ENTRETIEN. Jean Dionis : « Question sécurité, Agen n’a jamais fait preuve de näiveté »

Le maire d'Agen Jean Dionis du Séjour s'exprime suite aux incendies de véhicules et plus généralement sur le climat d'insécurité qui semble s'abattre sur la commune et ses alentours.

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Quidam l’Actu : L’actualité est brûlante à Agen avec des incidents importants. Comment percevez-vous cette période ?

Jean Dionis : Il s’agit d’évènements graves. Il y a une violence extrême qui frappe les victimes. C’est quelque chose qui n’existait pas à Agen et qui arrive. C’est le cas dans d’autres villes moyennes même si ce n’est en aucun cas une consolation. Notre devoir est de se mobiliser et s’organiser avec détermination pour accompagner les victimes d’une part et prévenir la récidive de l’autre. Nous serons en appui de l’État qui a la responsabilité de l’enquête.

Quidam l’Actu : Vous parliez il y a quelques mois de « sentiment d’insécurité ». Une partie de la population y voit une manière de minimiser. Est-ce que vous regrettez ces propos ou les faites-vous évoluer ?

Jean Dionis : Nous sommes faces à deux réalités. Quand il y a des actes tels que les voitures incendiées, il n’y a pas de sentiment d’insécurité. Les faits sont là et sont graves. Nous y consacrons toute notre énergie. Une fois qu’on a dit ça, une autre question se pose, celle de l’impact sur la psychologie des Agenais et l’amplification du sentiment d’insécurité. Sans minimiser, on parle de 14 voitures incendiées. C’est un nombre précis, limité, mais qui marque de manière considérable la population.

Quidam l’Actu : Quelle va-t-être l’action de la municipalité face à ce phénomène ?

Jean Dionis : Chacun doit faire sa part. La Ville autant que l’État. Nos relations avec le Procureur de la République, qui organise les investigations, sont très bonnes. Et je ferai tout pour l’aider autant que possible. Il est nécessaire de bien comprendre l’échelle de temps. Les deux enquêtes ouvertes, avec des analyses de vidéosurveillance et de téléphonie, seront longues. Cela ne signifie pas qu’elles n’aboutiront jamais.

Quidam l’Actu : Craignez-vous de ce fait de potentielles récidives ?

Jean Dionis : Bien sûr que nous le craignons. C’est pour cela que la Ville s’est mobilisée. On a pris des mesures exceptionnelles. Une bonne partie de nos équipes de jour de la police municipale ont été redéployées la nuit. On a aussi fait appel à des voitures de surveillance privées qui tournent aussi la nuit. Tout ce que nous devons et pouvons faire est entrepris. On demande à l’État de faire la même chose.

Quidam l’Actu : À en juger par les nombreuses prises de parole sur les réseaux sociaux, la sécurité sera à coup sûr un enjeu majeur des prochaines élections…

Jean Dionis : C’est incontestable. Et l’équipe que j’ai l’honneur de diriger se prépare à rendre des comptes et présenter un bilan. Ce moment viendra mais ce n’est pas encore l’heure, ne serait-ce que par correction vis-à vis des victimes. Certains n’ont d’ailleurs pas fait preuve de beaucoup de sensibilité. Quand le temps viendra, on parlera concret et on sera présent face à cet enjeu. Nos adversaires devront aussi présenter des propositions, sans se réfugier derrière un catéchisme national dont on n’a pas besoin ou des « y’a qu’à, faut qu’on ».

Quidam l’Actu : Quel est votre bilan justement ?

Jean Dionis : Sur la question de la sécurité, Agen n’a jamais eu d’états d’âme. On a fait partie des premières villes à armer notre police municipale. Celle-ci s’appuie sur des effectifs conséquents avec 27 agents, soit plus que la moyenne de notre strate. Pas d’état d’âme non plus sur la vidéosurveillance avec 120 caméras. Au-delà de ça, c’est l’efficacité qu’il faut regarder. Systématiquement, nous essayons d’aborder les problèmes de manière spécifique.

Quidam l’Actu : Cette efficacité est remise en question par des habitants et des commerçants qui déplore l’insécurité dans plusieurs quartiers avec un enchaînement de faits divers…

Jean Dionis : Je partage l’inquiétude et la colère. Mais la précision et la transparence que la situation exige s’appliquent aussi bien aux actes graves des derniers jours qu’aux chiffres. Selon la police, les faits de délinquance à Agen en 2024 sont en recul. On peut le dire, Agen n’a pas connu une explosion de la violence contrairement à ce que peut laisser penser un certain emballement médiatique. C’est notamment pour cela que la plainte que nous avons déposée en tant que partie civile suite aux incendies de véhicules porte aussi sur le préjudice moral et d’image. Envisager que des habitants se posent la question de quitter le centre ville ou que des gens n’osent plus séjourner à Agen est un vrai problème. La priorité est de rassurer pour conserver notre attractivité.

Quidam l’Actu : Estimez-vous avoir fait tout votre possible ?

Jean Dionis : Ce qui est sûr, c’est qu’on est au rendez-vous. Faire du maire le bouc-émissaire unique est injuste et déraisonnable, donc quelque part insignifiant. Le maire a sa part de travail à faire dans le cadre de ses moyens et des pouvoirs que lui octroie la loi. Il ne faut jamais oublier que l’État a la responsabilité centrale. C’est simplement la manière dont notre pays est construit. La Ville vient en complément et en appui de cette action. Normalement, la police municipale se limite à faire appliquer les arrêtés du maire.

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