
Officiellement, le rapport « Agen 2032 » se veut un document de prospective, destiné à « réévaluer les priorités » de la ville après plus d’une décennie d’évolution urbaine et sociale. Une longue étude qui sera présentée ce mercredi soir aux citoyens agenais aux Montreurs d’Images. Mais pour le groupe d’opposition « Agen 2026, la Gauche unie », ce texte, remis par un cabinet d’experts pour un montant de 93 000 euros, sonne plutôt comme un « inventaire implacable des carences accumulées pendant les trois mandats du maire sortant ». Derrière la forme policée du rapport, l’analyse livrée par les experts est qualifiée par le collectif d’ »accablante ». Et l’ambiguïté du préambule n’échappe pas aux opposants : « Une manière maladroite d’éviter l’évidence : Agen 2030 sera resté lettre morte, et les défis identifiés en 2018 n’ont pas été relevés », témoignent-ils.
Un tableau sombre des politiques passées
De nombreuses fragilités sont soulignées, le groupe les résume comme « 63 pages de constats d’échec ». Il y est question d’un « manque de vision, d’anticipation et de méthode », avec des problématiques récurrentes : attractivité en berne, gouvernance contestée, insuffisance des services de santé, isolement des jeunes, dégradation de la voirie, et absence de réponses concrètes sur les mobilités douces ou la petite enfance. Autre point de crispation : les indicateurs de confiance des habitants. Le rapport note une chute de 15 points du sentiment de satisfaction entre 2018 et 2025. Une situation qui, selon les opposants, traduit un véritable « désaveu pour l’équipe municipale sortante, qui a pourtant fait de l’attractivité son leitmotiv ».
En décalage avec les scénarios proposés

Le collectif revendique également une démarche participative parallèle, « sans que celle-ci ne coûte un centime au contribuable », soulignant qu’il a lui aussi mené une consultation auprès des Agenais. Résultat : « Les contributions citoyennes recensées dans le rapport plaident pour une autre voie », estiment-ils. Parmi les demandes exprimées, les opposants relèvent « une ville plus solidaire, inclusive et intergénérationnelle », un « réseau cyclable continu et sécurisé », ou encore une meilleure offre de logements et une « redynamisation des événements culturels ». Des attentes qui rejoignent, selon eux, les orientations défendues par leur propre projet pour 2026.
Des scénarios « hors sol » ou « déconnectés » ?
Le rapport conclut en proposant trois « futurs possibles » pour Agen à l’horizon 2032 : un modèle sobre et résilient, un scénario entrepreneurial et connecté, ou encore une projection plus résidentielle et périphérique. Des choix que le groupe d’opposition ne valide pas, estimant qu’ils traduisent une impasse stratégique. « Le premier scénario est en réalité celui d’une éco-anxiété qui ne dit pas son nom », jugent-ils. « Le deuxième, celui d’une ‘start-up city’ qui aurait vocation à se développer sans eux, voire contre eux. » Quant au troisième, il serait « le scénario de l’isolement. C’est celui d’une ville-dortoir ‘périphérique’ ». A voir ce qu’en penseront les principaux acteurs du rapport ce soir. Et si, d’ici 2026, les propositions concrètes prendront le pas sur les constats. Pour l’instant, la bataille se joue moins sur l’avenir qu’autour d’un passé encore très présent dans les esprits.
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