Agen – Colomiers : on (re)fait le match avec Sébastien Inigo

L'une des figures rugbystiques les plus emblématiques de Colomiers au XXIe siècle n'est autre... qu'un Agenais ! Avec 12 années au compteur chez les Haut-Garonnais, Sébastien Inigo rouvre la boîte à souvenirs pour évoquer ses deux clubs de cœur, avant la rencontre entre les deux équipes vendredi à 21h.

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« Agen-Colomiers, ça va être disputé, donc je ne me mouillerai pas ! »

Sébastien Inigo : Le match de vendredi soir va être serré, je pense. Colomiers fait une très bonne saison, avec un bon mélange de jeunes et d’anciens. Ils ont manqué le coche contre Angoulême à la maison avec un match nul la semaine dernière, donc ils vont sûrement vouloir rattraper ça. En face, Agen a aussi une belle équipe. Ils ont perdu à domicile contre Nice, mais ils sont quasi souverains à la maison en général. De plus, ils ne prennent jamais de grosses raclées à l’extérieur. Donc, à mon avis, ça va être un match très disputé.

Les racines du rugbyman ont poussé à Agen

S.I. : Agen, c’est là où tout a commencé pour moi et mes frères Vincent et Romain. Personnellement, j’ai découvert le rugby à l’âge de 7 ans en intégrant l’école de rugby du SUA (Sporting Union Agenais). J’y ai joué jusqu’à mes 20 ans. Je me souviens encore de mes débuts, le ballon paraissait plus grand que moi ! Quand j’étais adolescent, je venais voir les matchs au stade Armandie et je rêvais de me retrouver un jour sur le terrain, à la place de joueurs comme Benetton, Benazzi ou Porcu. J’avais leurs posters dans ma chambre, et c’est vraiment grâce à ce club que j’ai eu envie de devenir rugbyman professionnel. J’ai même eu la chance de m’entraîner avec l’équipe première quand j’avais 20 ans. Malheureusement, je n’ai pas pu y faire carrière. J’ai ensuite eu un passage à Bayonne, puis en 2007, je me suis engagé avec Colomiers, où je suis resté jusqu’à la fin de ma carrière en 2019.

Un joueur de club comme il n’en existe plus beaucoup

S.I. : C’est vrai que passer 12 ans dans le même club, c’est assez rare aujourd’hui. Quand je suis arrivé à Colomiers, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Bien sûr, je connaissais l’histoire du club, mais je ne pensais pas y rester aussi longtemps. Au début, tu signes pour deux ou trois ans, et puis, les années passent vite. Je me sentais bien là-bas, c’était un club familial, où je me suis épanoui. Ma famille était proche, je jouais régulièrement, et finalement, 12 ans sont passés en un éclair, et je ne regrette rien.

Le Top 14, un unique regret en carrière

S.I. : C’est vrai que j’aurais aimé jouer en Top 14 avec Colomiers. On a remporté deux titres en Fédérale 1, on a joué de nombreux matchs en Pro D2, et en 2016, on n’était pas loin de monter en première division. On a fait une demi-finale contre Bayonne, et je suis persuadé que si on avait gagné ce match, on aurait pu remporter la finale contre Aurillac comme les Basques l’ont fait. Mais bon, ça ne s’est pas fait. Cela reste un petit regret, mais je suis tout de même très fier de ce qu’on a accompli.

« Je pensais revenir jouer à Agen un jour »

S.I. : Quand j’ai quitté Agen à 20 ans, je me disais que je reviendrai forcément dans les parages tôt ou tard durant ma carrière de rugbyman. Le SUA, c’était le club qui m’avait donné envie de jouer au rugby, je ne pouvais pas réfléchir autrement. Mais une fois à Colomiers, je m’y sentais tellement bien que je n’ai jamais vraiment envisagé de revenir. Même quand Colomiers est redescendu en Fédérale, je ne me voyais pas quitter le club. On avait une bonne équipe et je savais qu’on allait remonter. Et puis, le temps passe vite et cette option s’est éloignée peu à peu de mon esprit.

Un véritable meneur dans l’âme, même prêt à sauter des tribunes pour défendre ses coéquipiers…

S.I. : C’est vrai que j’ai connu quelques moments où je me suis laissé emporter, cela faisait partie du joueur que j’étais. J’ai un exemple précis en tête. C’était lors d’un derby entre Colomiers et Montauban en 2019. Il y avait pas mal de tension entre les deux clubs à l’époque. J’étais blessé, donc j’étais en tribune. À un moment donné, il y a eu une grosse bagarre sur le terrain, avec plusieurs cartons rouges. Et là, je ne sais pas ce qui m’a pris, je suis descendu des tribunes, j’ai traversé la sécurité et je me suis retrouvé sur la pelouse. Je n’ai pas frappé, mais j’étais là à encourager mes potes dans la bagarre générale. C’était complètement fou. Heureusement que c’était ma dernière saison, sinon je pense que j’aurais pris une belle sanction. Il ne restait que quelques matchs à jouer cette saison-là et après coup, j’ai eu vraiment peur de finir ma carrière sur une suspension (rires). Je m’en suis sorti avec une petite amende, mais bon, ça reste un souvenir assez drôle aujourd’hui. D’ailleurs, on peut encore retrouver la vidéo sur Internet où, dans l’affrontement, on voit apparaître un type avec manteau, bonnet… C’était moi tout simplement !

Le petit questionnaire :

Quidam Hebdo. : Durant votre carrière, quels sont les joueurs qui vous ont le plus marqué, à Agen comme à Colomiers ?

S.I. : C’est difficile d’en choisir un seul. À Agen, je dirais Rupeni Caucaunibuca. Je pense qu’on est nombreux de cette génération à avoir immédiatement son nom en tête quand on nous pose cette question. Et à Colomiers, je pense à quelqu’un qui n’a pas forcément marqué le public français car il n’est pas resté très longtemps au haut niveau pour des raisons personnelles, c’est Sylvain Jouve. Quand je suis arrivé à Colomiers en Fédérale 1, il était incroyable. Si les circonstances avaient été différentes, il aurait sans doute joué en équipe de France. Il n’avait rien à faire en Pro D2 ou en Fédérale 1. Cet arrière, c’est le meilleur joueur avec qui j’ai partagé un terrain de rugby.

Q.H. : Votre saison que vous estimez comme la plus aboutie ?

S.I. : Je dirais que c’était en 2016, quand on a fait avec Colomiers la demi-finale de Pro D2 contre Bayonne. À la mi-temps, on était même en train de mener… C’était une année extraordinaire. Mais je suis aussi fier de la période entre 2015 et 2017, où j’ai enchaîné trois saisons sans manquer un seul match, malgré quelques blessures. C’était un défi personnel que je m’étais lancé, et j’ai réussi à le tenir.

Q.H. : Et aujourd’hui, que devenez-vous depuis la retraite des terrains ?

S.I. : Aujourd’hui, je suis co-dirigeant avec mon frère Vincent de la société Inigo Brothers. On fait de la photo et de la vidéo, notamment pour des événements sportifs, des concerts, des entreprises… On touche à tout. On a orienté notre vie sur une autre de nos passions, on peut dire.

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