Les syndicats de l’enseignement appellent à une mobilisation massive pour contrer des mesures qui, selon eux, fragilisent l’ensemble de la fonction publique et précarisent les conditions de travail des enseignants et autres personnels éducatifs. « Il y a un véritable manque d’enseignants et des classes surchargées. L’ensemble du système scolaire est en difficulté. Les besoins des enseignants et des familles ne sont ni pris en compte, ni satisfaits » déplorent les représentants syndicaux.
Des mesures jugées injustes
Depuis les vacances d’automne, le gouvernement a annoncé plusieurs réformes qui ont provoqué un fort mécontentement. Parmi les principales mesures contestées figurent le passage de un à trois jours de carence pour les fonctionnaires, y compris les non-titulaires, les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap), et les AED (assistants d’éducation). Cette réforme, qui impose un allongement de la période de carence avant de pouvoir bénéficier d’une indemnisation, est perçue comme une attaque contre les droits sociaux des agents publics.
À cela s’ajoute une réduction des conditions d’indemnisation des arrêts maladie. L’indemnisation à taux plein durant les trois premiers mois sera remplacée par un taux réduit à 90%, ce qui pourrait entraîner des pertes de salaire significatives pour les personnels éducatifs, déjà sous pression. En cas de maladie, se soigner deviendrait ainsi un luxe inaccessible pour de nombreux agents, qui pourraient perdre jusqu’à un quart de leur salaire. « Le gouvernement s’est basé sur les chiffres entre 2020 et 2022 où il fallait souvent rester chez soi en cas de Covid ou de suspiscion due Covid. Aujourd’hui, on n’est pas encore sur les chiffres de 2019 mais on s’en rapproche. Des professeurs font cours en étant malades pour assurer la continuité pédagogique parce qu’il savent que si il ne sont pas là, les autres classes seront surchargées et que ça ne fera qu’augmenter les difficultés des collègues pour enseigner. »
Le gouvernement a également annoncé le gel du point d’indice, ce qui signifie qu’il n’y aura pas d’augmentation des salaires pour les fonctionnaires, malgré l’inflation et l’augmentation du coût de la vie. Le blocage des traitements indiciaires est perçu comme un signal supplémentaire de mépris à l’égard des travailleurs du secteur public. Par ailleurs, la suppression de la Garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA), censée compenser les pertes de pouvoir d’achat des fonctionnaires, aggrave encore la situation. « On est tous méritants et on ne compte pas nos heures. Il y a un travail invisible que l’on ne voit pas. Nos journées ne s’arrêtent pas à 17 heures, il faut corriger, préparer sa classe, même pour les petites sections ! On a un employeur en dessous de tout… »
Une réforme qui aggrave les inégalités
La réforme envisagée de la rémunération au « mérite » et la suppression des catégories A, B et C sont également au cœur des critiques. En effet, ces propositions pourraient mener à une rémunération individualisée, basée sur la performance, tout en affaiblissant les garanties collectives du statut de fonctionnaire. « Là aussi, on est sur une mesure pour nous diviser.’ Dans un contexte déjà difficile marqué par un dénigrement croissant des fonctionnaires et un phénomène de « prof bashing », ces réformes sont perçues comme une volonté de casser les services publics. La politique menée par le gouvernement semble viser une destruction systématique de la fonction publique, et en particulier de l’Éducation nationale, déjà mise à mal par des suppressions de postes et une surcharge de travail.
Un mouvement de résistance en pleine expansion
Face à cette situation, les syndicats de l’Éducation nationale (SNUDI-FO, FSU-SNUIPP, SNES-FSU, SE-UNSA, CGT Educ’action, Sud Education et SGEN-CFDT) appellent à une grève générale le 5 décembre, point de départ d’une mobilisation plus large. L’objectif est de dénoncer ces mesures et d’exiger leur retrait. Les organisations syndicales appellent à construire un mouvement reconductible, qui pourrait se prolonger au-delà de la journée de grève et s’intensifier si les revendications ne sont pas prises en compte.
Une consigne intersyndicale a également été donnée aux enseignants du premier degré : déposer des intentions de grève multi-dates jusqu’au 20 décembre, pour permettre une mobilisation prolongée et coordonnée à travers le pays. Les syndicats espèrent ainsi créer un mouvement de résistance d’envergure, en vue de faire pression sur le gouvernement pour qu’il renonce à ces réformes destructrices. « Il ne s’agit pas seulement de défendre les conditions de travail des enseignants et des autres agents publics, mais aussi de garantir l’avenir des services publics pour tous les citoyens » expliquaient notamment les différents représentants syndicaux des professeurs lors de la conférence de presse.
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