Exploration : Après Inoxtag, Louis Jammes poursuit sa quête des sommets

L'explorateur villeneuvois multiplie les projets après avoir filmé l'expédition du célèbre youtuber Inoxtag, de l'Amérique du Sud où il vit jusqu'à une nouvelle ascension de l'Everest.

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Quatre petites journées bien chargées sur sa terre natale en Villeneuvois, comme une simple étape dans sa traversée du Globe. C’est à ça que ressemble désormais la vie de Louis Jammes. Sur les volcans équatoriens début avril, il enchaîne la semaine prochaine avec une nouvelle ascension de l’Everest. La troisième en trois années consécutives. Aucun Français ne l’avait encore fait. En 2024, il a fait partie de l’expédition la plus médiatisée de l’internet hexagonal. Les images les plus folles de Kaizen, le film du youtuber Inoxtag, vu plus de 43 millions de fois, c’est à lui qu’on les doit. Car Louis Jammes n’est pas seulement un expert de la haute montagne. C’est aussi et surtout un photographe-vidéaste réputé pour sa capacité à sublimer les sommets et ceux qui les arpentent. Cette dernière conquête du toit du monde a été réalisée pour le compte d’un client venu de Madagascar soucieux de marquer l’histoire de son pays en compagnie de ses deux fils. « Cette vie est un peu précaire mais elle me permet de vivre de ma passion », explique-t-il humblement. Cette humilité justement est la marque de ces explorateurs qui connaissent mieux que personne les limites humaines devant les forces de la nature.

De la grande distribution au Mont-Blanc

Scolarisé à Casseneuil, Louis était mille lieux d’imaginer un tournant dans sa vie. « J’ai commencé ma carrière professionnelle comme commercial dans la grande distribution », révèle celui qu’on a du mal à imaginer dans ce rôle de représentant avec ses chaussures de trail aux pieds, casquette-lunettes vissées sur la tête. La première étincelle est venue d’un pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle au départ de Villeneuve. 1400 kilomètres de marche qui ont abouti sur une rencontre décisive avant qu’une longue liste s’ensuive. « Un gars a vu mes aptitudes physiques dans les Pyrénées et m’a dit être surpris que je n’aille pas me tester plus avant dans la montagne. Ça m’a donné envie d’aller dans les Alpes pour faire des treks puis gravir le Mont-Blanc que j’admirais depuis la vallée de la Vanoise. C’est ma première « vraie » montagne. » On est alors en 2017. Ce qui semblait jusqu’alors « inaccessible » ne l’est plus.

Un aller simple pour l’Argentine

Cette vocation naissante pousse le Lot-et-Garonnais à s’envoler vers l’Amérique du Sud. « J’ai pris un aller simple pour Buenos Aires en Argentine afin de découvrir ce continent », se souvient-il. C’est là-bas que Louis fait d’autres connaissances qui l’amèneront encore un plus haut. Au culot, il se présente comme un photographe aguerri auprès des équipes d’History Channel, une chaîne de référence aux États-Unis, pour capturer des images spectaculaires. Il y rencontre aussi une star de la haute montagne ayant déjà complété les quatorze « 8000 » de la chaîne himalayenne qui l’embarque avec lui. Entre temps, il n’hésite pas à revenir à Villeneuve faire un peu d’intérim à l’usine (chez Deuerer notamment) pour gratter quelques sous en vue de repartir le plus vite possible.

2023, le premier Everest avant la gloire

Instagram Louis Jammes // JoseMostajo

Brillant dans sa mise en scène, bluffant par ses capacités physiques, Louis est embauché par une cliente australienne sur l’Everest en 2023. Derrière, en apprenant le projet d’Inoxtag, il provoque la chance une nouvelle fois. Un mail envoyé le soir de Noël sans grande conviction, « avec une belle coquille dans la première phrase », capte néanmoins l’attention de l’influenceur à la recherche d’un droniste. La réponse par message audio commençant par un « Ouais BG » surprend le Villeneuvois. « Il m’a demandé de lui envoyé des vidéos et visiblement ça l’a convaincu ». En quelques semaines, Louis rejoint cette belle équipe pour une expédition qui battra tous les records d’audience, permettant au grand public de mesurer la beauté de ces lieux hors norme. « C’était des images qui n’existaient pas, tant il est difficile de faire voler quoi que ce soit à cette altitude. C’était vraiment fantastique de pouvoir redescendre avec ce matériel ».

L‘Antarctique pour bientôt

Après cette troisième tentative de l’Everest, Louis Jammes a d’autres « projets excitants » dans son paquetage. « La liste des endroits où j’ai envie d’aller est interminable. Il y a toujours un nouveau truc. Et même quand on repasse au même endroit, c’est différent. Là, j’ai bon espoir d’aller en Alaska au mois de juin. J’envisage aussi de pouvoir aller en Antarctique au mois de décembre. Ce n’est pas encore fait mais j’ai hâte », affirme Louis qui aura bientôt coché les six continents à son palmarès.

L’itinéraire plus que le sommet

Ce regard montre aussi la difficulté d’arpenter de tels monstres aux allures de carte postale. « On a souvent tendance à valoriser le sommet. Mais le plus intéressant reste l’itinéraire pour l’atteindre. On a beau l’avoir déjà fait, c’est à chaque fois différent, ne serait-ce que par les personnes qui nous accompagnent. Certes maintenant je connais le chemin de la voie Sud, les difficultés, ce que mon corps peut encaisser… J’ai également moins le stress d’atteindre le sommet comparé à la première fois où on sait pas si on pourra y retourner un jour. Il reste toutefois une petite appréhension et c’est une bonne chose. » La visibilité acquise ouvre de magnifiques opportunités. Le coût très élevé de l’Everest (40 000€ à minima, plus de 100 000€ dans certains cas) implique souvent des personnes à fort pouvoir d’achat. Certains d’entre eux veulent s’offrir de beaux souvenirs. Et Louis Jammes fait désormais partie des meilleurs dans ce domaine.

Des interventions dans les lycées

Ce vendredi 11 avril, deux jours avant de reprendre l’avion pour le Népal, Louis Jammes est intervenu au lycée Étienne-Restat à Sainte-Livrade ainsi qu’au lycée Lot-et-Bastides à Villeneuve dans le cadre d’un partenariat avec Radio 4. Un bon moyen de garder contact avec ce territoire. « J’ai toujours plaisir à revenir même si je cours aux quatre coins du monde le reste de l’année », concède-t-il.

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