LGV : la ligne Agen-Auch rêve de renaissance ferroviaire

Entre aspirations écologiques, innovations technologiques et volonté de désenclaver le territoire, le projet de réouverture ligne Agen-Auch cherche ses rails.

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À l’heure où le tout-voiture semble battre de l’aile, une ligne de train oubliée du Sud-Ouest pourrait bien retrouver un second souffle. Fermée aux voyageurs depuis 1970, et au fret depuis 2016, la liaison ferroviaire Agen-Auch, longue de 69 kilomètres, fait l’objet depuis quelques mois de toutes les attentions. Pour comprendre, la future LGV Bordeaux-Toulouse, qui devrait être mise en service en 2032, va dégager de la place sur les rails, ouvrant ainsi la voie à une possible renaissance des anciennes lignes locales. C’est ainsi qu’un projet de réhabilitation a commencé à se préciser. Depuis janvier, les agglomérations d’Agen et d’Auch, ainsi que la communauté de communes de la Lomagne gersoise, ont lancé une étude conjointe avec les ingénieurs du Cerema pour évaluer la faisabilité d’une remise en état de la ligne.

Mais la réouverture envisagée ne ressemblera en rien au rail d’antan. Henri Tandonnet, vice-président de l’Agglo Agen, parle même d’une « révolution tranquille » : « Ces trains-là n’ont plus grand-chose à voir avec ceux d’hier. Ils sont petits, légers, parfois sans conducteur, et s’apparentent plus à des tramways ruraux. » Des engins électriques, dotés de batteries et de capteurs, capables d’anticiper les passages à niveau et de s’arrêter face à un obstacle. L’enjeu est aussi économique : ces trains autonomes nécessitent des infrastructures allégées, moins coûteuses à remettre en service.

La CGT émet ses propositions

Mais ce virage technologique ne fait pas oublier les revendications sociales et écologiques. La CGT Cheminots milite activement depuis 2021 pour une relance complète de la ligne, avec une double ambition : rouvrir aux voyageurs, mais aussi au fret. « On ne peut pas demander aux Gersois de rester dans le bus pendant qu’on construit des lignes à 14 milliards d’euros ailleurs », s’insurgeait en conférence de presse Victor Guerra, secrétaire général des cheminots du Lot-et-Garonne.

Et les arguments chiffrés ne manquent pas. En 1985, la ligne permettait de transporter jusqu’à 247 500 tonnes de marchandises par an, soit l’équivalent de 6 500 camions. Un retour du fret réduirait drastiquement le trafic poids lourds sur la RN21. Côté passagers, plus de 50 000 usagers empruntent déjà chaque année les bus qui remplacent le train. La CGT propose un scénario de modernisation complète des voies, incluant la réouverture des gares intermédiaires comme Layrac ou Astaffort. Le coût ? Entre « 128 et 256 millions d’euros » selon elle, soit à peine 2 % du budget de la LGV du Grand Projet Sud-Ouest. Dans cette optique, une « Marche du rail » est en préparation. L’idée ? Parcourir à pied ou en courant le tracé de la ligne, pour alerter l’opinion publique et mobiliser les élus.

Une étude de faisabilité en 2026 //

Récemment, les partenaires institutionnels et techniques ont tenu un comité de pilotage pour affiner les contours du projet. Il est désormais officiel que l’étude de faisabilité ne sera engagée qu’en 2026, précédée par une étude d’opportunité jugée indispensable par le Cerema, organisme public en charge de l’expertise technique. Celle-ci devra évaluer la demande de mobilité locale, la fréquence possible des trains et le potentiel de report modal, notamment en lien avec la future gare TGV d’Agen. Cette approche vise à mieux cerner les usages attendus avant de chiffrer les travaux, d’autant que les anciennes études, datant d’une dizaine d’années, ne sont plus jugées exploitables. Le matériel envisagé repose sur des trains légers, adaptés aux courtes distances et au micro-fret. L’étude d’opportunité s’étendra jusqu’à l’automne 2025, avec un premier retour sur le modèle économique dès juillet.

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