ARCHIVES : ces hôtels qui ont gravé Agen dans la pierre

En dehors de l'hôtel de ville, Agen a vu passer bien des hôtels, autant dans la dénomination que dans la fonction. Souvent merveilles d'architectures, les édifices qui ont accueilli ces établissement sont majoritairement encore sur pied. Seul leur usage a changé de nos jours.

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L’hôtel Escouloubre, l’élégance d’un autre siècle au cœur d’Agen

À quelques pas de l’agitation du centre-ville, il trône là, discret mais imposant, l’Hôtel Escouloubre. Bien avant de devenir le somptueux édifice qu’il est aujourd’hui, ce terrain accueillait le couvent des Minimes, un ordre religieux mendiant soutenu jadis par Louis XI. Abandonné par les moines en 1773, le site est alors racheté aux enchères par l’aîné des frères Pélissier, banquier influent et figure du commerce agenais. Il y fait construire, pour la coquette somme de 100 000 livres, un hôtel particulier dessiné par l’architecte Leroy, le même à qui l’on doit le palais épiscopal, aujourd’hui préfecture. Derrière son portail orné de pilastres et ses toitures à la Mansart, l’Hôtel Escouloubre impressionne : façade arrière sur parc somptueux, escalier admiré des connaisseurs, balcon Louis XVI et volumes harmonieux. Demeure de la famille Pélissier jusqu’aux années 1930, il entre ensuite dans la lignée du marquis d’Escouloubre par le biais d’un mariage arrangé en dot. En 2023, l’histoire boucle une nouvelle boucle : la Ville d’Agen hérite de l’édifice, grâce à un legs d’Henriette Couderc, sa dernière propriétaire. Mais déjà, dans les couloirs de la mairie, son avenir se discute : faut-il le vendre ou non ? Le destin d’un joyau discret.

L’hôtel de Bordeaux – hôtel Jasmin

Voilà deux établissements emblématiques presque totalement oubliés aujourd’hui. Pourtant, ces deux hôtels ont occupé pendant des décennies des emplacements particulièrement stratégiques en ville.
Le premier, dit de Bordeaux, se trouvait à proximité immédiate de la statue de Jasmin, à l’emplacement actuel du restaurant Jules & John. L’établissement exploitait le rez-de-chaussée comme restaurant, tandis que les étages étaient réservés aux différentes chambres. Vous remarquerez qu’à l’exception de certaines couleurs, la façade n’a pas tant changé que cela aujourd’hui. Les dernières rénovations, opérées par la municipalité il y a deux ans, visaient d’ailleurs à préserver son style désormais pluricentenaire.

De l’autre côté du centre-ville, et comme son nom ne l’indique pas, se dressait l’hôtel Jasmin… juste en face de la gare. Son histoire est indissociablement liée à celle du boulevard Scaliger, inauguré en 1882. Cet axe facilitait l’accès à la gare depuis les deux principales entrées de la ville : la porte du Pin et la place Jasmin. En particulier, il favorisait la circulation entre les hôtels et auberges de la place Jasmin et les quais de la gare. Avec ces transformations, les circuits de diligences ont peu à peu disparu.
Au fil des années, un nouvel édifice, le Jasmin, a été construit face à la gare, à l’angle de la paroisse Sainte-Foy, où il est resté en activité jusqu’à sa fermeture au cours du siècle dernier.

Ces hôtels nichés dans les pierres du musée

Derrière ses portes discrètes de la rue des Juifs, le musée des Beaux-Arts d’Agen cache un trésor à ciel ouvert : un enchevêtrement d’hôtels particuliers, témoins silencieux des grandes heures de la cité. Fondé en 1876, il s’étend aujourd’hui sur un ensemble de quatre demeures nobles bâties entre la fin du Moyen Âge et la Renaissance. L’hôtel d’Estrades, sans doute le plus prestigieux, fut la propriété d’une puissante lignée dont l’un des membres, Godefroy, fut diplomate au service de Louis XIV. Racheté par la ville au XVIIe siècle, il devient la « Maison du Roi » avant d’accueillir un temps l’hôtel de ville. Plus modeste mais non moins remarquable, l’hôtel de Vaurs impressionne par sa façade finement sculptée et son escalier en vis, bijou des années 1530. L’hôtel de Vergès, transformé au XIXe siècle en prison, conserve lui aussi des trésors d’époque : frise Renaissance, arcades sculptées, et porche élégant. À cet ensemble s’ajoute l’hôtel de Monluc, acheté en 1971 par la Ville, dont l’histoire se lit comme un roman. D’abord propriété de Diane de Poitiers, puis du redouté maréchal Monluc, il a vu passer Catherine de Médicis et Charles IX. Avec ses tourelles, ses escaliers en colimaçon et ses baies gothiques, il offre au musée un cadre aussi prestigieux que pittoresque.

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