
Que la lumière soit ! Et la lumière fut… Si chacun se fera un avis sur une éventuelle intervention divine, la science a réalisé son propre miracle en transformant les rayons UV en électricité. À ce jeu-là, une entreprise lot-et-garonnaise brille particulièrement. Il s’agit de Reden Solar, ou plus simplement abrégé Reden. Il y a tout juste un an, l’emblématique dirigeant Thierry Carcel a laissé sa place à un nouveau « CEO » en la personne de Franck Demaille. Après une quinzaine d’années chez Engie dont une grande partie à l’international, cet ingénieur de formation a pris les rênes de cette PME avec une feuille de route très claire : booster la croissance à des niveaux encore jamais atteints. « Il n’y a pas de rupture ou de révolution par rapport au travail de mes prédécesseurs depuis 2009. Seulement la volonté d’asseoir notre position en Europe et de concrétiser les nombreux projets élaborés ces dernières années », confie Franck Demaille. Entre nouvelles infrastructures sur le site historique de Roquefort, recrutements, ouverture aux investisseurs et spécialisation, la stratégie déployée doit faire de Reden un pilier de la transition énergétique.
Une spectaculaire ascension en Europe

Un chiffre permet d’illustrer les ambitions du groupe : 6 GW. C’est la puissance électrique que Reden entend mettre en route à l’horizon 2030 (incluant les unités construites ou prêtes à construire dans les deux ans). C’est six fois plus qu’à l’heure actuelle ! Toujours pour donner un ordre de grandeur, l’ensemble du parc nucléaire français est à 63 GW. Plutôt pas mal pour une structure née il y a une quinzaine d’années dans un petit coin du Sud-Ouest et qui emploie 300 collaborateurs (ils étaient encore 120 il y a trois ans). Cette spectaculaire ascension dans le mix énergétique ne se fera pas uniquement dans l’Hexagone. Déjà présent dans de nombreux pays, Reden renforce ses positions chez nos voisins. « Depuis trois ans, l’Italie représente un gros marché pour nous grâce à la direction très claire des pouvoirs publics. 28 de nos salariés sont là-bas dans l’une de nos filiales, et ils seront bientôt entre 40 et 50 », glisse le grand patron. Pour fêter ça, quoi de mieux que l’inauguration d’une grande centrale dans la ville de Codroipo, sur la friche d’une ancienne poudrière consacrée à la production de munitions. Quand la guerre laisse place au vert… Reden compte aussi se développer encore un peu plus en Allemagne très prochainement. « Le marché français est en forte croissance et on y prend notre place. On attend une multiplication par deux ou trois des énergies renouvelables dans les prochaines années. On veut aller encore plus vite que ça », sourit Franck Demaille.
L’ouverture aux investisseurs


Cette croissance accélérée a été rendue possible par un petit changement de paradigme au sein du groupe. Jusque-là, Reden opérait seul sur l’ensemble de la chaîne de valeur du solaire. Choix du foncier, études de faisabilité, construction, opération, maintenance et même le financement. « Désormais, nous nous ouvrons à des investisseurs. Là où nous détenions 100% de nos centrales, d’autres partenaires sont maintenant intégrés au montage à hauteur de 49%. On a signé récemment avec la Caisse des dépôts et consignations en ce sens. Notre boulot d’industriel reste le même, avec un effet de levier supplémentaire pour monter deux fois plus de dossiers. Le même modèle est aussi à l’étude en Espagne », détaille Franck Demaille.
L’agrivoltaïsme, une marque de fabrique
Si les types de projets et leur dimensionnement étaient très variables jusqu’ici, Reden tend à se spécialiser. « On va concentrer nos forces là où on fait vraiment la différence, la reconversion des friches et l’agrivoltaïsme, que ce soit par des centrales au sol ou des serres », précise le PDG. Ce second domaine est même devenu une marque de fabrique des Lot-et-Garonnais. En relation directe avec les paysans et certains organismes agricoles, Reden conçoit des installations adaptées pour chaque type de culture, de l’élevage à l’horticulture. « On s’assure par exemple que la qualité de vie des bêtes soit la même qu’auparavant, sans impact sur la reproduction ou le rendement laitier. Idem pour la croissance des végétaux avec des ajustements lumineux très précis. »
Les avantages de cette énergie verte

À côté de ça, l’entreprise roquefortaise continue de contractualiser avec de très, très gros clients, à l’instar de la SNCF, des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), des grands groupes de luxe… Autant d’entités très consommatrices qui souhaitent incorporer plus d’énergie verte dans leurs pratiques. « La nature et la taille de nos centrales possèdent plusieurs avantages. Le prix de l’électricité produite en premier lieu. C’est moins cher que l’éolien et que les petites installations solaires plombées par les coûts de raccordement au réseau. Dans les énergies renouvelables, seul l’hydroélectrique fait mieux mais il est impossible de construire de nouveaux barrages. Nos délais de développement, entre l’idée de départ et la mise en service, sont certes de 7 à 8 ans mais c’est bien pire pour l’éolien. Au final, nous représentons une bonne solution pour de l’énergie pas chère et bas carbone, même s’il faut un mix diversifié », estime Franck Demaille.
L’arrivée prochaine des batteries //
Parce que l’innovation est un leitmotiv chez Reden, de nouvelles solutions techniques sont en cours de développement. L’arrivée prochaine des batteries sur le marché pourrait donner encore plus de poids à Reden dans le domaine des ENR. Les batteries vont permettre de stocker une certaine quantité d’électricité pour la distribuer en diff éré sur le réseau. Une façon de rendre pilotable une source d’énergie qui ne l’était pas. Reden va pouvoir les installer sur ses propres centrales mais aussi les déployer ailleurs.
Reden ne se projette pas uniquement à l’export. Le groupe garde aussi les yeux rivés sur son QG lot-et-garonnais. Le siège à Roquefort abrite 120 des 300 collaborateurs. Et les recrutements se poursuivent. Un service dédié à la préservation de la biodiversité y est implanté avec 25 personnes. « C’est un vrai investissement humain pour nous, en complément de nos équipes d’ingénierie », note le CEO. Ce site agenais a par ailleurs été agrémenté d’une ligne de production flambant neuve, moyennant 4,5 M€. « Notre ligne historique arrivait en fi n de vie si l’on considère les évolutions technologiques de notre métier. Elle a donc été démantelée au profit de la nouvelle qui est opérationnelle depuis l’automne dernier. Cette dernière ne peut pas produire pour l’intégralité de nos centrales mais elle a tout de même la capacité de monter jusqu’à 300 000 panneaux par an. Il s’agit d’une part d’avoir un outil industriel français pour garantir notre souveraineté. On peut aussi faire les petites séries que les fournisseurs asiatiques ne font pas forcément. Enfin, c’est un bon moyen de mettre à l’épreuve notre matériel par rapport à ce qui se fait ailleurs, de voir sa durée de vie, sa maintenance. Comme c’est nous qui définissons le cahier des charges très précis de nos sous-traitants, c’est une très bonne chose d’avoir une partie de la production en local », assure Franck Demaille. Dans le Marmandais, à Samazan plus exactement, Reden possède également un terrain de jeu propice à l’expérimentation : « C’est un laboratoire d’innovation où on essaie plein de choses avec des prises de mesures in situ. Les simulations sur le papier ne font pas tout. On veut que nos centrales soient les plus vertueuses possible. »
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