Economie : les Vignerons du Bruilhois à leur tour dans le dur

Après Buzet, la crise du vin touche aussi cette autre cave coopérative emblématique du département qui entame une procédure de sauvegarde.

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Les mois se suivent et, malheureusement, se ressemblent pour l’économie viticole. La crise qui frappe l’ensemble du territoire national continue de faire des victimes au niveau local. Cette fois, c’est au tour des Vignerons du Bruilhois. La cave coopérative, à cheval entre les départements 82 et 47, a sollicité l’ouverture d’une procédure de sauvegarde auprès du Tribunal de commerce de Montauban au mois d’août. Si l’intervention de la justice a tendance à faire craindre le pire dans l’imaginaire collectif, elle n’a ici pour but que de trouver des solutions. « Nous sommes tous extrêmement soudés et combatifs afin de relever ce défi », affirme la directrice Delphine Leuillet.

Les difficultés sont multiples. Le vignoble du Bruilhois, comme bien d’autres, souffre des aléas climatiques avec une alternance de gels printaniers, de sécheresse caniculaire, de pluies excessives avec une épidémie de mildiou pour ne rien arranger. La production a ainsi baissé pendant cinq années consécutives pour atteindre son plus bas historique en 2023 avec 6900 hectolitres. La vendange à venir s’annonce tout aussi morose. À cela s’ajoute une hausse spectaculaire des coûts, en particulier pour les matières sèches (inflation de 40% pour le verre) et l’énergie avec des contrats dont le montant a tout simplement doublé. Et enfin, le plus gros problème, le marché du vin « complètement atone ». « Les chiffres sont clairs : on est passé d’une consommation de 120 à 130 litres par an et par personne dans les années 60 à une petite quarantaine aujourd’hui », déplore la directrice.

Des motifs d’espoir

Ces facteurs superposés les uns aux autres ne sont pas sans conséquences sur la trésorerie de la coopérative. Celle-ci, épaulée par le mandataire judiciaire, doit rapidement trouver des sources d’économie de charges à tous les niveaux de l’entreprise. « À ce stade, aucun plan social n’est prévu. Sur la quinzaine de salariés présents tout au long de l’année, nous allons nous limiter à des départs non remplacés », précise Delphine Leuillet. Et ce n’est pas le seul motif d’optimisme… D’un point de vue humain, en dépit des inquiétudes, la cave n’est pas en crise. Les vignerons du conseil d’administration, qui pèsent 80% de la production, sont pleinement en phase avec la gestion de la structure et ses collaborateurs. Tout le monde tire dans le même sens, sans conflit larvé. La dette est, certes, bien présente mais pour des investissements semble-t-il raisonnés : modernisation de la cuverie, toiture photovoltaïque… Les stocks, environ une récolte et demi d’avance, ne sont pas excessifs. Les ventes sont quant à elles plutôt bien réparties 20% en grande distribution, 50% par secteur traditionnel (cavistes, grossistes, CHR, boutique de cave) et 30% à l’export.

Et enfin, l’appellation Bruilhois a déjà entamé son adaptation au marché avec de nouveaux produits. Le rosé, moins impacté que le rouge, dépasse désormais 50% des volumes. Le surgreffage des cépages tannat avec du Muscat de Hambourg apporte aussi plus d’originalité aromatique. Ces produits, plus en phase avec la demande actuelle, pourraient amener de nouveaux débouchés commerciaux. C’est tout ce que l’on peut souhaiter aux Vignerons du Bruilhois qui souhaitent à tout prix poursuivre leur belle histoire sans passer par l’arrachage ou des licenciements.

Les Vignerons du Bruilhois en chiffres :

  • 150 hectares composent le vignoble
  • 40 familles de vignerons adéhrentes à la coopérative
  • 18 salariés dont une quinzaine de CDI permanents
  • 6900 hectolitres produits en 2023

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