
Mauricio Reggiardo annonce déjà la couleur ! Cette attitude déterminée, il la met en contraste avec son état d’esprit lorsqu’il a quitté Agen en 2019. « À ce moment-là, j’étais vidé. L’année de la montée en Top 14 avait été facile. Les deux suivantes, avec la lutte pour le maintien, ont été plus compliquées. Quand tu joues 26 matchs dans l’année et que tu en perds 17, tu vis 17 semaines de déception et de frustration. Je ne me voyais pas repartir une saison de plus comme ça. » En remettant les compteurs à zéro pour cette seconde aventure agenaise, et après un exercice plutôt serein avec Provence Rugby, le nouveau manager suaviste arrive avec les batteries bien rechargées. Son contrat s’étend jusqu’en 2028.
Un rendez-vous manqué en 2024 //
Si Sébastien Calvet avait été présenté comme l’homme de la situation la saison dernière, il semble finalement qu’il n’était déjà pas le premier choix à l’époque. Le président Jean-François Fonteneau a en effet révélé que le retour de Reggiardo « aurait pu arriver un peu plus tôt ». Lorsque Bernard Goutta a quitté ses fonctions, l’Argentin avait été pisté. Mais ce dernier avait donné son accord à Provence pour une année de plus. Les grandes retrouvailles ont donc été différées. L’affaire a pris un tournant très sérieux lors d’une rencontre en février dernier.
Le point sur les finances //

Le président Fonteneau a révélé quelques chiffres clés. La masse salariale a été légèrement augmentée. Elle devrait être de l’ordre de 5 M€ (avec charges), ce qui la place une nouvelle fois dans le top 5 du championnat. « Par rapport à nos objectifs, il fallait remettre de l’énergie sur certains postes », explique-t-il. Le budget global va, quant à lui, diminuer, passant de 13 M€ à un peu moins de 12,5 M€. Sébastien Calvet et son adjoint Adel Fellah ne seront plus là physiquement mais pèseront bel et bien dans les comptes du club après la rupture de leur CDD. « Être 14ème du championnat ou avoir 90% des joueurs n’ont pas forcément envie de bosser avec toi, ce n’est pas une faute grave », déclare Jean-François Fonteneau. La seule option pour ne pas payer l’intégralité des traites restantes reste donc l’accord de gré à gré. « S’ils ne sont pas là, c’est que l’on a trouvé un accord pour éviter le bras de fer. C’est une décision difficile humainement et économiquement. Je crois néanmoins que pour le club, sa continuité et ce que l’on veut mettre en place, il fallait prendre cette décision. » Le cas Vincent Farré se présente plus délicatement.
La qualité du staff et de l’effectif //
En arrivant à la tête du sportif, Mauricio Reggiardo retrouve des garçons qu’il avait déjà appris à connaître. Dave Ryan sera en charge de la défense et de la mêlée. Rémi Vaquin mènera la touche et les ballons portés offensifs. Un avantage ? « Bien sûr. Après, ce que je découvre, ce sont des compétences nouvelles. Ça travaille bien, ça travaille costaud », assure le manager. Son nouvel entraîneur des arrières et plus généralement de l’attaque, Guillaume Jan, en provenance de Nevers, bénéficie lui aussi d’une appréciation très positive : « C’est un putain de coach (sic) ! » Mauricio Reggiardo se sent ainsi « rassuré » par le staff qui l’accompagnera cette saison.
Entre les prestations réalisées en 2024-25 et le peu de recrues, six seulement, l’effectif est-il taillé pour jouer la première partie de tableau ? Le président suffisamment « qualitatif » pour rendre le SUA LG « compétitif ». Idem pour le nouveau manager, conforté par l’avis de ses anciens adjoints, qu’il avait pris la peine de consulter avant de partir, sur ce groupe.
