Mardi 19 novembre, jour de manifestation agricole en Lot-et-Garonne. L’objectif : marquer les esprits et frapper encore plus fort qu’en début d’année 2024. Pour la Coordination Rurale 47 (CR 47), grande instigatrice du mouvement, une seule issue est envisagée : « le blocage du pays », comme l’ont martelé ces dernières semaines ses représentants, Karine Duc et José Perez. En cause, des « promesses non tenues par le gouvernement et des aides inexistantes ».
Ainsi, voilà les agriculteurs repartis, le pied à l’étrier, pour un mouvement de manifestation à durée indéterminée.
7h30 // Rassemblements çà et là en Lot-et-Garonne
« Je n’ai jamais arrêté, jusqu’à ce matin, de contacter nos sénateurs, députés et politiques pour faire en sorte que tout cela n’arrive pas, qu’on trouve des solutions avant d’agir. Le fait est que tout le monde a préféré garder le silence, alors on bouge », lançait Karine Duc dans la matinée du 19 novembre, annonçant de ce fait la mise en route de ses confrères venus des quatre coins du département pour rallier la place de la préfecture à Agen. Monflanquin, Laugnac, Le Temple-sur-Lot, Tonneins, Saint-Vincent-de-Lamontjoie, Virazeil ou encore Port-Sainte-Marie… La CR 47 a organisé plusieurs lieux de rassemblement pour les agriculteurs dès 7h30, avant de se diriger tous ensemble vers la ville-préfecture.
9h51 // Arrivée au niveau de Camélat et premières négociations
C’est quasiment sur les coups de 10h que les premiers véhicules s’amassent près du pont de Camélat, à Colayrac-Saint-Cirq. Le décor se garnit de plusieurs dizaines de tracteurs sous les yeux des représentants de la CR 47 qui, eux, fulminent en apprenant un blocage de la préfecture par les CRS. « Après un an de revendications, voilà notre seule réponse de la part de la préfecture », déplore José Perez. Les agriculteurs mènent alors des discussions avec le préfet du Lot-et-Garonne, Daniel Barnier, afin d’obtenir l’autorisation d’atteindre le centre-ville et, évidemment, la préfecture de Lot-et-Garonne, dont le passage des tracteurs était à ce moment-là impossible. Sur la promesse de ne pas déverser de lisier sur les murs de l’édifice, le préfet accorde alors la levée du dispositif.
Toutefois, Karine Duc et José Perez l’assurent : « À la base, on avait prévu de vider quelques bennes, on en gardait pour la suite, mais finalement, au vu de l’accueil, on va certainement tout déverser. » Une annonce dans le mégaphone plus tard, et les troupes se remettent de nouveau en route.
11h42 // Les agriculteurs atteignent la place Armand-Fallières
Après une halte d’une vingtaine de minutes le long du Gravier, à Agen, plusieurs dizaines de tracteurs arrivent devant les grilles de la préfecture. Comme convenu, et sous les regards des nombreux agriculteurs présents sur place, des bennes contenant des pneus, des branches et d’autres détritus sont vidées. Alors que les tracteurs se garent sur la place, le calme s’établit avant les actions prévues pour l’après-midi.
15h20 // Des discussions commencent, les actions extérieures aussi
Après quelques heures d’accalmie, l’action a repris lorsque Karine Duc et José Perez, accompagnés d’une vingtaine d’agriculteurs, ont été reçus par le préfet pour exposer leurs revendications. Ce moment a marqué le début des actions coup de poing visant les bâtiments publics. La Direction départementale des territoires (DDT), la MSA, et la Direction générale des Finances publiques ont notamment été ciblées.
Les manifestations ont commencé devant la DDT, où des bennes remplies de déchets agricoles, notamment des pneus et du foin, ont été déversées sur l’avenue de Colmar, avant qu’un feu y soit allumé. La Direction générale des Finances publiques a vu son entrée recouverte de détritus, tout comme les grilles de la préfecture. Concernant la MSA Dordogne-Lot-et-Garonne, une citerne de lisier a été projetée contre ses murs. Plus tard, les déchets agricoles déposés devant ce bâtiment ont également été incendiés, sans obtenir de réponse. Ce ne sont donc pas les murs de la préfecture, mais ceux de la Mutualité sociale agricole, qui ont été aspergés de lisier.
17h05 // La tension monte alors que le débat reste stérile
Alors que les agriculteurs commencent à revenir progressivement sur la place Armand-Fallières, Patrick Franken, membre de la CR47, prend la parole au mégaphone pour donner des nouvelles des échanges en cours avec le préfet. « On a demandé à ce que nos revendications remontent à Paris, mais aussi qu’elles redescendent. Tant qu’on n’aura pas de réponses, on restera là. On ne refera pas trois semaines de manifestation comme en janvier. On veut des engagements immédiats d’Annie Genevard (ministre de l’Agriculture) ou de Michel Barnier (Premier ministre). »
À l’intérieur de la préfecture, la situation semble se tendre, tout comme à l’extérieur, où des tracteurs se positionnent désormais contre les murs de l’édifice, bloquant ainsi l’accès des CRS. Pompiers et forces de l’ordre sont maintenant en alerte, tandis qu’au sein du rassemblement agricole, le message est clair : « On ne bouge pas et on met la pression. »
19h30 // vers un blocage du fret alimentaire français
À l’heure où nous écrivons ces lignes, les représentants de la CR 47 ne sont pas encore sortis des bâtiments de la préfecture de Lot-et-Garonne. Toutefois, à 18h45, le préfet « était en communication avec les autorités parisiennes dans son bureau ». Les annonces, quelles qu’elles soient, ne devraient pas enterrer les motivations des manifestants qui, par la voix de Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture 47, assurent « quitter la préfecture mercredi 20 novembre à la mi-journée pour prendre la route du Sud, afin de bloquer le fret alimentaire français ». Toutes les branches de la Coordination rurale de France, « de Perpignan à Limoges », s’organisent ainsi pour mener une action de blocage d’envergure, bien que les différentes destinations ne soient pas encore connues.
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