avant de défendre les intérêts communautaires mais je le revendique. Je me suis « battu » pour l’éclairage public et l’arrêt de la collecte des déchets verts parce que cela allait dans l’intérêt de ma propre population.
À contrario, aujourd’hui je suis plutôt favorable à la nouvelle délégation de service public pour les transports parce que cela va dans l’intérêt de ma population et je trouve que là, le président Dionis a raison en disant qu’il faut des lignes plus nerveuses. Si on veut dynamiser le réseau de transport, on doit passer par là mais je peux comprendre l’incompréhension des autres maires. Je ne suis pas un rebelle permanent, je raisonne toujours dans l’intérêt des Cassipontains et cela, c’est une position qui peut irriter, on me le reproche plus ou moins ouvertement mais je le revendique. On ne peut pas enlever à l’Agglo qu’elle porte de très beaux projets comme Camélat ou la LGV mais il faut que les maires puissent librement défendre les intérêts de leurs propres communes. Je suis pour des combats justes, des oppositions argumentées. On ne peut pas revendiquer des choses sans amener des contre-propositions.

Q.H : Comme vous le dites, vous défendez votre commune grâce à laquelle vous êtes aujourd’hui vice-président de l’Agglomération. Les communes de la première couronne comme Pont-du-Casse sont emmenée à être de plus en plus importantes dans l’avenir, qu’en pensez-vous ?

C.D : Notre slogan, c’est « une ville à vivre ». Nous avons tout pour attirer, nous n’avons d’ailleurs plus de logements disponibles, ce qui veut dire qu’il y a une vraie demande sur Pont-du-Casse. Autre atout, nous avons le taux d’imposition foncière de toute la première couronne, Agen compris ce qui, mine de rien, participe. Nous avons un vrai tissu économique avec 2000 actifs, grâce notamment à nos deux locomotives : La Candélie et De Sangosse plus une centaine de PMI/PME. Nous avons aussi et surtout, et ça nous en sommes fiers, quarante professionnels de santé dont 6 médecins libéraux. Nous avons vraiment planté les premiers projets, et je pense que l’avenir de la ville sera rayonnant.

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