Quels objectifs ? //
Dire que la saison passée fut une souffrance est un doux euphémisme. La faible différence de points entre la 14ème et la 8ème place (5 points) ne suffit pas à réécrire l’histoire : le SUA LG s’est fait très peur jusqu’à la dernière journée. Un calvaire que les dirigeants (comme les supporters) ne veulent surtout pas revivre. « Notre but est de sécuriser notre situation le plus rapidement possible », confie Jean-François Fonteneau, soucieux de ne pas répéter les mêmes erreurs au niveau de la communication. « Il y a un an, quand le manager et les joueurs ont annoncé le top 6, j’ai dit « attention, c’est très ambitieux ». Il fallait assumer et on a vu les choses se déliter. Ces dernières années, le club a connu des fractures douloureuses, la descente en 2007, le yoyo, la saison maudite pendant le Covid… Arrêtons de nous prendre pour d’autres. » Prudence donc pour l’exercice à venir. Mauricio Reggiardo se veut pour sa part très terre-à-terre. « Une équipe qui a souffert ne veut pas revivre ça. La pression, elle est déjà là. On va la transformer en motivation. Avant de parler de classement, il faut retrouver le plaisir de gagner un match et d’enchaîner avec une série de victoires. La qualité du contenu et ces victoires créeront un environnement plus favorable, de la sérénité et de l’unité. Il n’y a pas de vérité préétablie mais chaque semaine doit amener un petit plus par rapport à la précédente. Il faut éviter de baisser le seuil d’exigence ou de rigueur après un succès. » Si les résultats comportent toujours une part d’incertitude, le manager attend de ses troupes « le SMIC d’une équipe de rugby », c’est-à-dire de « mettre un gros combat tous les week-ends ».
La préparation estivale //
Les joueurs, qui ont déjà retrouvé le chemin de l’entraînement, vont suivre une préparation de 4 semaines. Les entretiens individuels s’étaleront sur les quinze prochains jours. La prépa s’achèvera par cinq jours de stage du 14 au 18 juillet, à Tarbes pour la partie rugby et auprès du 48ème RT pour la cohésion. Deux matchs amicaux, même si Mauricio Reggiardo condamne cette appellation, seront programmés. Le premier se déroulera à Casteljaloux le 8 août contre Colomiers, une équipe joueuse. Le 15 août, déplacement à Carcassonne, plutôt réputée pour sa conquête et sa combativité. Cette période de pré-saison servira également à définir « un groupe de 5 joueurs leaders », dont trois choisis par le staff. Arnaud Duputs et Peyo Muscarditz en feront assurément partie. Valentin Gayraud n’est pas loin non plus. « On sera intransigeants sur les valeurs de comportement que les joueurs devront montrer à chaque fois qu’ils entrent sur le terrain », prévient Mauricio Reggiardo.
Formation : l’avis de Jean-François Fonteneau //
L’équipe professionnelle d’un côté, l’association de l’autre ? Ce n’est pas l’avis de Jean-François Fonteneau. « La partie pro est solidaire de l’association et s’en porte caution tant économiquement que structurellement », avance-t-il, soulignant les nécessaires vases communicants pour mener à bien un « plan de succession cohérent ». Alors que Karim Mobarak, dont il est proche, avait fait acte de candidature pour le poste de président, Jeff Fonteneau lui a demandé de se retirer devant l’ampleur des polémiques devenues « politiques ». « Karim s’est retrouvé dans une tourmente malgré lui… » Le nom pour lequel il milite désormais est celui de Thierry Aviano, le même qui avait annoncé sa démission il y a peu. Après le redressement des comptes, la volonté de continuité est affirmée. La venue des entraîneurs Nicolas Deltour et Julien Gracia chez les Espoirs, sous la houlette de Quentin Béthune, est bouclée à « 90% ». Le grand patron du Sporting souhaite aussi replacer Agen à sa vraie place dans la hiérarchie des centres de formation français. « Il faut être conscients que les 30 clubs professionnels ont tous des centres de formation, certains avec des potentiels de population 5 fois supérieur à l’agglo d’Agen. On ne peut pas non plus empêcher les gamins de 14-15 ans de céder aux sirènes bordelaises ou toulousaines. Il faut avoir conscience de cela. »
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