Valence-Romans-Agen : on (re)fait le match avec Jean-Michel Parent

Ils ne sont pas nombreux à avoir expérimenté un passage de leur carrière de rugbyman au SUA LG et à Valence-Romans. Mais parmi eux se trouvent un emblématique suaviste des années 2000 qui est aussi passé par l'US Romans dans les années 90 : Jean-Michel Parent. Avant la rencontre entre les deux clubs vendredi à 19h30, l'ancien seconde ligne nous raconte son Valence-Romans-Agen, au travers de souvenirs, expériences et regard sur le rugby d'aujourd'hui. Entretien.

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L’US Romans, un point de départ en carrière

Jean-Michel Parent : Avant Romans, je jouais dans mon village natal en Fédérale 3. Puis, lors de mon service militaire, j’ai rencontré plusieurs joueurs qui jouaient à l’époque pour le club de Romans. Ensemble, on a fait quelques matchs militaires et on a même été champions de France. Ces gars jouaient tous en groupe B, voire A, et ils m’ont encouragé à monter d’un niveau. C’est ainsi que je suis parti à Romans, suivant ces joueurs. Nous avons fait deux saisons en groupe A, mais finalement, nous avons été relégués. L’équipe était très jeune, et avec l’argent qui commençait à entrer dans le rugby, c’était compliqué. Mais pour moi, ça a été un tremplin incroyable, avec des amitiés très fortes que je garde encore aujourd’hui, notamment avec des joueurs de mon âge. Dans les moments difficiles, on parvient parfois à tisser des liens très forts.

« Je suis optimiste pour vendredi »

J-M.P. : Je n’ai que peu vu jouer Valence-Romans cette saison mais je connais leur situation délicate, à la dernière place de la Pro D2. À côté de ça, je pense que le SUA est sur une belle dynamique. L’équipe commence à avoir confiance en son jeu et en son potentiel. On sent qu’un système de jeu est en train de se mettre en place, notamment au niveau de la conquête, où la mêlée, qui avait souffert auparavant, redevient souveraine. La touche aussi a été très efficace, et plusieurs essais sont venus directement de cette conquête. J’espère que ce n’est pas un feu de paille ! Je suis donc plutôt optimiste, et je pense que le SUA a toutes ses chances, c’est mon pronostic.

Le SUA LG, une renaissance pour le seconde ligne

J-M.P. : J’ai vécu mon arrivée en 2002 à Agen comme une renaissance dans ma carrière. J’avais 32 ans, j’étais à Mont-de-Marsan et je pensais y finir ma carrière avec une ou deux saisons de plus. Mais en 2002, Christian Lanta m’a appelé pour me faire venir en Lot-et-Garonne. Je ne pouvais pas refuser. J’ai mis ma carrière professionnelle de côté et c’était la première fois que je signais un vrai contrat professionnel. J’ai rejoint une équipe de renom avec beaucoup de maturité, entouré de joueurs expérimentés. J’ai énormément appris de cette période, même à 32 ans, on réapprend constamment.

La folle saison 2002/2003

J-M.P. : Je me souviens de Régis Sonnes (ex-joueur du Stade Montois en 2002) qui m’avait prévenu : « À Agen, tu ne sortiras pas après les matchs, ce sera verrouillé ». Et pour ma première saison, on a rapidement connu un match très difficile à Narbonne, mais après ça, nous avons enchaîné une série de victoires jusqu’à la demi-finale et je peux vous assurer qu’on sortait tous les samedis (rires). C’était juste dingue cette année-là. On avait un collectif tellement solide et cette demi-finale contre le Stade Toulousain (22-16), on ne doit jamais la perdre. Aujourd’hui, je l’ai encore en travers de la gorge parce que j’étais venu à Agen pour chercher le Brennus, c’était vraiment l’objectif et je n’ai jamais été aussi proche de le toucher que cette année-là.

