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Les collectivités territoriales, déjà confrontées à un contexte économique difficile, se voient de plus en plus affectées par les mesures de rigueur budgétaire imposées par l’État. L’Agglo d’Agen, en particulier, doit faire face à un manque de ressources grandissant, accentué par des dotations publiques en constante diminution. Ce climat de restrictions a conduit le conseil communautaire à adopter des décisions courageuses pour redresser la situation financière, tout en anticipant les défis à venir.
Au cours des dernières années, l’Agglo d’Agen a réalisé d’importants investissements, visant à moderniser le territoire : réaménagement du pont de Camélat, rénovation des infrastructures publiques, et modernisation des installations d’eau potable. Ces projets, essentiels pour le développement local, ont engendré un endettement notable, mais jugé « soutenable » dans l’immédiat. Cependant, l’énorme pression financière, exacerbée par les coupes dans les dotations de l’État, oblige désormais les élus à revoir leur stratégie budgétaire.
La recherche de nouvelles marges de manœuvre
Face à cette situation, l’Agglo d’Agen a annoncé la mise en place d’un plan pour dégager environ deux millions d’euros. L’objectif est double : réduire les dépenses courantes et augmenter les recettes locales. Pour ce faire, plusieurs pistes sont à l’étude, comme l’ajustement des loyers pour les commerçants du Marché d’intérêt national et une révision du financement de l’aéroport, que l’Agglo soutient financièrement à hauteur de 380 000 euros chaque année.
Des investissements reportés, des taxes supplémentaires
Afin de ne pas creuser davantage le déficit, l’Agglo d’Agen prévoit également de repousser certains investissements importants, comme la construction du centre technique, initialement prévu pour 2025, à 2027.Parallèlement, de nouvelles sources de financement seront mises en place, telles que deux nouvelles taxes : la taxe Gemapi, destinée à financer la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations, et une taxe spéciale d’équipement (TSE). Ces taxes seront appliquées aux propriétaires et entreprises locales, et devraient générer environ un million d’euros. La taxe Gemapi, en particulier, sera calculée en fonction de la valeur locative des biens et plafonnée à 20 euros par foyer fiscal.
Les décisions récentes ont suscité des réactions mitigées parmi les élus locaux. Certains maires, comme ceux de Beauville, Pont-du-Casse, et Saint-Hilaire-de-Lusignan, ont exprimé leur mécontentement, estimant que ce sont encore une fois les contribuables, principalement les propriétaires et les entreprises, qui supporteront le poids de ces nouvelles taxes. La crainte de voir l’Agglo se soumettre à une réglementation de plus en plus contraignante a aussi été soulevée, notamment en ce qui concerne les nouvelles obligations liées à la gestion des inondations. Pourtant, les responsables de l’Agglo, dont Clémence Brandolin-Robert, adjointe à la ville d’Agen, défendent ces mesures comme étant indispensables pour éviter une dégradation de la situation financière. Si aucune action n’est entreprise, la collectivité pourrait rapidement se retrouver dans l’incapacité de financer ses projets, avec des délais de remboursement de la dette qui s’allongeraient au-delà des limites légales.
Jean Dionis, président de l’Agglo, a insisté sur la responsabilité de l’Agglo face à cette situation : « Nous aurions pu rester inactifs et attendre les élections, mais ce ne serait pas responsable. Nous devons agir maintenant pour éviter une catastrophe financière dans les années à venir. » Ces ajustements devraient être ratifiés lors du vote du budget prévu pour le 10 avril. Bien que ces décisions soient impopulaires, elles s’inscrivent dans une volonté de maintenir l’autonomie financière de l’Agglo d’Agen, tout en préparant l’avenir face à un environnement de plus en plus contraint. La collectivité devra faire face à un équilibre délicat entre les besoins des habitants et les impératifs budgétaires imposés par l’État.
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