Agroalimentaire : des innovations scientifiques et commerciales autour de la noisette

La coopérative Unicoque, sa marque commerciale Koki et l’Association nationale des producteurs de noisettes ont inauguré des installations prometteuses pour leur avenir.

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« Notre filière traverse des révolutions. Ces derniers mois, on a surtout fait parler de nous pour les difficultés que l’on rencontre. Mais ce n’est pas pour autant que nous ne devons pas aller de l’avant. » C’est avec un ton résolument optimiste que Thierry Descazeaux, le président de la coopérative Unicoque, a levé le voile sur deux nouvelles installations au siège de Cancon, en partie financées par l’État et la Région. La première s’appelle Koki Shop. Un habile jeu de mots pour désigner un nouvel espace, non pas destiné à prendre une pause caféinée, mais dédié à la valorisation des fruits à coque. « C’est un atelier au sein duquel nous allons élaborer et développer de nouveaux produits transformés et leur packaging, avec des partenaires comme Lucien Georgelin », précise Thierry Descazeaux. L’objectif est également d’imaginer des leviers supplémentaires de commercialisation et de distribution, comme avec Codia 47. « Ce Koki Shop est le fruit d’un travail long de 3 ans », révèle le président de la coopérative. Près de 870 000 € ont été investis dans ce projet qui doit ouvrir de nouvelles perspectives pour la marque commerciale d’Unicoque.

Élevage de parasitoïdes

Mais ce n’est pas tout. Un million d’euros supplémentaire a été injecté dans une plateforme de recherche et développement très pointue. Comme cela a déjà été évoqué à maintes reprises, la culture de la noisette est menacée par la prolifération de ravageurs, en particulier la punaise diabolique. La récolte 2024 n’a été exploitable qu’à 10%, au point de menacer l’ensemble de la filière. Les producteurs ont sonné la révolte en revendiquant le droit d’utiliser à nouveau l’acétamipride, un produit phytosanitaire de la famille des néonicotinoïdes (voir ci-après). L’avenir ne pouvant pas se jouer uniquement sur la lutte chimique, les acteurs de la noisette ont pris les devants avec des expérimentations sur des méthodes alternatives de « biocontrôle ». Il s’agit de miser sur les mécanismes naturels et les interactions entre les espèces. Un bâtiment abritant les bureaux d’Unicoque a été rehaussé d’un étage. On y trouve désormais le laboratoire de l’ANPN. L’Association nationale des producteurs de noisettes mène des recherches scientifi ques de pointe et entrevoit déjà des pistes très prometteuses. « La première étape consiste à trouver des parasitoïdes sur le territoire », explique Maud Thomas, docteure-ingénieure et directrice de l’ANPN. Un parasitoïde est un organisme vivant qui va, dans le cas présent, se charger d’anéantir la punaise diabolique et son cycle de reproduction. Les minuscules guêpes trissolcus mitsukurii et trissolcus japonicus sont d’excellentes candidates. « Nous avons commencé l’élevage, en parallèle de celui des punaises, et l’étude de son acclimatation, des bons paramètres pour les lâcher, à quel dosage et à quelle fréquence… » poursuit Maud Thomas, accompagnée de Tom Villain, chef de projets R&D en lutte biologique. Ces travaux prendront plusieurs années avant d’aboutir à une solution opérationnelle. Il faudra par ailleurs des subventions car donner naissance à une seule de ces guêpes coûte à l’heure actuelle 3€. Mais l’étincelle est bien là et porteuse d’espoir à long terme.

Vers une autorisation de l’acétamipiride ?

Malgré tous leurs efforts, les acteurs de la noisette ne pourront pas se permettre d’attendre que leurs solutions de biocontrôle puissent être utilisées à grande échelle. Ils ont urgemment besoin que l’arme la plus efficace à ce jour pour lutter contre les ravageurs, l’acétamipride, soit à nouveau autorisée. Approuvée au Sénat avant d’être rejetée à l’Assemblée, la proposition de loi Duplomb passe cette semaine en commission mixte paritaire avant de retourner au Parlement pour un ultime vote. La députée RN Hélène Laporte affirme avoir « bon espoir de trouver une majorité dans les deux chambres ».

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