Entre la municipalité de La Croix-Blanche et les porteurs du projet, la flamme de la discorde semble encore loin d’être éteinte. Toutefois, en préambule de son communiqué, Gilles Charollais souligne que sa collectivité n’est pas opposée au développement agricole, mais il s’interroge tout de même sur l’impact de ce projet situé à seulement 35 mètres des habitations de La Croix-Blanche. Il interpelle ainsi Yann Maus sur ses motivations : « Pourquoi gâcher nos paysages pour un projet non rentable ? Se sent-il investi d’une mission divine en vue de sauver le porc noir de Gascogne ? »
Le maire rappelle qu’il est de son devoir de représenter les intérêts des habitants et de veiller à ce que tout projet d’envergure soit mis en œuvre dans la plus grande transparence, en tenant compte des préoccupations environnementales, sanitaires et sociales.
La question des déjections
L’une des préoccupations majeures évoquées par Gilles Charollais concerne la gestion des déjections des porcs. Il affirme que, selon les chiffres fournis par M. Maus, « 14 cochons sur 28 hectares produiront 141 000 kg par an », mais il remet en question cette estimation : « En effectuant une recherche, ce n’est pas 1 kg que rejette un cochon, mais entre 3 et 6 kg de fumier et d’urine, soit entre 423 000 et 846 000 kg par an. » Cette quantité pourrait rapidement saturer les sols et entraîner des risques de pollution pour le ruisseau Le Bourbon et le lac d’Arras.
Inquiétudes sur le trafic routier
Le maire exprime également son inquiétude quant à l’augmentation du trafic de camions nécessaire pour transporter les animaux et le fourrage. « Ce trafic sur notre voirie, déjà fragilisée, pourrait créer des problèmes d’insécurité, perturber la circulation et compliquer l’accès des services d’urgence », déclare-t-il. Il rappelle qu’un arrêté a été pris pour interdire le passage de véhicules de plus de 3,5 tonnes sur certaines routes, soulignant que « deux voitures ne peuvent pas se croiser. »
Dialogue difficile et manque de suivi
Là où le bât blesse pour le maire, c’est dans l’absence de suivi dans les discussions avec Yann Maus. Ce dernier dit se souvenir d’une réunion en mairie en septembre 2023, où l’actionnaire de Boria et président de Gozoki avait présenté son projet : « Voyant que nous n’étions que très peu convaincus, il nous a proposé de reprendre contact pour nous amener visiter un site équivalent dans le Gers… proposition acceptée mais jamais honorée. » Cette absence de suivi soulève des questions sur la transparence du projet.
Le maire insiste sur le fait que poser des questions est essentiel pour clarifier le débat : « Loin de créer un « bordel », poser des questions contribue à clarifier le débat, sauf à vouloir cacher des choses. »
Pour Gilles Charollais, un tel projet ne peut être accepté qu’à condition de respecter les valeurs de durabilité et de concertation. Il reste opposé à l’initiative de Boria, estimant que celle-ci présente des risques pour l’environnement, la santé publique et le bien-être des riverains. « Nous avons confiance dans son empathie naturelle, qui va lui faire prendre conscience de la souffrance des riverains », conclut-il. Enfin, le premier édile cruciblanchais encourage M. Maus à envisager un autre lieu pour ce projet, qu’il qualifie de « vertueux » mais inadapté à la proximité immédiate de La Croix-Blanche.
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