Le poids d’incarner l’après Porcu-Couzinet

J-M.P. : Quand j’arrive, les deux secondes lignes titulaires s’en vont. Évidemment, ce n’est pas simple, d’autant plus qu’ils étaient très appréciés du public mais je n’ai pas ressenti de pression. Dès mon arrivée, Christian (Lanta) m’a positionné en tant que titulaire, et comme les résultats suivaient, il n’y a pas eu de problème. À 32 ans, j’avais une certaine maturité et je savais qu’il y avait des attentes, surtout de la part du public, mais tout s’est bien passé. Très vite, avec Samuel Nouchi, on a été adoptés par les supporters et je pense aussi que rugbystiquement notre duo fonctionnait bien.

« J’aurais aimé jouer au rugby d’aujourd’hui ! »

J-M.P. : Quand je vois comment a évolué le poste de seconde ligne, je me dis que j’aurais aimé jouer au rugby d’aujourd’hui, mais avec l’entraînement adapté. On a un rugby plus athlétique, avec beaucoup de mouvement et de courses. À mon époque, on commençait à parler de jeu en mouvement pour les « gros », mais ce n’était pas aussi développé qu’aujourd’hui et franchement, on n’attendait pas vraiment cela d’un numéro 4 ou 5.

« Éteindre le public de Perpignan, c’était génial »

Quidam Hebdo : Revenons sur un moment fort de votre carrière : la première victoire du SUA à Perpignan en 2002, après 43 ans de disette à Aimé-Giral…

J-M.P. : C’est un des moments les plus forts de ma carrière, moi qui suis Catalan. Ce jour-là, je jouais devant ma famille et mes amis. Agen n’avait pas gagné depuis si longtemps à Perpignan et dès le début, on rentre bien sûr sous la bronca, on se fait conspuer, mais d’entrée, on a une pénaltouche. C’est Thierry Labrousse qui fait un fond de touche. Ça envoie derrière et Conrad Stoltz s’équipe du ballon et traverse leur rideau défensif comme une fusée. On a immédiatement éteint les 15 000 personnes dans le public ce jour-là. Rappelons que c’était une grande équipe de Perpignan à l’époque avec Thion, Dal Maso, Porcu, Kairelis, etc. On les a vraiment bousculés. Ce sont des souvenirs inoubliables et je peux vous assurer qu’on m’en parle encore quand je passe à Perpignan (rires).

Le petit questionnaire //

Q.H. : Quels joueurs vous ont le plus marqué au cours de votre carrière, que ce soit à Agen ou Romans ?

J-M.P. : Ça va surprendre pour un avant, mais ce sont deux trois-quarts que je vais citer. À Agen, je citerais Pepito Elhorga. On s’est rapidement liés d’amitié, et en tant que joueur, il était impressionnant. Sur le terrain, Pepito prenait le ballon, il l’envoyait n’importe où et ça lui revenait dans les mains. Il allait tout le temps entre les perches. Il semblait marcher sur l’eau pendant deux ans. À Romans, c’est Claude Mignaçabal, notre buteur exceptionnel. Il pouvait passer des pénalités de 60 mètres sans problème et je maintiens qu’il le faisait avec des ballons en cuir bien capricieux. Un talent incroyable.

Q.H. : Vous avez un essai au compteur avec Agen en 70 rencontres. Vous vous en souvenez ?

J-M.P. : Oui, c’était contre Grenoble, sur un play-off lors de ma première saison. Un enchaînement d’avants près de la ligne. J’ai ramassé le ballon à 2 mètres de l’en-but, rien de bien compliqué, mais un essai est un essai ! Il m’en fallait bien un avec Agen (rires).

Q.H. : Et aujourd’hui, que devenez-vous depuis la retraite du rugby ?

J-M.P. : Quand j’ai arrêté le rugby, j’avais un poste d’éducateur sportif à la mairie. Mais bien avant d’arrêter, je m’étais déjà orienté vers le bâtiment. Et en 2006, j’ai monté une entreprise de chape liquide avec un associé, Alain Rubiano. À l’époque, ce n’était pas très connu comme élément dans le BTP. Aujourd’hui, on a huit salariés et l’entreprise fonctionne bien. C’est un projet qui a été bien préparé et qui m’apporte autant de satisfaction que mes années sur le terrain.

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