Quidam Hebdo : Mikaël, nous sommes à moins d’une semaine du début de l’événement officiel. Comment vous sentez-vous à l’approche de ce grand rendez-vous en tant qu’organisateur ?
Mikaël Brageot : Nous sommes effectivement à J-7 du début de l’Aérofestival, qui cette année est un peu particulier. Nous accueillons principalement une compétition de voltige aérienne nationale : les championnats de France de voltige aérienne bi-place, avec trois catégories : espoir, promotion et nationale 2. En parallèle, nous avons également l’Open de France monoplace avec les catégories nationale 1, excellence et illimité (élite). Naturellement, ill y a une certaine excitation, car c’est un événement que nous préparons tout au long de l’année en collaboration avec la Fédération Française d’Aéronautique (FFA), la municipalité et nos partenaires. Malgré l’excitation, il faut rester concentré sur l’organisation, car c’est un championnat de France avec des titres à la clé. En plus, cet événement est un véritable festival aujourd’hui, avec des activités tout au long de la semaine en complément des épreuves sportives.
Q.H. : Où en êtes-vous au niveau des préparatifs ? Quel est le planning des prochains jours ?
M.B. : Actuellement, nous finalisons la mise en place du site. Ce week-end, les bénévoles de l’aéroclub ont terminé les préparatifs terrestres : nettoyage, organisation des espaces. Maintenant, nous entamons la mise en place technique : chapiteaux, scènes, sonorisation, lumières, et préparation des spectacles. Nous mettons aussi en place l’aéroguinguette, une grande nouveauté cette année. Les visiteurs pourront y déjeuner et dîner tout en profitant des démonstrations aériennes. C’est la dernière ligne droite, donc tout doit être prêt pour le jour J.
Q.H. : Certains ne sont peut-être pas au fait du changement de date de l’Aérofestival, qui se tenait traditionnellement au printemps. Pourquoi avez-vous choisi de le décaler à l’automne cette année ?
M.B. : Plusieurs facteurs ont influencé ce changement, notamment les JO de Paris 2024, qui ont perturbé le calendrier des manifestations aériennes en juillet et août. Beaucoup d’événements ont été déplacés en mai ou septembre. De plus, la saison sportive a aussi joué un rôle, avec les championnats du monde et d’Europe qui ont eu lieu récemment. Nous avons donc opté pour septembre, afin de faire de l’Aérofestival un événement de fin de saison de voltige aérienne. Septembre offre souvent une météo clémente et c’est une période idéale pour organiser un événement de rentrée.
Q.H. : À propos du fameux spectacle aérien, qu’est-ce que le public pourra voir cette année ?
M.B. : Nous aurons de nombreux voltigeurs, dont une épreuve de voltige aérienne freestyle, ainsi que des démonstrations d’hélicoptères, notamment des NH90 et Tigres et d’autres, grâce à un partenariat avec l’armée de terre. Il y aura aussi des avions de collection comme des Stampe, Breguet 14, CAP 20 et CAP 231. Le spectacle inclura plusieurs tableaux retraçant l’histoire de l’aviation sportive et de collection, avec des écrans géants et de la musique pour accompagner les démonstrations.
Q.H. : L’Aérofestival semble prendre de l’ampleur au niveau sportif. Est-ce une forme de reconnaissance après tant d’années de travail ?
M.B. : Absolument. Cela fait plus de 15 ans que nous construisons cette base de travail à Villeneuve-sur-Lot, depuis 2006. Nous avons commencé avec des compétitions locales, puis régionales, et aujourd’hui nous organisons un événement national en collaboration avec la Fédération Française d’Aéronautique. C’est un grand pas en avant pour nous et cela nous permet d’apporter une dimension professionnelle à la compétition tout en offrant un festival attrayant pour le public.
Q.H. : Si je ne me trompe pas, vous avez accueilli près de 30 000 personnes en 2023. Quelles sont vos prévisions pour cette année ?
M.B. : En effet, l’année dernière, nous avons accueilli 30 000 visiteurs, avec un pic de 15 000 à 20 000 le dimanche grâce à la Patrouille de France. Cette année, bien que nous n’ayons pas la Patrouille, nous aurons un Mirage 2000 en exposition statique et des démonstrations de voltige par l’armée de l’air. Nous espérons attirer un large public grâce à ces nouveautés.
Q.H. : Revenir après avoir accueilli la Patrouille de France l’an dernier, est-ce un défi ?
M.B. : Oui, chaque année représente un nouveau défi. Nous devons constamment innover et ajouter de nouvelles activités pour maintenir l’intérêt. Par exemple, cette année, nous avons ajouté une guinguette de 1200 m², des écrans géants, des rétrospectives et du live streaming pour suivre la compétition en direct. C’est une organisation qui demande une planification minutieuse et un an et demi de préparation.
Q.H. : Organiser un festival aérien représente sûrement un gros défi technique et administratif…
M.B. : Ce n’est pas une tâche facile, mais avec plus de 15 ans d’expérience, nous avons acquis une bonne maîtrise de la logistique et de l’organisation. Nous travaillons main dans la main avec les autorités locales, la DGAC, la police, et d’autres partenaires pour assurer la sécurité et la fluidité de l’événement. Chaque édition apporte ses propres défis, mais nous avons maintenant une solide base sur laquelle nous appuyer.
Q.H. : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours personnel ?
M.B. : J’ai découvert l’aérodrome de Villeneuve-sur-Lot par hasard en 1999, à l’âge de 11 ans. Après un baptême de l’air, j’ai été piqué par la passion de l’aviation. J’ai terminé mes études, obtenu mon brevet de pilote, et suis devenu pilote professionnel. En parallèle, j’ai débuté en voltige aérienne, et aujourd’hui, je suis pilote de voltige professionnel, participant à de nombreuses compétitions internationales, dont les Red Bull Air Race
Q.H. : Pilote et organisateur d’événements, à quoi ressemble votre quotidien aujourd’hui ?
M.B. : Mon quotidien est assez varié et j’aime ça. J’aime être actif et jongler avec plusieurs casquettes ne me dérange pas du tout. D’un côté, j’ai mon activité de pilote, rythmée par les entraînements, les compétitions, les meetings aériens ou encore les courses. De l’autre, je m’investis du côté organisationnel en tant que bénévole avec les équipes de l’aéroclub de Villeneuve-sur-Lot. C’est une structure solide, composée de bénévoles exceptionnels qui se connaissent bien et s’apprécient. On est comme une bande de copains, capable de passer de 5 ou 6 personnes en période calme à 40 quand le rythme s’accélère, et jusqu’à 100 voire 120 bénévoles le jour du grand spectacle aérien. On collabore aussi avec d’autres associations de Villeneuve-sur-Lot, ce qui nous permet de créer un vrai réseau associatif, sportif et amical. Ce que j’apprécie le plus, c’est d’être au cœur d’un collectif, où chacun met la main à la pâte pour organiser un événement d’envergure ensemble.
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